N°28 – Semaine du 11 janvier 2021
ONE PLANET SUMMIT : POUR DEVELOPPER LA BIODIVERSITE, COMPTONS AVEC L’AGRICULTURE !
A l’occasion du One Planet Summit sur la biodiversité, la FNSEA a tenu à interpeller les chefs d’Etat et de Gouvernement sur la nécessité d’associer étroitement le secteur agricole pour agir concrètement sur le développement, la préservation et la restauration de la biodiversité. Le maintien et l’accroissement de la biodiversité des terres agricoles, en particulier de la biodiversité dite « ordinaire », constitue un enjeu majeur dans l’adaptation du secteur agricole au changement climatique. A ce titre, la FNSEA s’est engagée dans l’initiative 4/1000 qui vise à montrer que l’agriculture, et en particulier les sols agricoles, peuvent jouer un rôle crucial pour la sécurité alimentaire et la lutte contre le changement climatique. Il s’agit maintenant d’accompagner le secteur vers des systèmes agroécologiques durables, résilients et rémunérateurs pour les agriculteurs. La FNSEA a rappelé à l’occasion de ce sommet que la mise en œuvre de ces solutions doit aussi constituer une opportunité pour améliorer le revenu des agriculteurs, condition indispensable à la réalisation d’objectifs ambitieux, notamment via les prestations de services environnementaux, la valorisation des produits agricoles français auprès du consommateur et les mesures d’accompagnement des exploitations dans la transition agroécologique comme celles mises en œuvre dans le cadre du Plan de relance.
DATA AGRICOLE : AGDATAHUB LEVE 3,2 MILLIONS D’EUROS
Agdatahub, plateforme au service de l’agriculteur pour reprendre la main sur ses données numériques et d’être au centre d’un cercle vertueux de création de valeur, a annoncé le 12 janvier avoir obtenu un nouveau financement de 3,2 millions d’euros du Programme d’investissements d’avenir (PIA). La plateforme d’échanges de données agricoles dont l’initiative est portée par le réseau des Instituts techniques agricoles (Acta), les Chambres d’agriculture (APCA), la FNSEA et le Geves (Groupe d’Etude et de contrôle des Variétés Et des Semences) va « accélérer sur le développement de nouvelles fonctionnalités de sa plateforme, notamment avec ses solutions de consentement des producteurs agricoles ». Un nouvel outil, « Agri-consent » est actuellement en cours de développement avec Orange Business Service (OBS). Ce module d’identité numérique reposera sur une blockchain et permettra de faciliter l’échange des données et de conforter la confiance des agriculteurs dans leur transmission avec les acteurs de la filière agricole. En novembre 2020, Agdatahub avait déjà levé 2,5 millions d’euros de fonds propres auprès de ses actionnaires historiques et la Banque des Territoires.
RURALITE : HAUSSE DE LA DELINQUANCE DANS LES CAMPAGNES
La délinquance, toutes catégories confondues, a augmenté de 8% en 2020 dans les campagnes et zones périurbaines placées sous l’autorité de la gendarmerie tandis qu’elle a baissé de 5% dans les zones urbaines de la police nationale, a indiqué le Service statistique du ministère de l’Intérieur. Les zones rurales les plus touchées par l’augmentation de cette délinquance se situent notamment en Bretagne : +20% en Ille-et-Vilaine et presque autant dans les Côtes-d’Armor et le Finistère ; +15% en Gironde et des hausses aussi importantes en Vendée, dans le Rhône, et en Seine-et-Marne. Ce sont les coups et blessures volontaires, notamment intrafamiliales, les refus d’obtempérer et les outrages qui constituent les premières incriminations relevées avec une hausse de +30%. Les coups et blessures volontaires ont augmenté de +10% dans les campagnes et les séquestrations, homicides, tentatives d’homicides ont, elles, cru de +15%. A contrario, les violences frauduleuses ont baissé de 15%. Les deux confinements auront toutefois permis de réduire le taux de cambriolage (toutes résidences confondues) en zone gendarmerie : -15%. Ces chiffres concernent en partie les agriculteurs qui sont régulièrement victimes d’actes de vandalisme, d’intrusion sur leurs exploitations, de vols et aussi d’agressions physique.
