N°25 – Semaine du 7 décembre 2020
LA MSA APPELLE AUX DONS POUR LE DROIT À UN NOËL DE FÊTE
Le 8 décembre, le Secours populaire et la Mutualité sociale agricole (MSA) ont lancé un appel aux dons pour les fêtes de Noël, « pour que les enfants et les familles fragilisés par la crise sanitaire puissent avoir droit à un Noël de fête ». En réactivant son dispositif « MSA solidaire, nos valeurs en action », la MSA mobilise tout son réseau en invitant ses 16 000 salariés, 17 000 délégués et 5,5 millions de ressortissants à donner. Ces dons, d’objets neufs (jouets, livres, vêtements…) ou de denrées alimentaires non périssables (compotes, fruits, légumes, poissons et fruits de mer en conserve, soupes, lait en boîte…) peuvent s’effectuer dans les 1 256 permanences du Secours Populaire à travers toute la France. Les périodes de fêtes doivent rester l’occasion d’un moment de partage et de solidarité, d’autant plus dans un contexte sanitaire et économique difficile. Toutes les informations utiles sont à retrouver sur le site : www.msa.fr/lfy/noel-solidaire
PLF 2021 : UN CRÉDIT D’IMPÔT DE SORTIE DU GLYPHOSATE, SANS LE MONDE DE L’ÉLEVAGE ?
Le 5 décembre dernier, les sénateurs ont adopté un amendement au Projet de loi de finances 2021, permettant de mettre en place un crédit d’impôt pour les entreprises agricoles qui n’utiliseront plus de glyphosate en 2021 et/ou 2022. D’un montant de 2 500 €, l’objectif est de soutenir « les filières les plus impactées économiquement en raison de leur consommation de glyphosate » en ciblant tout particulièrement les cultures pérennes (viticulture, arboriculture) ainsi que les cultures arables (principalement céréales). Néanmoins, le crédit d’impôt proposé est limité dans sa rédaction par la notion d’activité « principale », qui risque d’exclure une partie importante des éleveurs qui s’engageraient à ne pas utiliser de glyphosate. En matière de fiscalité agricole, l’activité principale se définit généralement comme l’activité générant la part majoritaire ou prépondérante du chiffre d’affaires au sein de l’exploitation. Ainsi, le crédit d’impôt exclu, dans la pratique, l’ensemble des exploitations dont l’activité « principale » (déterminée par le CA) n’est pas comprise dans les grandes cultures ou dans les cultures pérennes (arboriculture et viticulture majoritairement). Par exemple, un éleveur laitier qui réaliserait 80% de son chiffre d’affaires par son activité « lait », et 20% par sa production céréalière avec utilisation de glyphosate, ne serait pas éligible au crédit d’impôt, quand bien même il aurait autant de surface arable qu’un collègue céréalier pour nourrir son cheptel. La FNSEA a alerté le Gouvernement et les parlementaires de cette exclusion dans le cadre des débats au PLF 2021. Elle tient à rappeler la nécessité de rendre éligibles à ce crédit d’impôt les exploitants dont l’activité d’élevage dépend aussi de l’utilisation de cette substance (en intercultures) dans le cadre de leurs productions fourragères, par souci d’égalité devant la loi fiscale et d’évolution des pratiques agricoles sur l’ensemble du territoire national.
OBJECTIF : VERS L’AUTOSUFFISANCE FRANÇAISE EN LÉGUMES
Le regroupement de producteurs, Légumes de France (association spécialisée de la FNSEA), a présenté le 8 décembre son livre blanc qui ambitionne de porter le niveau d’autosuffisance alimentaire en légumes de 50% aujourd’hui à 60% d’ici deux ans, et à 70% d’ici cinq ans. La production de légumes en France représente 31 000 entreprises, sur 202 000 hectares, produisant 5,5 Mt par an ce qui représente un chiffre d’affaires de 3,5 milliards d’euros et 200.000 emplois directs. Selon Légumes de France, cette ambition est réalisable et propose par exemple d’utiliser les terres en jachères « si elles peuvent être cultivables ». Pour parvenir à cet objectif, l’association de producteurs appelle également aux pouvoirs publics à une réglementation « claire, précise et harmonisée au niveau européen » contre les distorsions de concurrence et à soutenir l’investissement pour développer et rénover les serres afin de protéger les cultures. Légumes de France complétera son livre blanc par un chiffrage économique des besoins en investissements. Pour rappel, si la France est le quatrième pays producteur de fruits et légumes (hors pommes de terre) en Europe, après l’Espagne, l’Italie et la Pologne, sa production de légumes frais a baissé de 11 % entre 2003 et 2018, principalement liés à l’érosion de la compétitivité coût et aux distorsions de concurrence avec ses voisins.
