ACTUALITÉS AGRICOLES
FEMMES EN AGRICULTURE : « UNE RECONNAISSANCE PERFECTIBLE »
La journée de la femme qui se tiendra le 8 mars est de nouveau l’occasion pour la profession agricole de dresser un constat sur la place des femmes dans ce secteur. Elles sont au total, selon les chiffres de la dernière étude de la CCMSA (Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole), près de 126 500 dont 107 100 cheffes d’exploitation et 19 300 collaboratrices d’exploitation. Les agricultrices représentent presque un quart des chefs d’exploitation (24,3% exactement), une proportion globalement stable depuis plus de dix ans. Seules ou accompagnées, les femmes dirigent 29,5% des exploitations ou des entreprises agricoles. Par entreprises agricoles, il faut comprendre chef d’entreprise de travaux agricoles, forestiers ou d’entreprises paysagères et qui, de fait, émargent à la MSA. Là encore, la proportion est stable par rapport à l’année précédente (2018). Autre caractéristique : les femmes cheffes d’exploitation sont en moyenne plus âgées que leurs homologues masculins : 51,7 ans (stable par rapport à 2018) contre 48,3 ans pour les hommes (en baisse d’un mois par rapport à 2018). Si ces cheffes d’exploitation sont présentes dans tous les secteurs agricoles traditionnels, elles font quasiment jeu égal avec les hommes dans l’élevage des chevaux (48,6%), l’entraînement, dressage, haras, clubs hippiques (48,5%), l’élevage de gros animaux (47,4%), l’aviculture et la cuniculiculture (34%). Elles restent cependant minoritaires dans les grandes cultures (16,4%), les élevages bovins-lait (15,6%), la viticulture (12%) et encore plus dans les exploitations liées à la forêt et à la sylviculture. Toujours selon les statistiques de la MSA, 13% des femmes sont encore collaboratrices d’exploitation. Elles exercent le plus souvent leur activité dans une exploitation en nom personnel mettant en valeur une superficie moyenne de 63 hectares, contre une superficie moyenne de 40 hectares pour leurs homologues masculins.
Toutefois, les inégalités se font plus criantes encore quand sonne l’âge de la retraite. Selon la CCMSA, les femmes sont majoritaires au régime des non-salariés agricoles (NSA) avec plus de 56% de l’effectif. Elles sont près de 734 000 sur le territoire : 284 000 ont été cheffes d’exploitation, 248 000 ont gardé le statut de conjointe et près de 111 000 n’ont connu que celui d’aide familiale. Les 91 000 restantes n’ont eu aucune activité dans le régime mais perçoivent, de par leurs conjoints décédés, une pension de retraite de réversion agricole. Le niveau général de retraite de ces femmes reste à un niveau inférieur à celui de leurs homologues masculins, entre 3,15% et 19,5% selon les régimes professionnels traversés et le statut adopté. Côté salariat, les femmes ne sont pas mieux loties avec des conditions d’emploi plus précaires. Le recours au contrat à durée déterminée (CDD) occupe une place prépondérante dans l’emploi féminin de la production agricole, indique la MSA qui précise que 81,9% des salariées du secteur détiennent un CDD, ce qui représente 304 400 contrats de travail en 2019. C’est notamment la viticulture, les cultures spécialisées ou les entreprises de travaux agricoles qui recourent le plus au travail saisonnier des femmes. De plus, la durée moyenne d’un contrat féminin est inférieure de 12,8% à celle d’un contrat masculin. Quand elles parviennent à décrocher un CDI, les femmes en agriculture ont des temps de travail inférieurs de 12% à ceux des hommes.
