N°47 – Semaine du 31 mai 2021
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ACTUALITÉS AGRICOLES
AVEC +36% DE BUDGET, LA FUTURE PAC CONFORTE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
Depuis plusieurs semaines, les arbitrages de la PAC s’accompagnent de réactions sur la question du financement de l’accompagnement de l’agriculture biologique. Face à certaines prises de positions, la FNSEA, attachée au principe d’équilibre de la PAC, souligne quelques éléments d’éclairage pragmatiques, en fonction des données connues à ce stade des négociations.
De manière générale, le budget annuel FEADER dédié à l’agriculture biologique passe de 250 millions d’euros sur la programmation en cours à 340 millions d’euros dans la prochaine programmation PAC, et ceci sans prendre en compte le budget des éco-régimes (aides au revenu pour services environnementaux rendus par les agriculteurs) dont bénéficieront les agriculteurs bio de manière automatique. Cela représente une hausse de 36%, pour un budget total de 1,7 milliard d’euros. Non seulement cette hausse vise à accompagner un nombre plus important de conversions, elle pourra également permettre une revalorisation des aides à la conversion aux agriculteurs.
Aussi, le financement actuel a entraîné une grande hétérogénéité des soutiens au travers de l’aide au maintien et est à l’origine de distorsions entre régions. Dans la programmation en cours, les agriculteurs bio peuvent bénéficier d’une aide au maintien dans le cadre du second pilier, sous réserve de financement par leur région. La plupart des régions ont fermé l’aide au maintien à partir de 2017 ou mis en place un plafond (de 5 000 à 7 500 euros selon les régions). Dans ce contexte, il paraît difficile d’estimer l’effet global du passage d’une aide au maintien à un soutien via le futur éco-régime : la variation sera négligeable dans certaines régions comme le Centre-Val de Loire ou le Grand Est où les agriculteurs ne bénéficient plus de soutiens spécifiques mais la perte pourrait être très élevée en Île-de-France ou en Normandie où les soutiens ne sont pas plafonnés.
De fait, la nouvelle architecture environnementale et le passage à un éco-régime accessible à l’ensemble des agriculteurs bio ne devrait pas entraîner de variations conséquentes des soutiens. Les agriculteurs bio, du fait du respect d’exigences environnementales, devraient être directement éligibles à l’éco-régime et donc accéder à l’ensemble des aides du premier pilier. Cependant, l’interdiction de double financement dans le règlement financier européen ne permet pas de financer pour le même engagement des actions par des voies différentes : la certification biologique donnant l’accès à l’éco-régime de niveau supérieur, du fait du respect du cahier des charges et ce dès la première année de conversion, le simple fait de respecter ce cahier des charges ne permet pas d’ouvrir d’aide au maintien dans le cadre du second pilier.
Pour pallier la perte de l’aide au maintien, les agriculteurs bio pourront bénéficier d’un crédit d’impôt dès lors qu’au moins 40% de leur chiffre d’affaires provient de productions certifiées bio. Ce crédit d’impôt bio s’élève à 3 500 € et il est cumulable avec les autres aides bio du second pilier dans une limite de 4 000 € de soutiens au total. Cela signifie qu’un agriculteur qui n’aurait plus accès à l’aide au maintien dans une région où celle-ci est plafonnée à 6 000 euros (exemple de la Nouvelle-Aquitaine) pourrait bénéficier d’un soutien de 3 500 € (net d’impôt et de charges sociales, que l’on pourrait estimer en moyenne à 5 000 € de subvention, donc une perte de 1 000 €).
Toutefois, il est légitime de se poser la question d’une aide complémentaire dans le second pilier de type reconnaissance des externalités positives de l’agriculture biologique. Au-delà de la conversion, des engagements MAEC supplémentaires ou des investissements peuvent être financés dans le second pilier en plus de l’éco-régime. Ce financement peut intervenir sur fonds État (Agences de l’eau) concernant les aides surfaciques. L’enjeu pour un certain nombre de régions sera de trouver la bonne voie juridique et technique pour préserver les fonds qu’elles ont éventuellement octroyés à l’agriculture biologique.
