N°22 – Semaine du 16 novembre 2020
FÊTES DE FIN D’ANNÉE : L’APPEL DE LA FNSEA AU « PATRIOTISME GASTRONOMIQUE »
Face à une période de fête qui s’annonce particulière, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) lancent un appel national pour promouvoir les produits Origine France, avec un mot d’ordre : « ensemble » ! Ensemble avec les restaurateurs. La FNSEA et JA sont, en effet, solidaires des restaurateurs et appellent à la réouverture rapide de leurs établissements, dès que les conditions sanitaires le permettront, pour éviter une « catastrophe complète » que se soit pour ces professionnels mais aussi pour les nombreuses productions agricoles qui dépendent de ces débouchés. Ensemble avec les producteurs. C’est toute la filière agricole et agroalimentaire qui se mobilise, comme au premier confinement, et s’adapte dans cette période pour proposer des produits pour les fêtes de fin d’année. De nombreux produits dépendent largement des fêtes, comme la volaille, où 100% des ventes de chapons se font à ce moment de l’année, ou encore les boissons alcoolisées, où un quart des ventes s’effectuent sur les deux derniers mois de l’année. Enfin, ensemble avec les consommateurs. Dans la morosité du moment, cet appel doit raisonner auprès de tous, et particulièrement des consommateurs français, pour garder la magie des fêtes, maintenir les traditions et les productions du terroir. La FNSEA milite pour un « patriotisme gastronomique » afin que les Français anticipent leurs achats afin d’assurer les débouchés pour les producteurs, maintenir les savoir-faire et les emplois. Cet appel au patriotisme gastronomique s’inscrit aussi pleinement dans la ligne de la campagne du ministère de l’Agriculture « Plus près de vous et de vos goûts ». Retrouvez le clip créé à l’occasion de cet appel à #MangerFrançais.
CEREALIERS ET BIODIVERSITE, UNE SYNERGIE A REAFFIRMER
Les agriculteurs sont les premiers acteurs de la biodiversité. Fort de cette idée, l’Association Générale des Producteurs de Blé et autres céréales (AGPB) et l’Office Français de la biodiversité (OFB), ont élaboré un guide de recommandations pour favoriser la biodiversité dans les champs cultivés. Durant l’année 2019, c’est plus de 87 pratiques qui ont été identifiées. Dans le cadre de sa stratégie, l’AGPB a choisi de développer 9 pratiques symboliques et adaptées aux grandes cultures. Présentées lors de la Commission Environnement de l’AGPB, ces pratiques ont fait l’objet d’un travail approfondi avec des experts (INRA, OFB, Arvalis…) pour les convertir en fiches pratiques. Des fiches pratiques qui permettent de concilier agronomie, économie, environnement et faune sauvage par le biais d’objectifs, de mesures et de bénéfices attendus. Ainsi, on peut par exemple noter : la persévération des nidifications qui se cachent dans les cultures d’orge ou de blé ; l’optimisation des bordures de champs ; le développement de mosaïque de cultures et de la biodiversité dans les champs cultivés. Un guide qui appelle à être diffusé largement dans les territoires, auprès de l’ensemble des agriculteurs. Retrouvez le guide en intégralité.
PLF 2021 : LES PROJETS PHOTOVOLTAÏQUES AGRICOLES DUREMENT IMPACTÉS
Par un amendement gouvernemental adopté à l’Assemblée nationale, le projet de loi de finances (PLF) pour 2021 introduit dorénavant la renégociation des contrats dit « pionniers » (avec des tarifs de rachats privilégiés) pour les installations photovoltaïques de plus de 250 kWc. Cette mesure, qui organise la révision des contrats avec les producteurs d’énergie solaire inquiète particulièrement certains agriculteurs porteurs de projets photovoltaïques sur leurs bâtiments. Il est expliqué dans l’exposé des motifs du gouvernement que ce nouvel article du PLF cible ces projets recevant une « rémunération excessive ». Cependant, il est vital que les projets agricoles ne soient pas intégrés dans cette catégorie, car les agriculteurs, producteurs d’énergies réinvestissent bien souvent entièrement la valeur ajoutée créée par l’énergie pour sécuriser leur fonction première de production alimentaire. Ces projets au dimensionnement plus importants que les projets agricoles habituels (de moins de 250 kWc) ont nécessité un investissement très important de la part des agriculteurs en question, dépassant parfois le million d’euros. La durée des emprunts contractés est de 15 à 18 ans pour la plupart de ces projets. Changer les règles du jeu au bout de dix années de contrat pourrait bouleverser de nombreuses exploitations agricoles engagées dans ces projets. Pour la FNSEA, il est nécessaire de ne pas pénaliser ces entrepreneurs qui furent parmi les premiers à prendre des risques importants pour investir dans les énergies renouvelables. Une remise en cause de ces contrats ébranlera à long terme la confiance des investisseurs et des banquiers envers les projets d’énergie renouvelable et mettrait à mal les objectifs de transition énergétique de notre pays. Opposée fermement à cette mesure, la FNSEA a lancé un recensement des agriculteurs concernés par cette mesure, afin d’étudier l’impact financier que cela pourrait avoir sur la viabilité des exploitations et apporter des éléments tangibles dans le cadre de l’examen du projet de loi qui se poursuit actuellement au Sénat.