ACCORD UE-MERCOSUR : MENACE SUR LA VIANDE BOVINE ?
L’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur, dont un accord de principe avait été trouvé en juin 2019, reste toujours bloqué par la non signature de l’Autriche, des Pays-Bas et de la France. Cet accord est pourtant toujours jugé « équilibré » par la Commission européenne, or il ne l’est pas, comme l’ont souligné les récentes Rencontres autour des Recherches sur les Ruminants (3R). Celles-ci se sont déroulées début décembre et ont prouvé, que quel que soit le cas de figure, les importations de viande sud-américaine devraient croître en volume. Le solde est terriblement déficitaire pour les produits agricoles et alimentaires avec -20,12 Md€, comme le souligne l’Institut de l’élevage (Idele), qui note d’emblée « l’asymétrie existante » entre le Mercosur, « un marché unique, mais pas commun » et l’UE. Le Mercosur fournit plus de ¾ des importations de viandes bovines à l’UE et ce ne sont pas les droits de douanes de 3€/kg qui impacteront la compétitivité de la viande sud-américaine. Ce sont majoritairement des viandes désossées (98%), qui sont importées par l’UE, le Mercosur étant très offensif sur ce segment. Il se voit même renforcé par cet accord, qui prévoit l’ouverture de deux contingents tarifaires à droit de 7,5% pour 99 Mt sur six ans : 54,45 Mt de viandes réfrigérées et 44,55 Mt de viandes congelées. Il s’en suivra une annulation de 20% du droit de douane sur presque 61 Mt de viandes du Mercosur. Cet accord prévoit également une totale libéralisation des échanges de préparations cuites en quatre ans et des bovins vivants en dix ans. Ainsi, l’application de cet accord serait catastrophique pour la filière bovine, mais aussi plus généralement, car il n’est pas neutre économiquement, sanitairement et écologiquement. Il s’agit finalement d’importer indirectement la déforestation, la pollution, l’impact sur la biodiversité, les protéines animales transformées et de nombreuses méthodes de productions interdites en Europe. Tout cela étant d’autant plus inquiétant, qu’il n’existe, au sein de l’UE, aucun suivi des accords une fois que ces derniers s’appliquent.
NÉGOCIATIONS DE LA PAC : UN BESOIN D’ÉCLAIRCISSEMENT DE LA POSITION DE LA COMMISSION
Le lundi 7 décembre, Frans Timmermans, le Vice-président de la Commission européenne, a participé à une réunion en ligne avec les représentants des agriculteurs européens afin d’échanger sur le processus de négociation en cours concernant la PAC et le Pacte vert pour l’Europe. Dans un contexte de grandes incertitudes (Brexit, Covid-19…), la Présidente du COPA Christiane Lambert a porté la voix des agriculteurs inquiets. Elle a ainsi rappelé que « les agriculteurs jouaient un rôle réel de climato-acteurs » puisque la biodiversité comme le climat sont au cœur des actions déjà menés par les agriculteurs partout en Europe. Elle a ensuite tenu à affirmer que : « le Pacte vert devrait nous aider afin d’amplifier les efforts déjà fournis, sans laisser personne sur le bas-côté », attendant alors de l’UE qu’elle mène une analyse d’impact exhaustive et que les institutions poursuivent les négociations sur la réforme de la PAC après 2020. Le besoin « d’un cadre clair et d’une vision » pour le secteur agricole européen est nécessaire dans un contexte international extrêmement concurrentiel. Le Président de la Cogeca, Ramón Armengol, à lui exhorter l’UE « à soutenir nos actions, en fournissant aux agriculteurs et à leurs coopératives des outils concrets et en permettant les investissements nécessaires dans l’innovation, la technologie et les infrastructures » afin d’investir dans des nouveaux systèmes agro-alimentaires innovants et plus durables.
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA MONTAGNE
Le vendredi 11 décembre aura lieu la Journée internationale de la montagne, coordonnée par les équipes de la FAO. Célébré chaque année depuis 2003, elle prend source en 1992, avec l’adoption du chapitre 13 du Programme Action 21 « Gérer les écosystèmes fragiles : mise en valeur durable des montagnes » de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur l’environnement et le développement. Les montagnes font partie de nos territoires, elles jouent un rôle très important dans l’alimentation en eau douce de la moitié de la planète, elles concentrent de nombreuses espèces d’animaux et de végétaux et elles abritent environ 12% de la population mondiale. Le thème de cette édition 2020 abordera la biodiversité en montagne. Une occasion pour le monde agricole de rappeler l’importance du pastoralisme dans le maintien et le développement de cette biodiversité dans les milieux ouverts.
