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Le Fil Agricole n°30

7 juillet 2021

N°30 – Semaine du 25 janvier 2021

INITIATIVES AGRICOLES

ACCORD HISTORIQUE – FNSEA, CUMA ET SYNDICATS DE SALARIÉS : UNE CONVENTION COLLECTIVE UNIFORMISÉE POUR LE MONDE AGRICOLE

Le 1er avril 2021, s’appliquera la nouvelle convention collective nationale « Production agricole/Coopérative d’utilisation de matériel agricole (Cuma) », qui avait été signée le 15 septembre 2020 par les représentants des employeurs (FNSEA, FNCuma) et des salariés de l’agriculture (CFDT, CFTC, FO, CGC, CGT). Preuve de la vitalité du dialogue social dans l’agriculture, cet accord historique vient doter les actuelles 130 conventions départementales et sectorielles d’un cadre national, nouvelle clé de voûte des négociations à venir. Désormais commune à tous les salariés de la branche professionnelle « Production agricole » et « Cuma », cette convention organise la grille de salaires et la classification des emplois qui s’imposeront à toutes les entreprises. Reposant sur les compétences des salariés, la classification permet la reconnaissance de fonctions qui n’étaient pas reconnues jusqu’alors. Avec un outil de cinq critères (technicité, autonomie, responsabilité, management et relationnel) et définis par des degrés, dotés chacun d’un capital de points, le calcul de salaire correspondant devient plus clair. La grille de compétences définit alors chaque catégorie professionnelle, comme par exemple ouvrier, technicien, agent de maîtrise ou cadre. Enfin, elle accompagne l’évolution des métiers de l’agriculture vers la transition agroécologique et la révolution numérique, et contribue également à l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes. Afin d’aider les employeurs à s’appuyer sur cette grille de compétences pour classer leurs salariés permanents de leur exploitation, l’ensemble des FDSEA proposeront des conseils aux employeurs agricoles et la FNSEA a mis en place un site internet pédagogique pour aider dans les démarches. Site internet : https://convention-agricole.fr/

BIODIVERSITÉ : AGRICULTEURS, CHASSEURS ET RANDONNEURS RÉUNIS POUR PLANTER DES HAIES

Dans la région Centre-Val-de-Loire, sur la commune de Plou dans le Cher, agriculteurs et/ou chasseurs du département se sont réunis pour acheter près de 12 000 arbres et arbustes mellifères. Au cœur de la Champagne berrichonne, les agriculteurs, chasseurs et randonneurs locaux ont ainsi planté 700 mètres linéaires de haies afin de favoriser la biodiversité dans le secteur. Ce seront au total 7 700 mètres linéaires de haies qui seront plantés, permettant de développer la démographique des insectes pollinisateurs, d’assurer la protection pour la petite faune, de garantir la fixation des sols et la filtration des eaux. Cette belle initiative a vu le jour grâce à un financement aux deux tiers de la Fédération nationale des chasseurs et pour l’autre tiers par l’Office français de la biodiversité (OFB). Preuve qu’avec la mobilisation de tous les acteurs, la ruralité et ses agriculteurs sont partie prenante du développement de la biodiversité.

ACTUALITÉS AGRICOLES

LA FRANCE RATIFIE L’ACTE DE GENÈVE POUR LES INDICATIONS GÉOGRAPHIQUES PROTÉGÉES (IGP)

Le 21 janvier 2021, la France a ratifié l’Acte de Genève qui vise à étendre aux indications géographiques protégées (IGP), la protection juridique accordée depuis 1958 aux appellations d’origine. Cette ratification, qui prendra effet fin avril, permet d’élargir la protection des produits français IGP à une échelle internationale et plus seulement nationale ou régionale. Visant également à lutter contre les contrefaçons, la France pourra alors saisir l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle en cas de litige. La France rejoint ainsi sept autres signataires ayant déjà ratifié cet acte : l’Albanie, le Cambodge, la Corée du Sud, le Laos, le Samoa et l’Union européenne. Pour rappel la France compte environ 200 IGP dont 74 en vin, 2 en cidre, 66 types de viande (dont 36 sortes de volailles, et 15 produits à base de viande), une cinquantaine de fruits et légumes, etc. Au niveau européen, la France est la première productrice d’IGP, suivie par l’Italie avec 130 produits, par l’Espagne avec 90 produits, puis par l’Allemagne avec 79 produits, et par le Portugal avec 74 appellations. À la différence des AOC/AOP qui distinguent à la fois un territoire et une technique spécifique de fabrication liée au milieu ou à l’histoire, l’IGP elle reconnaît essentiellement une zone géographique. Ainsi, en France, ces IGP représentent plus de 4 milliards d’euros (Md€) de chiffre d’affaires, auxquels s’ajoutent plus de 23 Md€ pour les AOC/AOP.