COMMERCE EXTÉRIEUR AGRO-ALIMENTAIRE : NOUVELLE DÉGRADATION DU SOLDE
En septembre 2020, le bilan de nos échanges extérieurs de produits agricoles et alimentaires s’est encore détérioré selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. Avec un excédent de 261 millions d’euros contre 781 millions en septembre 2019, c’est une baisse d’un tiers de nos échanges commerciaux. Alors même que nos exportations reculaient de près de 250 millions d’euros, jusqu’à 5,28 milliards d’euros, nos importations elles progressaient sur cette période, de 280 millions, pour atteindre 4,78 milliards d’euros. Ce sont principalement les céréales, les fruits et légumes et le vin (même si les spiritueux résistant mieux). Un inquiétant glissement de notre balance commerciale, dont la FNSEA alerte des risques depuis plusieurs années sur notre souveraineté alimentaire.
PLAN DE RELANCE : LANCEMENT DES PREMIERS DISPOSITIFS AGRICOLES ET ALIMENTAIRES
Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a annoncé le 17 novembre le lancement des premiers dispositifs agricoles et alimentaires du plan « France Relance » pour un montant de 455 millions d’euros (M€) sur les 1,2 milliard d’euros (Md€) prévus dans le volet agricole. Parmi ces 455 M€, une enveloppe de 135 M€ aidera « à la conversion des équipements pour doter les agriculteurs de matériels plus performants en matière environnementale ». Une autre de 70 M€ permettra aux agriculteurs d’investir dans des matériels de prévention des aléas climatiques et une troisième, dotée de 50 M€ et dédiée au plan de structuration des filières agricoles et agroalimentaires « permettra de soutenir des projets de développement […] et d’accélérer la transformation de ces secteurs et la recherche de valeur ajoutée » indique le communiqué du ministère. Par ailleurs, un dispositif de 130 M€ soutiendra spécifiquement la modernisation des abattoirs avec trois objectifs principaux : améliorer la protection des animaux et le respect des réglementations sanitaire et environnementale, renforcer la compétitivité des filières et participer au maintien de l’emploi à moyen terme au travers de la modernisation des outils d’abattage et enfin, former à la protection animale. Le ministère précisera prochainement deux dispositifs faisant partie du plan protéines végétales doté d’une enveloppe de 100 M€ : le volet « structuration des filières protéines végétales » et l’aide à l’investissement dans des équipements spécifiques permettant la culture, la récolte et le séchage d’espèces riches en protéines végétales et dans des semences de légumineuses fourragères. Des guichets « seront lancés entre fin novembre 2020 et début janvier 2021, et resteront ouverts en continu en 2021 et 2022 ».
