Le SIA est officiellement reporté en 2022. Quelle est votre première réaction ?
Jérôme Despey : C’est un vrai crève-cœur pour les organisateurs et pour l’ensemble de la profession agricole que de ne pas pouvoir tenir l’édition 2021 de ce salon. En effet, ce rendez-vous annuel est très important pour mettre en lumière nos territoires, nos productions, nos terroirs et pour dialoguer avec les citoyens. Maintenant, le contexte sanitaire ne donne aucune perspective pour permettre d’accueillir en toute sécurité 5 000 exposants et plus de 50 000 visiteurs par jour. Il n’était et il n’est pas envisageable de faire prendre un quelconque risque.
Malgré tout, avez-vous un moment songé à le maintenir ?
JD : Oui. Au mois de juillet et en août, quand nous avons vu la situation sanitaire s’améliorer, nous avons vu l’espoir renaître. Puis à la fin de l’été quand les premiers symptômes d’une reprise de la pandémie se sont fait sentir, nous avons envisager plusieurs scénarios possibles. Puis nous nous sommes rendus à l’évidence que resserrer ou amoindrir le format du Salon posait un problème de modèle économique. Nous étions également face à un point de non-retour au-delà duquel les exposants et les organisateurs ne pouvaient plus s’engager financièrement. Compte tenu des contraintes administratives imposées, en particulier des jauges à 1 000 personnes et eu égard à l’essor de la pandémie, la décision qui a été prise est un choix de responsabilité qui préserve au mieux les intérêts de chacun.
Le Salon est un lieu important de rencontres et d’échanges entre les Français et l’agriculture. Comment allez-vous faire perdurer ce lien, et le cultiver en 2021 ?
JD : Nous avons la volonté de faire vivre l’agriculture d’une autre manière pendant la semaine du Salon. Nous réfléchissons à créer des événements à Paris et en province. Tout d’abord, le Concours général agricole (CGA) est maintenu. Il ne se déroulera pas Porte de Versailles comme à l’accoutumée, mais sera décentralisé dans quatre villes de province qui restent encore à déterminer. Les sites retenus feront l’objet de toutes les attentions : ils seront accessibles et sécurisés. Maintenir le CGA est important pour les producteurs et les viticulteurs. Les médailles qu’ils obtiennent sont non seulement un gage de qualité mais leur permettent aussi d’accroître substantiellement leur chiffre d’affaires.
Qu’en est-il du concours des animaux ?
JD : Malheureusement pour des problèmes matériels et logistiques, il n’est pas possible de le maintenir pour l’année 2021 et il est reporté en 2022.
Par quels moyens le grand public pourra-t-il rencontrer les agriculteurs ?
JD : La FNSEA, JA et l’APCA réfléchissons ensemble avec la mairie de Paris à organiser des marchés qui mettraient en avant les lauréats du CGA. Ces marchés dont les lieux restent à définir, se dérouleraient sur la même période que le Salon, c’est-à-dire du 27 février au 7 mars. L’objectif est de favoriser le dialogue entre les agriculteurs/producteurs et les Français en mettant en avant nos produits, nos terroirs, nos territoires et ceux qui les font vivre. Nous réfléchissons aussi à initier un colloque autour du thème de la souveraineté alimentaire. Ce colloque pourrait se tenir en présence du chef de l’Etat. On sait combien les présidents et les hommes politiques sont attachés à l’agriculture et au Salon. Nous nous retrouverons Porte de Versailles en 2022.