Les premières estimations des moissons 2020 sont alarmantes. Les remontées du terrain confirment les chiffres diffusés par Agreste, et traduisent une situation extrêmement préoccupante.
En blé tendre et en orge les pertes de rendement sont très importantes, de 20 à 30% selon les régions. La récolte de blé serait ainsi la 2ème plus faible en volumes depuis 2004, après celle de 2016 !
Les oléagineux présentent également de fortes baisses de volumes, pour la 3ème année consécutive, cumulées à une baisse très préoccupante des surfaces passant de 1,5 à 1,2 millions d’hectares en 1 an. Les impasses techniques pour la protection contre les ravageurs dissuadent en effet toujours plus les cultivateurs, et risquent de faire passer en-dessous du million d’hectares la sole en colza, mettant en péril les industries de transformations et l’approvisionnement en tourteaux de colza pour l’élevage.
En betteraves, les baisses de surfaces vont se cumuler à des rendements qui sont attendus en chute libre, de l’ordre de 40 à 50%, en raison notamment des attaques massives de pucerons incontrôlables faute de solutions phytosanitaires. C’est l’avenir de l’industrie sucrière qui est en jeu et la porte ouverte aux importations massives de sucre de pays européens qui eux ont dérogé à l’interdiction des néonicotinoïdes face à l’urgence sanitaire et au risque économique pour la filière.
A cela s’ajoute le contexte climatique : difficultés de semis de l’automne, hiver exceptionnellement pluvieux, sécheresse printanière…
Le Bureau de la FNSEA tire la sonnette d’alarme et alerte le Gouvernement !
Rappelons que vendredi dernier la Commission des comptes de l’agriculture mettait en évidence une baisse du résultat net de la Ferme France de près de 10% en 2019. La baisse de la valeur ajoutée brute s’observe dans 8 Régions sur 13, et le déficit commercial se creuse sur de nombreuses productions, jusqu’à moins trois milliards d’euros sur les fruits.
Face à cette situation qui aura des conséquences dramatiques pour le revenu des agriculteurs, la FNSEA appelle à une réaction urgente pour remettre l’agriculture française sur les rails de la croissance et de la compétitivité.
Le Plan de relance est une réelle opportunité pour s’engager dans cette voie. Le Gouvernement doit positionner l’agriculture et accompagner l’investissement, la recherche et l’innovation, par des moyens suffisants.
A défaut, ce sera la poursuite de l’affaiblissement de la souveraineté alimentaire française et une plus forte dépendance aux importations, alors que 9 français sur 10 expriment après le CoVid leur volonté d’une alimentation plus locale.
Il est temps de concrétiser la dynamique lancée par le gouvernement en 2019 avec le « Pacte productif » pour le plein emploi, le développement de l’industrie et de l’agriculture en France.
Alors que la crise du CoVid-19 a replacé l’enjeu de la souveraineté sur les besoins essentiels que sont la santé et l’alimentation, le Plan de relance économique ambitieux préparé par le gouvernement doit pleinement intégrer l’agriculture.