L’ORIGINE DE LA VIANDE, CRITÈRE DÉTERMINANT DU CONSOMMATEUR
Selon le nouveau tableau de bord de la filière viande réalisé par l’interprofession élevage et viande, Interbev, 85% des Français interrogés se déclarent soucieux de la provenance de la viande qu’ils achètent. L’origine de la viande constitue pour eux un élément déterminant de l’acte d’achat. Sur cette question de l’origine, les personnes interrogées paraissent nettement plus attentives qu’il y a deux ans puisque les personnes sondées n’avaient répondu positivement qu’à 82%. De même, accordent-elles beaucoup de crédit aux contrôles rigoureux qui garantissent la qualité sanitaire de la viande que l’on achète : le taux de satisfaction atteint 85% contre 84% en décembre 2019 et 81% en février 2019. Par ailleurs, les consommateurs paraissent plus enclins à payer plus cher une viande de qualité (70% d’entre eux : 66% fin 2019 et 64% en février 2019). D’une manière immuable, ce tableau de bord consacre quelques idées qui feront plaisir aux éleveurs. Pour 89% des personnes sondées le savoir-faire des éleveurs français garantit une viande de qualité. Pour 93% d’entre elle, la présence de vaches et de moutons contribue à la valeur des paysages français. Ils sont aussi 77% à estimer que les acteurs de la filière viande de bœuf, veau, agneau prennent de plus en plus en charge l’impact environnemental et presque autant (76%) à considérer que l’élevage contribue à la biodiversité. Sur le volet de la « viande plaisir », tous les indicateurs sont stables ou en hausse. Manger de la viande est quoiqu’il en soit plébiscité. En effet, pour 90% des personnes interrogées, la viande fait partie des aliments qu’on a plaisir à manger (89% en février et décembre 2019). Pour l’immense majorité d’entre elles (89%), la viande fait naturellement partie d’une alimentation équilibrée. Selon le baromètre, elles n’étaient que 84% en février 2019 et 85% en décembre 2019. Enfin 87% des sondés se déclarent satisfaits du goût de la viande qu’ils achètent. Sur le volet nutrition/santé, là encore la viande est plébiscitée : 94% des Français estiment qu’elle contient des protéines qui aident au développement des muscles. Elle représente un aliment naturel (87%), peut faire partie d’une alimentation durable (79%). Ces chiffres confortent une nouvelle fois l’importance que les citoyens portent au « manger mieux » qui se traduit, pour une grande majorité, par manger français, pour plus de qualité et de sécurité dans l’assiette. La filière élevage et viande est en phase avec les attentes sociétales des citoyens.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
CHEVREAUX : LES ÉLEVEURS INQUIETS
« Situation insoutenable » « mépris porté aux éleveurs » et encore « le chantage au non-ramassage de nos chevreaux n’a que trop duré », indique la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (FNEC), association spécialisée de la FNSEA, dans un communiqué diffusé le 3 mars. En cause, le prix du chevreau pour lequel les naisseurs ont consenti « depuis l’automne des baisses de prix (…) allant jusqu’à 80% », explique la FNEC. Agacée d’être « la variable d’ajustement des relations contractuelles entre les engraisseurs et les abatteurs », la fédération demande à chacun des protagonistes de prendre leurs responsabilités. Et ce d’autant qu’un accord de crise a été trouvé et signé en septembre dernier. Mais il n’est pas respecté, s’insurge la FNEC qui s’agace aussi qu’à « chaque démarrage de saison, on se retrouve dans cette position inconfortable ». Bon an, mal an, ce sont environ 550 000 chevreaux qui sont abattus pour un volume de 3,2 millions de tonnes équivalent carcasse. Le kilo vif du chevreau est valorisé, selon les saisons entre 2,6 euros (avril-août) et 4,2 euros (décembre). Au mois de mars, veille des fêtes de Pâques, il avoisine les 3,5 €/kg.
POMMES DE TERRE : LA CAMPAGNE DES PRIMEURS EST LANCÉE
La grande région de production de pommes de terre primeurs, la Bretagne a mis ses premiers lots de primeurs sur le marché dès les tout derniers jours de février. Il s’agit d’une production sous abri, la récolte de plein champ devant arriver vers Pâques et battre son plein, au plan national, de mai à juillet, les bassins de production se succédant. Après une campagne 2020 bonne en volumes commercialisés jusqu’à sa fin, le 15 août, mais avec des prix en recul, les producteurs bretons ont maintenu leurs surfaces. C’est aussi le cas en Normandie et en Alsace, tandis que les Pays de la Loire, qui avaient un peu fléchi l’an dernier, semblent retrouver leurs emblavements antérieurs. Les îles, Noirmoutier, notamment, et Île de Ré attendent une production en hausse de l’ordre de 20% grâce à une extension des surfaces. En revanche, les surfaces dans le Roussillon auraient baissé dans les mêmes proportions. Sur le plan commercial, il est encore trop tôt pour prévoir, dans les conditions particulières que nous connaissons, l’accueil que les consommateurs réserveront à la pomme de terre primeur, produit frais, plus cher que la pomme de terre de conservation mais qui joue un rôle de relais entre la vieille et la nouvelle campagne de tubercules de conservation. Cette année, la primeur bénéficiera cependant du manque de qualité des stocks de vieilles pommes de terre de l’ancienne récolte, ce qui devrait inciter le consommateur au choix de la primeur. Optimisme prudent chez les producteurs qui comptent sur une belle récolte (rendements et qualité). Quant aux consommateurs, ils bénéficieront de l’évolution « écologique » des conditionnements avec la disparition attendue des petits contenants.