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales.
GRANDES CULTURES : BILAN ET ESTIMATIONS
Le service statistique Agreste du Ministère de l’Agriculture, publie les estimations de surface et de production pour 2020, et les prévisions de surface pour 2021 pour les grandes cultures. Cet état des lieux au 1er décembre, ne vient modifier qu’à la marge les chiffres de novembre, avec une production de céréales à paille de 47,33 Mt, en baisse de 25% sur 2019 et une nouvelle révision en légère hausse (+200 000 t) de la récolte de maïs grains, portée à 13,5 Mt. La production de colza est aussi peu modifiée, à 3,2 Mt, mais la faiblesse de la production betteravière s’accentue à 26,3 Mt, quand le record de la pomme de terre de conservation se consolide, avec 6,9 Mt. À l’inverse de l’effondrement de l’an dernier, les premières prévisions de semis de céréales d’hiver laissent apparaître une hausse des surfaces. Ainsi, elles atteindraient 6,6 Mha, soit 11% de plus qu’en 2019, même si cela est encore en retrait de 3,7% sur la moyenne 2016-2020. La surface de blé tendre, à 4,73 Mha serait aussi en hausse de 12,4% par rapport à l’an dernier, quand au blé dur qui malgré une baisse quinquennale de 23,5%, il reprendrait 8,8% sur l’année dernière, avec 237 000 ha. Tout comme l’orge, qui sur une moyenne 2016-2020 baisse de 5,7%, mais progresserait là de 6,6% avec 1,26 Mha. Le colza enfin, peine à se redresser, à 1,12 Mha, soit seulement en hausse de 1% sur 2019, déjà en retard sur la moyenne quinquennale de 17%.
LA COVID-19 AFFECTE LA FILIÈRE DE LAIT BIO
La courbe de prix du lait s’est calée sur celle de 2017, les 1 000 litres de lait bio ont ainsi été payés 506 € en septembre dernier, soit 6 € de moins que l’an passé à la même époque. En effet, depuis le premier confinement, la consommation de produits laitiers bio peine à suivre l’offre massive de lait mise sur le marché. Les débouchés d’abord sont plus faibles, puisque moins de yaourts ont été achetés et on note un coup d’arrêt sur la consommation de fromages bio. Une hausse de la production s’ajoute à cela, puisque de nombreux éleveurs ayant achevé leur conversion à l’agriculture biologique viennent dorénavant ajouter leur lait labellisé sur le marché, ainsi en janvier et février, on a noté une hausse de 18% de lait bio collecté. Malgré l’appel à la modération et un ralentissement au printemps de la production, la collecte de lait bio reste supérieure de 7 à 11% par rapport à son niveau 2019.
HAUSSE DES COÛTS DANS L’ALIMENTATION ANIMALE : LES AVICULTEURS DEMANDENT UNE RENÉGOCIATION DES PRIX
La Confédération Française de l’Aviculture (CFA) réclame une « réouverture immédiate des renégociations et leur aboutissement à une répercussion des hausses des coûts de production ». Effectivement, on note une forte hausse du prix des matières premières, impactant tous types de volailles. L’indice de l’aliment progresse partout, comme pour le poulet standard (+4,8%), la dinde (+5,5%), la poule pondeuse (+4,9%), le lapin (+5,5%) et le canard gars (+5,4%). Cette hausse a un réel impact sur les producteurs, par exemple au 1er décembre 2020, pour le poulet, la hausse du coût des matières premières entraîne l’augmentation de 14,7% du coût de l’aliment et de 7,7% du prix de revient. Le Président de la CFA, Jean-Michel Schaeffer s’inquiète alors de la relative indifférence de la distribution avec les producteurs et appelle à « une revalorisation du prix payé aux éleveurs, via une répercussion des hausses des coûts de production » qui « est vitale » pour le secteur.
OVINS : REPLI DES ABATTAGES EN OCTOBRE 2020
Selon Agreste (l’institut statistique du Ministère de l’Agriculture), on note un net repli des abattages d’ovins de réforme en octobre 2020. Effectivement, les abattages d’ovins de réforme reculent nettement de 8,6%, quand les abattages d’agneaux sont eux en repli de 0,9%. Les prix des agneaux restent relativement élevés durant cette période, car l’offre est limitée dans les exploitations. Il faut noter que la crise sanitaire de la Covid-19 et la baisse de la demande ovine qui en a découlé, a entraîné un net recul des importations, de 11% par rapport à 2019, même si le mois de septembre semble marquer un retour aux importations de plus 0,5%.