INFLUENZA AVIAIRE : LES « MAITRES RESTAURATEURS » SOLIDAIRES
Alors que l’épidémie de l’influenza aviaire hautement pathogène (H5N8) (273 foyers répertoriés au 14 janvier) a conduit, ces dernières semaines, à l’abattage de dizaines de milliers de canards dans une grande partie du Sud-Ouest de la France, l’Association Française des Maîtres Restaurateurs (AFMR) s’est déclarée « solidaire » des éleveurs touchés par cette épizootie. « Aujourd’hui un des trésors de notre terroir est en danger, avec l’abattage préventif massif des canards des Landes. Nous devons soutenir les femmes et les hommes qui nous fournissent ces produits d’excellence dont les Français sont friands », a indiqué l’association. « L’AFMR et ses adhérents seront les premiers clients des agriculteurs qui élèvent des canards des Landes dès que leur commercialisation sera à nouveau possible. Nous organiserons, à ce titre, une grande manifestation nationale sous la forme d’un concours digital, déclinant plusieurs recettes, qui seront ensuite adressées au grand public ». Une prise de parole et un engagement salués par la profession agricole.
UN TIMBRE POUR LE MERITE AGRICOLE
La Poste émettra à partir du 15 mars prochain un timbre honorant l’Ordre du Mérite agricole. « Ce timbre-poste illustre la complémentarité des territoires (plaine, forêt, montagne) et la variété des nombreuses productions agricoles réparties sur le sol national. Les personnages et l’assiette témoignent du travail intergénérationnel permettant la transmission des savoirs agricoles, agroalimentaires et gastronomiques au service de l’alimentation », indique le groupe. Ce timbre, tiré à 720 000 exemplaires, sera vendu en avant-première les vendredi 12 et samedi 13 mars au Carré d’Encre (75009 Paris). L’ordre du Mérite agricole a été créé le 7 juillet 1883 par le ministre de l’Agriculture, Jules Méline. « Il est destiné à récompenser les femmes et les hommes ayant rendu des services marquants l’agriculture ». Cette décoration, surnommée « le poireau » comporte trois grades : chevalier, officier et commandeur. Le contingent annuel est fixé à 30 commandeurs, 300 officiers et 1 200 chevaliers. La parité homme-femme est à 50/50.
PSN : LA FNSEA APPELLE A « UNE VERITABLE AMBITION ECONOMIQUE AGRICOLE »
L’élaboration du Plan stratégique national (PSN), courroie de transmission de la PAC 2023-2027 au sein des États membres, « doit mettre au premier plan l’enjeu de la souveraineté alimentaire de la France » pour la FNSEA. Le Syndicat appelle à une « véritable ambition économique agricole », et entend que ce PSN réponde « aux enjeux de demain en alliant compétitivité et performance environnementale, dans une vision positive basée sur l’investissement, la modernisation et l’innovation en permettant l’utilisation des nouvelles technologies, afin de produire plus, tout en améliorant notre impact environnemental et en luttant contre le changement climatique ». Pour la FNSEA, la réforme de la PAC « doit être l’occasion de retrouver du pragmatisme et pourquoi pas du « bon sens paysan » », notamment en évitant de créer des distorsions de concurrence et en « évitant les aberrations agronomiques » susceptibles de conduire à des impasses économiques. « Que l’on ne nous demande pas encore de semer en pleine sécheresse ! » souligne la FNSEA qui considère également que « le PSN doit répondre aux enjeux territoriaux, comme les difficultés des zones intermédiaires et des zones de montagne ou l’intérêt du pastoralisme, aussi bien d’un point de vue environnemental qu’économique ».
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales.