VIN : LES VENTES AU DÉTAIL À LA PEINE
A la différence des autres boissons, les achats de vins tranquilles en grandes et moyennes surfaces ont très peu progressé en 2020. Quant aux effervescents, ils ont traversé une année noire. Les ventes en grandes et moyennes surfaces (tous circuits confondus, hors cavistes) ont connu une très légère hausse en 2020, après des années de repli, indique le bilan 2020 des ventes de vins tranquilles en grande distribution établi par l’institut IRI à la demande de FranceAgriMer et des interprofessions viticoles (CNIV). La progression s’établit à +1,1% en volume, soit 10 millions d’hectolitres (hl) et +1,3% en valeur (4,69 milliards d’€), avec un prix moyen qui est resté stable (4,70 € par litre). Dans un contexte de crise sanitaire, notamment marquée par la fermeture durable des bars et restaurants, cette croissance apparaît très relative. L’institut IRI fait ainsi observer que la progression des vins tranquilles est inférieure à celle de la moyenne des liquides en grandes surfaces (+1,5% en volume et +3,4% en valeur) et très en-deçà avec l’exemple des ventes de bières qui se sont envolées dans les rayons de 7,2% en volume et même 10% en valeur. « Il est important de souligner que la hausse des ventes en grande surface ne compense pas les pertes liées à la fermeture de la restauration », observe ainsi la note de conjoncture de FranceAgriMer.
Si l’année 2020 s’est révélée très atypique d’un point de vue commercial, elle a confirmé certaines tendances de fond préoccupantes pour l’équilibre de l’économie viticole. Le vin rouge, socle et étendard du vignoble français, continue en particulier de perdre du terrain. Les ventes sont en baisse, plus marquées encore en valeur qu’en volume, au bénéfice des vins blancs et des rosés qui grignotent chaque année des parts de marché. Plus de 60% des gains du marché ont été réalisés l’année dernière par les vins rosés tandis que les vins rouges représentent désormais moins d’une bouteille sur deux vendue en grande distribution. En volume, le rosé (35% des ventes) se rapproche inéluctablement du rouge (45%). L’autre évolution marquante de l’année, c’est la confirmation de la croissance des vins IGP (avec ou sans mention de cépage), au détriment des vins AOP. Les ventes de cette catégorie ont progressé de 5% à 7% en volume et en valeur et surtout concentré l’intégralité des gains du marché. A l’inverse, les ventes d’AOP ont à nouveau reculé d’un peu moins de 1% en moyenne, en volume comme en valeur. En volume, les vins AOP pèsent désormais moins d’une bouteille sur deux (44%), devant les IGP (33%), en progression constante et les vins sans indication géographique (22%), dont un tiers de vins de France. Si l’évolution des différents signes de qualité n’a en soi rien d’alarmant, elle dénote cependant une tendance à la moindre valorisation du vin dans les grandes et moyennes surfaces. L’évolution des ventes par conditionnement témoigne également de cette évolution. Après avoir atteint un plateau ces dernières années, les ventes de vins tranquilles en Bag-in-Box (BIB) se sont envolées de 9,1% en volume et de 10,8% en valeur par rapport à l’année dernière. Les ventes sous cette forme représentent près d’une bouteille sur deux en volume (43,6%), un taux record. Une croissance que les confinements et les réflexes de stockage ont accéléré mais qui se traduit également par une moindre valorisation du prix du vin.
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