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Le Fil Agricole n°51

8 juillet 2021

N°51 – Semaine du 28 juin 2021

ACTUALITÉS AGRICOLES

RAPPORT DU HAUT CONSEIL POUR LE CLIMAT ET PROJET DE LOI CLIMAT : L’AGRICULTURE EST SUR LA BONNE TRAJECTOIRE ET POURSUIT SES EFFORTS

La publication du Rapport Annuel du Haut Conseil pour le Climat (HCC) souligne les résultats positifs du secteur agricole qui respecte les objectifs de réduction d’émissions alloués dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) avec un rythme annuel de -0,5% d’émissions entre 2010 et 2019. Cependant, il rappelle que l’agriculture doit accélérer son rythme de baisse d’émissions, dont les objectifs annuels tripleront, et de captation du carbone. Pour cela, elle dispose d’une palette d’outils pour à la fois s’adapter au changement climatique, atténuer les émissions de gaz à effet de serre et jouer un rôle déterminant dans la captation de carbone (initiative 4 pour 1 000). À ces outils, devront s’ajouter des politiques publiques pragmatiques, comme dans le cadre du projet de Loi Climat et Résilience qui sera examiné prochainement en commission mixte paritaire. Il s’agit de prendre en compte la globalité des enjeux agricoles : comme le nouveau cadre de la commande publique favorisant l’approvisionnement local, le soutien des signes de qualités dans la restauration collective, la lutte contre l’artificialisation des sols, la plus grande implication des territoires dans la transition énergétique, le soutien d’une compensation carbone locale des compagnies aériennes par des projets bas carbone agricoles. Ce travail de construction législative doit consolider ces orientations tout en améliorant les points problématiques, comme sur l’objectif de diminution d’émissions de N2O et NH3, introduit au Sénat, qui a permis d’éviter les distorsions de concurrence au niveau européen. De même sur la protection des ressources en eau retenue par les Sénateurs, où la prise en compte des besoins des activités humaines dans la préservation des écosystèmes aquatiques, est essentielle pour la résilience des systèmes agricoles comme le priorise le HCC. Enfin, face à l’ampleur de la marche pour atteindre les objectifs de la SNBC, la loi, à elle seule, ne sera pas suffisante et c’est bien aussi l’engagement des agriculteurs qui permettra l’adaptation et l’atténuation, de façon pragmatique, au service du défi climatique et des enjeux de souveraineté alimentaire.

AVEC 12 000 ATTAQUES MORTELS PAR AN : L’AUGMENTATION DE LA POPULATION DE LOUP INQUIÈTE LA FÉDÉRATION NATIONALE OVINE

Ce sont 624 loups qui sont aujourd’hui recensés contre 580 en 2020, s’inquiète la Fédération Nationale Ovine (FNO), association spécialisée de la FNSEA. S’appuyant sur les chiffres du Groupe national Loup de l’Office français de la biodiversité (OFB), elle souligne que le nombre de meutes a également augmenté, passant de 99 à 106 et que les zones permanentes de présence atteignent désormais 123 contre 114 en 2020. Principalement dans une frange Est de la France, le loup étend son territoire et pose une nouvelle fois la question des moyens de protection. La FNO souligne que dans les zones herbagères de plaine, les troupeaux sont souvent divisés en petits lots d’une vingtaine de brebis dans des prairies clôturées où les bergers et les chiens de protection n’ont pas leur place. Mais de plus en plus, les éleveurs de brebis n’ont plus de répits, les moyens de protection proposés par l’Etat deviennent vite obsolètes et la multiplication des chiens de protection reste une nuisance pour le voisinage. Ainsi, selon les chiffres officiels, le loup a tué, en 2020, pas moins de 12 000 bêtes, dans 39 départements, occasionnant plus de 30 millions d’euros de dépenses publiques.

ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES

ENFIN UN ACCORD EN TRILOGUE AVEC LA PAC, QU’IL CONVIENT DÉSORMAIS DE CONCRÉTISER DE MANIÈRE RÉALISTE VIA LE PLAN STRATÉGIQUE NATIONAL (PSN)

Les négociations en trilogue sur les trois règlements qui régiront la PAC à partir de 2023 viennent enfin d’aboutir à un accord. Il s’agissait d’une priorité pour la FNSEA, afin de préparer au mieux la future PAC et réussir dans de bonnes conditions sa mise en œuvre en France, que ce soit au niveau des instructions techniques, de l’information des agriculteurs ou des outils informatiques nécessaires pour payer les aides de la PAC dans les temps pour les exploitations agricoles. Concernant, son contenu, il ne s’agit pas d’un statu quo pour les agriculteurs, puisqu’en plus des mesures déjà en vigueur, ils appliqueront une nouvelle conditionnalité des aides, avec des « éco-régimes » qui représentent un quart du budget du premier pilier, et des mesures agro-environnementales et climatiques renforcées. Malgré des textes pas totalement finalisés, l’accord semble répondre à de nombreux points sensibles que la FNSEA avait soulevé, notamment sur les impasses liées à une rotation annuelle stricte à la parcelle, le pourcentage d’éco-régimes trop important, les besoins sur les autorisations de plantation, la consolidation de l’organisation économique, ou encore la mise en œuvre d’un droit à l’erreur. La réalisation d’une convergence à 85% était aussi une position affirmée de la FNSEA. Même si mobilisation a permis d’obtenir des avancées, l’accord comporte des décisions dont les conséquences seront certainement non négligeables, notamment l’obligation qu’au moins 4% des terres arables au niveau de l’exploitation soient consacrés aux zones et caractéristiques non productives, ou encore la non-éligibilité du secteur du sucre au régime d’intervention. Désormais, la France devra utiliser toutes les possibilités envisageables dans le cadre du plan stratégique national (PSN) pour offrir de manière adéquate et réaliste des solutions pour permettre une production agricole compétitive, qui puisse se réaliser dans de bonnes conditions agronomiques et sur l’ensemble du territoire, tout en assurant un niveau de revenu correct pour les agriculteurs.

INITIATIVES AGRICOLES 

FACE AU MAL-ÊTRE DES AGRICULTEURS : LE CONSEIL DE L’AGRICULTURE FRANÇAISE SE MOBILISE

Le Conseil de l’agriculture française (CAF) a présenté un plan d’actions pour prévenir le mal-être des agriculteurs, qui a pour objectif de se voir concrétiser dans un dispositif gouvernemental prévu à la rentrée de septembre. Après la publication des rapports du député Olivier Damaisin en décembre 2020 et des sénateurs Henri Cabanel et Françoise Férat en mars dernier, la FNSEA, Jeunes Agriculteurs (JA), l’Association Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA) et la Mutualité Sociale Agricole (MSA) ont souhaité se mobiliser collectivement pour trouver des solutions au suicide des exploitants agricoles qui perdure depuis de trop nombreuses années. Rappelons qu’il y a 30% de suicides supplémentaires dans la profession agricole par rapport aux autres professions, touchant principalement, à 60%, la frange de population des 55/70 ans. Ce mal-être, spécifiquement à cet âge, est multifactoriel et peut être consécutif à un sentiment d’inutilité, d’un mal-être lié à la transmission, à la retraite. Ce phénomène n’est pas nouveau et différents outils existent, comme le service Agri’écoute de la MSA depuis 2011, ou des services départementaux de l’APCA, mais pour les rendre plus visibles et plus accessibles, toutes ces plateformes sont aujourd’hui rassemblées sous une même identité : « Réagir ». C’est également un site Agricollectif (www.agricollectif.fr) porté par la FNSEA, JA et l’APCA qui permettra d’aider les agriculteurs en détresse. Aussi, les organisations professionnelles agricoles (OPA) proposent, de créer une aide « passage de relais », de 12 000 euros par an pour les chefs d’exploitation de plus de 57 ans qui traversent de graves difficultés. Cette aide conditionnée par l’installation d’un jeune agriculteur aidé, éligible à la dotation jeune agriculteur (DJA), devrait s’ajouter à une formation initiale, du mentorat et du tutorat.