PUBLIC SÉNAT : UN DOCUMENTAIRE QUI OUVRE  UN DIALOGUE POSÉ SUR LE GYPHOSATE ET SOULIGNE LA COMPLEXITÉ DE SON INTERDICTION

La chaîne Public Sénat a diffusé le samedi 23 janvier à 21h00 et le dimanche 24 janvier à 9h00, le documentaire : « La Beauce, le glyphosate et moi ». La journaliste et documentariste Isabelle Vayron est mère de famille en Beauce (Eure-et-Loir) et est opposée au glyphosate. Elle est alors partie à la rencontre de ses voisins agriculteurs pour comprendre les enjeux de l’interdiction de cet intrant, aujourd’hui emblématique d’un divorce entre l’opinion et le monde agricole. Le reportage n’est ni à charge, ni à décharge par rapport au glyphosate, il cherche à montrer la complexité d’une interdiction du jour au lendemain, ses incidences sur l’économie des exploitations et sur certaines pratiques agroécologiques (agriculture régénératrice ou conservation des sols). La journaliste qui souhaitait une interdiction immédiate, avoue avoir été « ulcérée » des difficultés imposées aux agriculteurs français pour « arrêter le glyphosate, alors que, par-derrière, on importe des produits qui contiennent des résidus bien plus importants que ceux qu’eux peuvent laisser, à l’insu des consommateurs ». On ne peut imposer aux agriculteurs français des contraintes si rapides, sans proposer des solutions alternatives et en laissant ainsi une distorsion de concurrence vis-à-vis d’autres importations, qui reviennent à importer du glyphosate indirectement. Aussi, ce documentaire montre enfin une belle avancée dans son objet, celle d’un dialogue ouvert entre la société civile et le monde agricole. Ce dialogue est nécessaire pour permettre une meilleure compréhension entre ceux qui vivent le quotidien du travail agricole et ceux qui veulent interdire quelque chose dont ils ne se servent pas. Pour retrouver le documentaire ICI.

ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES

UE : LA FNSEA PORTE SA CONTRIBUTION SUR L’ÉTIQUETAGE DES DENRÉES ALIMENTAIRES

Dans le cadre l’initiative « de la ferme à la fourchette » (F2F), l’Union européenne (UE) a lancé une réflexion sur l’étiquetage alimentaire. La Commission européenne a ainsi présenté en janvier une feuille de route de son futur règlement, comme première étape, afin de présenter ce projet complet au quatrième trimestre de l’année 2022. Cette feuille de route est alors ouverte à consultation jusqu’au 3 février 2021, ces consultations seront résumées et publiées dans un rapport de synthèse. Cette forme de démocratie participative est positive et la FNSEA souhaite apporter sa contribution à cet enjeu majeur pour mieux informer le consommateur de la qualité nutritionnelle des produits alimentaires. Rappelant l’importance de l’éducation à l’alimentation pour atteindre l’équilibre alimentaire, la FNSEA alerte sur de potentiels effets pervers de l’étiquetage nutritionnel. Effectivement, le code couleur pourrait être un mauvais pare-feu décrétant des aliments comme mauvais, alors qu’il s’agirait d’indiquer que les aliments qui peuvent être consommés fréquemment et en plus grande quantité, et les autres qui sont à consommer de façon plus occasionnelle ou modérée.  D’ailleurs, certains aliments peuvent constituer un apport nutritionnel précieux, même en petite quantité (fromages, poisson fumé, huile d’olive). Aussi, le Nutri-score se basant sur 100 g de produit, est problématique dans le cas de plusieurs produits, comme l’huile d’olive par exemple. Ainsi, face aux risques de ce logo simpliste, l’étiquetage nutritionnel devrait être sans codage couleur, scientifique et indépendant, harmonisé à l’échelle de l’UE, basé sur des directives diététiques, basé sur une portion et volontaire. Concernant l’étiquetage de l’origine, la FNSEA souligne que les récentes évolutions sur le sujet vont dans le bon sens. Mais elles doivent cependant être consolidées, améliorées d’un point de vue réglementaire, s’appliquer à l’ensemble des produits bruts comme transformés, dans tous les circuits de distribution, et harmoniser à l’échelle européenne. La mention d’une origine (exemple : origine France) devrait alors être réservée aux produits alimentaires dont 100% des ingrédients sont produits et transformés en France. Enfin, la FNSEA s’engage contre le gaspillage alimentaire et appelle à la sensibilisation des consommateurs, notamment au moment de l’acte d’achat et des professionnels.

BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES

Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.