MARCHES DES CEREALES : UNE ANNEE 2021 DEJA SOUS HAUTE TENSION
La France va achever sa campagne de commercialisation des céréales avec des stocks très tendus, sans avoir profité de l’amélioration de la conjoncture des marchés, faute de grains disponibles. Fin juin 2021, notre pays ne disposerait plus que de 2,48 millions de tonnes (Mt) de blé (-18% sur un an). « Pour autant, notre pays n’aura vendu, à la fin du mois de juin prochain, que 7,2 Mt vers les pays tiers, soit moitié moins de grains que la campagne 2019-2020 », a indiqué FranceAgriMer lors du conseil spécialisé Grandes culture du 13 janvier. La situation est similaire pour le maïs. Les stocks de report (1,8 Mt ; -8,6%), les plus faibles depuis une dizaine d’années, pourraient même ne pas être suffisants pour assurer la période de soudure pendant l’été prochain. Dans l’Union européenne et dans de nombreux autres pays exportateurs, ils seront aussi au plus bas (92 Mt) et même inférieurs de moitié à leur niveau de 2016-2017. En conséquence, les prix des céréales ont fortement augmenté ces dernières semaines. Mais depuis la publication du dernier rapport du département américain de l’Agriculture (USDA), le cours de la tonne de blé a bondi et a atteint 225 €/t. Les prix de la tonne d’orge fourragère et du maïs ont franchi le seuil de 200 €. La hausse de l’euro par rapport au dollar n’a pas freiné l’emballement des marchés des céréales. Fin 2020, les opérateurs avaient déjà anticipé une seconde partie de la campagne céréalière très tendue. Depuis, plusieurs évènements leur ont donné raison. Tout d’abord l’état des cultures de blé et d’orges en Europe centrale, en Russie et en Ukraine inquiète. Si les températures chutent, le risque de Winter-kill est élevé. Par ailleurs, l’offre de blé se restreint. L’Ukraine et la Russie ont déjà réalisé les trois quarts de leurs objectifs de campagne à l’export. Alors, la Russie a décidé de taxer d’au moins 25 €, à partir du 15 février prochain, chaque nouvelle tonne de blé pour limiter ses exportations (28 Mt de blé vendues en six mois de campagne). Un contingent de 17,5 Mt a été fixé. Au-delà, une taxe équivalente à la moitié du prix de vente et d’au moins 100 €/t sera imposée. En Argentine, les agriculteurs sont parvenus à faire plier le gouvernement. Il a renoncé, le 13 janvier dernier, à contingenter les exportations de maïs. Mais lorsque ce dernier avait décidé, fin décembre, d’interdire les exportations de maïs pendant deux mois, les cours de la céréale étaient repartis à la hausse. Et depuis, ils ne se sont pas repliés car les opérateurs craignent être privés d’une source d’approvisionnement importante (31,5 Mt). Or La Niña n’en finit pas de sévir. Seules 47,5 Mt de maïs seraient produites (-3,5 Mt sur un an) et les mouvements sociaux dans les ports génèrent d’importants retards dans le programme d’exportations. La seconde partie de la campagne est aussi tendue pour les pays importateurs. En Égypte, la General Authority For Supply Commodities (GASC), l’organisme public en charges des achats de céréales pour approvisionner le pays, achète 60 dollars de plus qu’en juillet dernier chaque tonne de blé. La Chine ayant les moyens de payer au prix fort ses importations, fait monter les cours des céréales qu’elle achète. L’Union européenne en profite. L’Algérie (2,5 Mt ; -2,7% en six mois de campagne par rapport à 2019-2020) reste son premier client mais elle est coursée par la Chine (1,63 Mt, +68%). En fait, l’empire du milieu s’impose sur tous les marchés. En six mois, il a importé les deux tiers des quantités d’orges exportées par l’Ukraine (2,6 Mt, +200% sur un an). La France aurait déjà expédié 1,55 Mt d’orges en Chine. Enfin, la Chine importerait 17,5 Mt de maïs tout au long de la campagne 2020-2021 et doublerait ses achats de sorgho (7,4 Mt). « Fin décembre, ses achats de maïs en provenance d’Ukraine représentent déjà près de 41% du total soit près de 3,6 Mt (1,3 Mt en 2019/2020), a souligné FranceAgriMer. Les engagements en maïs américain totalisent près de 12 Mt ».