« LES AGRIS AIMENT LE TOUR DE FRANCE » : PARTENARIAT FNSEA ET ASO RECONDUIT POUR METTRE EN VALEUR LES PAYSAGES ET CEUX QUI LES FAÇONNENT

La FNSEA reconduit, pour la quatorzième année consécutive, son partenariat avec la société organisatrice du Tour de France cycliste, Amaury Sport Organisation (ASO). Il s’agit pour les agriculteurs qui se trouvent sur le long des routes empruntées par la Grande Boucle de réaliser sur leur champ une grande fresque qui sera retransmise à la télévision. Le thème retenu pour cette 108ème édition est la chaîne, symbole de la chaîne alimentaire qui s’est tenue lors de la crise sanitaire. Ce ne sont pas moins de 16 FDSEA qui participent à cette compétition et qui seront ensuite départagées par un jury, qui remettra le en février 2022 son grand prix sur le Salon Internationale de l’Agriculture.

BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES

Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.

ORAGES ET GRÊLE : DE NOMBREUX DÉGÂTS POUR LES CULTURES

Alors que le temps continue d’être instable et que la météo est encore sous l’influence d’une goutte froide (minimum de pression associé à de l’air froid en altitude) selon Météo-France, les dégâts s’annoncent nombreux et parfois catastrophique pour les cultures. À la suite du gel tardif en avril, puis du vent, de la grêle et de la pluie jusqu’à fin mai, ces nouvelles intempéries de juin enfoncent le clou. En Ile-de-France et notamment en Seine-et-Marne, les fortes précipitations ont entraîné des coulées de boue dans les cultures céréalières. Les vignes sont également touchées par des grêlons atteignant parfois 10 cm de diamètre, et principalement en Bourgogne -Franche-Comté. Sur les cultures d’hiver et de printemps (blé et orge), tout est « haché menu », chez des exploitants qui pensaient pourtant se refaire une santé cette année grâce au niveau élevé des cours des céréales. Impactant les trois quarts de la France, comme en Auvergne-Rhône-Alpes, en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, la violence des orages fut impressionnante. Seule quelques régions semblent épargnées, comme la Bretagne, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse. Ces épisodes récurrents posent de nouveau la question de la gestion des risques agricoles et de l’adaptation au changement climatique, pour faire de ce défi une opportunité pour l’agriculture comme le fixe le Rapport d’orientation 2020 de la FNSEA.