TASSEMENT DE LA CONSOMMATION DE FRUITS ET LÉGUMES BIO

Les professionnels s’inquiètent et alertent les pouvoirs publics d’un « tassement » de la consommation de fruits et légumes bio et en France, alors même que la production ne cesse de croître. Effectivement, sans doute due à la crise de la Covid-19, on note une baisse de 1% de la consommation de fruits et légumes bio au 3ème trimestre 2020. Plus généralement, ces fruits et légumes bio représentent 10% du total des fruits et légumes consommés en France et on note une progression de 5% sur l’ensemble de l’année 2020, soit un ralentissement par rapport aux +7% et +8% des années précédentes. Rappelant, que les prix de ses légumes sont plus élevés, entre 30% à 50% plus chers, et face à la crise économique à venir, l’interprofession des fruits et légumes Interfel alerte du risque de se retrouver avec une offre surabondante de fruits et légumes bio par rapport à la demande.

PRESSION SUR LES JEUNES BOVINS FRANÇAIS

Malgré un marché intérieur assaini, les cours du jeune bovin (type U) en France restent à des niveaux de prix bien inférieurs à ceux en vigueur en 2019 et 2018. Effectivement, l’Italie reste un débouché majeur, et même si la crise sanitaire n’a pas affaibli les liens commerciaux, elle les a fortement tendus, entre le bassin naisseur français et de l’engraissement transalpin. Ainsi, fin décembre 2020, les faibles prix de vente des jeunes bovins (JB) sur le marché de Modène en Italie ont pesé sur les cours des broutards exportés de France et les cours en classe U étaient inférieurs de 6% à leurs niveaux de 2019 (-5% pour classe R). L’Italie étant structurellement déficitaire de 2,5 milliards d’€ (Md€) par an, avec une production de viande bovine ne couvrant que 53% de sa consommation, a besoin de la production étrangère et notamment française, très appréciée pour sa qualité. Ces échanges sont importants, ainsi en 2019 la France a exporté en Italie plus des trois-quarts de ses JB (800 à 900 000 têtes par an) et 32% de la viande (70 000 téc), représentant 1,3 Md€, soit 57% des recettes à l’exportation de la filière bovin viande française. Forte de 60 ans de partenariat franco-italien, la filière fait preuve de résilience et le surstock de JB est réduit dorénavant à 3 000 têtes, alors qu’il était encore à 13 000 en novembre dernier. De plus, étant moins concurrencée par les importations de carcasse (-30% en novembre 2020, par rapport à 2019), la filière de viande bovine française reconquiert progressivement le marché intérieur avec une progression de 6% des ventes des produits frais non laitiers et de 11% pour des ventes de surgelé salé. Pour l’exportation également, on note de nouveaux débouchés via le marché allemand, avec une progression de 10%, mais sur ce marché, comme sur le marché italien en baisse de 16%, la concurrence exercée par la viande importée de Pologne est forte.

LA SALADE FRANCAISE EN CRISE CONJONCTURELLE

En raison d’une forte baisse des prix, -42% en glissement annuel, la laitue d’hiver est en situation de crise conjoncturelle depuis décembre dernier par le Réseau des nouvelles des marchés (RNM) de FranceAgriMer. Depuis décembre 2020, les prix des laitues d’hiver ont chuté de 27% en dessous de la moyenne quinquennale et de 42% en dessous de la campagne précédente. La « crise conjoncturelle » est maintenue en janvier 2021. Les raisons de la crise conjoncturelle sont multiples : une commercialisation peu satisfaisante lors de la campagne estivale de 2020-2021, au vu de la perte des débouchés en restauration hors domicile, un deuxième confinement en novembre qui a entraîné de fortes variations de la demande sur de courtes périodes et a compromis la fluidité de la commercialisation, une montée de la production du bassin du Sud-Est en décembre qui a déséquilibré le marché face à une consommation insuffisante. Du côté de l’assolement au 1er janvier 2021, Agreste estime les surfaces de laitues d’hiver pour la campagne de 2020-2021 à 3 822 ha. Elles seraient donc en baisse de 4% par rapport à l’hiver 2019-2020.

LE SUPER ÉTHANOL EN CROISSANCE

En dépit de la baisse de la circulation automobile liée aux différents confinements, l’agrocarburant routier Superéthanol E85 a vu sa consommation croître en France en 2020. En effet, alors que les autres carburants routiers chutaient de 15%, le Superéthanol a vu ses volumes progresser de 4%. Ce carburant contient 60 à 85% de bioéthanol issu de la fermentation de betteraves ou céréales. La filière demande aux pouvoirs publics d’élargir l’accès aux boîtiers de conversion aux véhicules de 15 CV et plus et à ceux équipés de filtres à particules, ce qui permettrait de rendre éligibles environ neuf véhicules du parc essence sur dix. Preuve de l’intérêt pour ce carburant, le réseau de distribution est aussi en forte croissance, avec plus de 2 300 stations approvisionnées (une sur quatre), soit une hausse de 32% en un an.

 

Contact

Service affaires publiques FNSEA
mail : guillaume.lidon@reseaufnsea.fr
tél : 01 53 83 48 92 
 

 

 

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