CONSEIL EUROPÉEN DES MINISTRES DE L’AGRICULTURE : CONSENSUS POUR « PLUS D’EUROPE »
Le lundi 16 novembre se réunissait le Conseil des ministres européens de l’agriculture, pour évoquer notamment la situation actuelle du marché agricole de l’UE. À cette occasion et dans un contexte où les agriculteurs ont besoins de prévisibilité et de sécurité, la Présidente du COPA, Christiane Lambert a rappelé son souhait d’une poursuite des trilogues « dans un esprit ouvert de coopération, en respectant les processus démocratique et co-législatif et en œuvrant pour trouver une solution qui garantira une durabilité économique, sociale et environnementale pour le secteur agricole ». Aussi, il convient à la Commission européenne de proposer des mesures supplémentaires pour les secteurs plus lourdement impactés par la crise de la Covid19, et ce, financées par un budget qui ne pénaliserait pas celui de la PAC. La Présidente du COPA a aussi rappelé les engagements des agriculteurs pour renforcer la durabilité dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe. Elle a insisté sur la nécessité de mener des analyses d’impact ex ante complètes sur les cibles et objectifs de la stratégie « De la ferme à la table » et ceux de la stratégie en faveur de la biodiversité. Ainsi, la Politique agricole commune et les actions européennes solides, stables et communautaires sont essentiels pour stabiliser les marchés et de soutenir les agriculteurs européens.
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des productions pendant la crise du Covid-19. Cotations et dynamiques de marchés sur les principales productions agricoles nationales feront l’objet, à chaque fin de mois, d’une note mensuelle.
GRANDES CULTURES : DES RENDEMENTS EN FORTE BAISSE POUR 2020
Les statistiques du ministère de l’Agriculture du 1er novembre 2020 confirme une baisse générale des rendements des grandes cultures en 2020, à l’exception de la pomme de terre. Effectivement, autant les cultures d’été que les cultures d’hiver sont impactées par des diminutions de surface. La production de blé tendre baisserait de 26,4% par rapport à 2019 et de 18,5% par rapport à la moyenne 2015-2019. La récolte de blé dur serait aussi en repli de 17,1% sur un an. La production d’orge également touchée par un fort recul des rendements baisserait de 23,5%. Malgré des surfaces quasi stables, la production de colza reculerait de 7,6% en un an. Bien qu’avec une production estimée en hausse de 5,7% en un an, le rendement du maïs-grain baisserait à 81,4 q/ha. La récolte de protéagineux ainsi que reculeraient fortement de -12%. Seule la production de pommes de terre de consommation augmente de 5,7%, ainsi que la production de tournesol +27,6%.
“MANGEZ DES POMMES !”
Malgré un début de saison peu dynamique, en raison de l’offre d’hémisphère Sud, les perspectives pour la filière pomme sont plutôt bonnes. En effet, en dépit d’une production en baisse, la qualité est au rendez-vous, la filière n’a pas connu de méfaits climatiques cette année et les faibles envois vers l’industrie souligne la qualité des récoltes. Aussi, les faibles rendements attendus en Chine et aux Etats-Unis, et les marchés relativement convenables en Europe et en Asie, laisse entrevoir une conjoncture positive, notamment pour le prix. Mais il faut noter l’émergence de nouveaux producteurs comme la Serbie, la Turquie et les pays nordiques et les éventuelles alourdissements administratifs et logistiques du prochain Brexit, qui pourrait venir atténuer cette dynamique voire menacer la filière pomme française.
SEMENCES : PRÈS DE 2 MILLIARDS D’EUROS EXPORTÉS EN 2019-2020
Selon le dernier rapport, du Groupement National Interprofessionnel des Semences et plants (GNIS), la France a exporté pour 1,86 Md€ de semences pour la campagne 2019-2020. Des résultats hors normes dépassant, pour la première fois, la barre du milliard d’euros. La France est le leader mondial des exportations de semences agricoles devant les États-Unis et les Pays-Bas. Les semences et plants participent à hauteur de 35% au solde de la balance commerciale du commerce extérieur français des produits agricoles. Les exportations françaises ont augmenté de 12% par rapport à la campagne précédente (1,66 Md€ d’euros en 2018-2019), notamment grâce aux semences de maïs (+16%) et d’oléagineux (+12%). L’Allemagne reste le premier partenaire à l’export avec un total de 257 M€, suivie par l’Espagne (201 M€), l’Italie (135 M€) et les Pays-Bas (112 M€). Les pays tiers représentent toujours 30% des exportations françaises avec une progression de 10% à 538 M€. Ce sont des régions comme le Proche et le Moyen-Orient (+50%) ou l’Amérique du Sud (+100%) qui ont soutenu la croissance des exportations. Pour rappel, la filière semences emploie plus de 15 000 personnes en France.