LAIT BIO : LES CONVERSIONS MOINS ATTRACTIVES

Depuis trois ans, le prix du litre de lait bio stagne et des mesures sont prises chaque printemps pour limiter la production de lait. Plus la filière lait bio s’étend, plus son fonctionnement ressemble à n’importe quelle filière agricole avec ses problèmes d’équilibre d’offre et de demande, de débouchés et de prix. Cette année, 1,2 milliard de litres de lait bio, soit 5 % de la collecte de lait en France, vont être produits en France, soit 100 millions de litres de plus qu’en 2020. Cette progression à un chiffre, la plus faible observée depuis quatre ans, est un soulagement pour l’ensemble des acteurs de la filière car la consommation de lait bio peine à suivre. Les industriels stoppent les conversions des fermes à l’agriculture biologique. Jusqu’à 22 % des quantités de lait livrées sont déclassées. A certaines périodes de l’année, l’écart de prix avec le lait conventionnel n’est plus que de 80-90 €/1 000 litres. Dans le passé, la « pénurie » structurelle de lait garantissait un prix élevé toute l’année avec un écart de prix qui oscillait entre 140 € et 200 €/1 000 litres par rapport au prix du lait conventionnel. La filière lait bio se structure à contre-courant : le nombre d’éleveurs de lait et de vaches « bio » croit chaque année alors que les effectifs baissent en conventionnel. La conversion d’éleveurs à l’agriculture biologique n’a pas seulement été motivée par le prix du lait. Les éleveurs en bio ont aussi voulu redonner du sens à leur métier, encouragés par des aides pour se convertir, et par les industriels de la transformation pour répondre à la demande croissante des consommateurs. Mais depuis l’arrivée massive de la troisième vague de producteurs de lait sur le marché (+ 1 123 entre 2015 et 2018), la filière souffre à la fois d’un déséquilibre interannuel et intra-annuel (production printanière excédentaire sans mesure de régulation). Le mix produit de la filière bio, très différent de celui de la filière conventionnelle, accentue ce déséquilibre : jusqu’à 25 % du lait livré est consommé en lait liquide (9 % en conventionnel). A contrario, moins de fromages bio sont proportionnellement produits (9 %) qu’en conventionnel (33 %). En 2020, la production de lait biologique est réalisée par 4 000 livreurs (8 % des producteurs de lait français). La production moyenne de lait par exploitation convertie au bio est de 300 000 litres par an, soit 200 000 litres de moins qu’en conventionnel. A ce jour, quatre opérateurs collectent 75 % du lait biologique. La dimension moyenne des fermes bio (nombre de vaches, volume de lait) décroit depuis 2015 car les nouveaux éleveurs convertis sont des producteurs de lait dans le Massif Central et en Nouvelle Occitanie, à la tête d’exploitation de plus petite taille (24 % de livreurs ; +5 points entre 2015 et 2020) que dans le Grand-Ouest de la France où par ailleurs, le rythme des conversions décroît. Toutefois, le cheptel de bovins lait bio (243 000 en 2000) augmente en France tous les ans. La filière laitière biologique est confrontée comme le reste de l’agriculture à un défi générationnel. Des éleveurs cessent leur activité sans repreneurs. Par ailleurs, la filière bio va probablement être moins attractive. Depuis 2-3 ans, le niveau du prix du lait en conventionnel incite moins les éleveurs à se convertir. Enfin, le redéploiement des soutiens publics de la PAC après 2023 a surpris les éleveurs : les aides au maintien à l’agriculture biologique vont être supprimées et les aides éco-régimes seront les mêmes que celles d’éleveurs en Haute valeur environnementale de niveau 3 (HVE3).

DÉBUT D’ÉTÉ DIFFICILE ET CRISE CONJONCTURELLE POUR LE MARCHÉ DU MELON

Dès le 24 juin, une information était envoyée aux opérateurs de melons pour les alerter sur une mauvaise posture du marché et le 25 juin, le melon était déclaré en crise conjoncturelle. En effet, les mauvaises conditions météorologiques des bassins de consommation situés au nord du pays ont fait ralentir fortement la demande, alors même que le bassin de production du Sud-Est de la France entrait en pleine production et que l’Espagne était encore présente sur le marché en même temps. De ce fait, les prix ont fortement baissé et le marché s’est fortement déséquilibré, selon les opérateurs. Même si la qualité du melon français n’est pas décriée par les opérateurs, le 28 juin, l’ensemble des opérateurs s’alarmaient d’une montée en puissance des stocks. Il semblerait aussi que les opérateurs de l’aval s’attendent à souffrir dans les prochaines semaines par manque de demande et le calibre 15 devient difficile à vendre. Conséquence, les grandes enseignes alimentaires multiplient les opérations de mises en avant et de promotion pour sortir de la crise. Plus généralement, il semble que ce sont l’ensemble des fruits et légumes d’été qui peinent à trouver leur marché en ce début d’été.

Contact

Service affaires publiques FNSEA
mail : guillaume.lidon@reseaufnsea.fr
tél : 01 53 83 48 92 
 

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