SOJA ET COLZA : LES PRIX FLAMBENT
C’est à un véritable rallye auquel on assiste pour les cours mondiaux des oléagineux en ce début d’année. A Chicago, les prix de la graine de soja atteignaient, le 6 janvier, 504 $ la tonne, au plus haut depuis 2014. Le seuil des 500 $ n’a été franchi qu’en 2008 et en 2012, les prix frôlant même les 600 $. En Europe, le colza suit la même tendance, les cours sur le FOB Moselle, l’indicateur référent du marché européen, affichant 434 €/t. C’est 30 € de plus qu’en fin d’année 2019. Pourtant, la hausse reste modeste. Habituellement, le cours du colza est supérieur d’une cinquantaine d’euros par rapport au soja et les deux graines oléagineuses évoluent de concert selon cet écart. Aujourd’hui, c’est le soja qui affiche 70 $ de plus que le colza ! L’évolution des cours des oléagineux est évidemment due à de fortes tensions entre la demande et l’offre mondiale. D’après l’USDA, le département américain de l’Agriculture, la production mondiale d’oléagineux est revue à la baisse mois après mois, tant aux États-Unis (123,5 Mt), qu’au Brésil (134,5 Mt) ou en Argentine (50 Mt). Les stocks fondent également et seraient nettement inférieurs à 100 Mt en fin de campagne 2020-2021. Alors que la demande ne cesse d’augmenter, avec une forte activité de trituration sur les marchés domestiques et une hausse des exportations, à 192 Mt, un niveau jamais atteint. La hausse des cours du pétrole, la perspective de la sortie de crise de la Covid-19 et la baisse du dollar par rapport à toutes les monnaies mondiales dont l’euro, stimulent aussi les cours. Mais la raison majeure de l’évolution de la demande et des cours du soja aux États-Unis vient surtout de la Chine. L’accord signé en janvier 2019 entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping fonctionne à plein pour les importations de soja dont les Chinois ont besoin pour nourrir leur cheptel porcin et leurs volailles. Fin novembre 2019, les importations agricoles par la Chine se sont élevées à 22,5 milliards de dollars alors qu’elles étaient tombées à zéro en 2018. Sur le volet agricole de l’accord, le président américain élu Joe Biden, et le nouveau secrétaire d’État à l’Agriculture, Tom Vilsack, qui a déjà occupé le poste pendant huit ans sous la présidence de Barack Obama, vont trouver une situation plus favorable aux farmers. A l’inverse, l’Europe est très déficitaire entre la demande et les disponibilités, compte tenu des très faibles récoltes des deux dernières années. Selon les données de la Commission européenne publiées le 4 janvier, depuis le début de la campagne en juillet et jusqu’à fin décembre, les exportations de colza hors Europe se limitent à 8 000 t, en chute de 18%, quand les importations atteignent 3,5 Mt, en provenance d’Ukraine à 60% et du Canada pour le reste. Les exportations de soja sont aussi en baisse, à 125 000 t, alors que les importations grimpent à 7,4 Mt, en hausse de 7%, et provenant à part égale (3 Mt) des États-Unis et du Brésil. Ce manque de disponibilités devrait aussi être un facteur de hausse pour les cours du colza en France et en Europe, surtout si les cours mondiaux des oléagineux continuent de grimper à ce rythme.
PROMOTIONS EN GMS ET PRIX DU PORC : LA FNP EN COLERE
« Des côtes de porc à moins de 1,50 €/kg ! On se moque de qui ? », s’est emportée la Fédération nationale porcine (FNP) le 14 janvier dans un communiqué de presse. L’association spécialisée de la FNSEA raconte la mésaventure d’un éleveur qui a investi dans la biosécurité de son élevage, qui « respecte scrupuleusement les recommandations du bien-être animal » et qui a récemment embauché une jeune salariée. Quand il se rend dans une grande surface voisine, il remarque des côtes de porc en promotion à 1,48 €/kg. Pour la FNP, ce prix aussi bas est « un manque de respect du travail des éleveurs et de leurs partenaires ». Selon l’indice Inaporc, le coût de revient du porc départ élevage est estimé à 1,57 €/kg. « Que vaut l’alimentation ? Que vaut le travail d’un éleveur ? », s’interroge la FNP qui ne veut plus de « la course permanente au moins-disant dans tous les domaines ! », ne veut plus « des prix si bas qu’ils ne veulent plus rien dire » et fustige les baisses de prix exigées par la grande distribution. « Revenons à un peu plus de raison et de responsabilité à la table des négociations » conclut la FNP.