Avec 8% de surfaces et jusqu’à 13% dans certains secteurs, l’agriculture biologique a réussi son essor et a rencontré son marché. Il faut veiller à maintenir cette valorisation permise par l’agriculture biologique en ayant aussi une approche économique. Le prix payé au producteur doit permettre de prendre le relai pour couvrir les charges après les cinq années de soutien à la conversion.
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
TRILOGUE DE LA PAC : UN ÉCHEC PRÉVISIBLE DES NÉGOCIATIONS ET UN SENTIMENT CROISSANT DE FRUSTRATION POUR LE COPA-COGECA
Les négociateurs du Parlement européen, du Conseil des ministres européens et de la Commission européenne, réunis en trilogue, se sont séparés sur un échec, le 28 mai dans la matinée, après 3,5 jours de négociations. Le Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l’Union européenne (COPA) et le Comité général de la coopération agricole de l’Union européenne (COGECA) éprouvent alors un sentiment croissant de frustration au vu de la difficulté de trouver un accord politique et tiennent le commissaire à l’Agriculture directement responsable de cette situation. Étant extrêmement déçus de l’état d’avancement des discussions sur la future Politique Agricole Commune (PAC), et de cet accord pourtant essentiel pour toutes les parties prenantes, le COPA-COGECA a rappelé à la Commission qu’elle devait jouer son rôle de médiateur afin de faciliter un accord politique entre les colégislateurs. En effet, les négociateurs européens doivent impérativement se ressaisir et prendre leurs responsabilités afin de parvenir à un accord permettant de préserver les performances économiques et environnementales du secteur agricole. Il convient d’être pleinement conscient des enjeux de la PAC qui détermineront le niveau de soutien accordé à des millions d’agriculteurs qui garantissent notre sécurité alimentaire, notre indépendance stratégique et la durabilité de nos territoires. La PAC actuelle comporte des exigences environnementales majeures pour les agriculteurs et leurs coopératives, comme nouvelle conditionnalité renforcée ou les éco-régimes et le Conseil, le Parlement européen et la Commission devraient faire confiance aux agriculteurs pour fournir cet effort supplémentaire. Il semblerait en effet inacceptable d’avoir plus de contraintes et moins de budget, pour une PAC nécessaire qui montrent de plutôt bons résultats, contrairement à ce que prétendent certaines ONG non-agricoles.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
À L’EXCEPTION DES BROUTARDS, LE PRIX DES ANIMAUX EN HAUSSE DANS UNE FILIÈRE ANIMALE TRÈS DYNAMIQUE VERS L’EXPORT
Au mois d’avril, les cours moyens des gros bovins étaient supérieurs à leur niveau de l’année passée à 3,83 €/kg carcasse, le cours de la vache de type « O » à 3,20 €/kg carcasse, a progressé de 9% sur un an, celui de la vache « R » à 4,08 €/kg, de 9,7% et le prix des veaux de boucherie se sont redressés avec +6,1% sur …… an. Seule ombre au tableau, les cours des broutards qui sont toujours aussi faibles, puisque celui du « Charolais de 6 à 12 mois » s’échange à 2,72 €/kg vif, en retrait de 11 centimes par rapport à mars 2020, alors même que les prix des intrants ont progressé de 6,2%. Ainsi, en avril 2021, 366 474 bovins ont été abattus, soit +2,1%, avec 67 550 vaches laitières réformées soit -3%, mais 60 739 vaches allaitantes soit +1,2%. La décapitalisation observée depuis des mois se poursuit avec l’accroissement du nombre de génisses abattues, 212 286 depuis janvier 2021, soit +6% sur un an, ce qui augure de nouvelles baisses des effectifs dans les prochains mois puisque le renouvellement des troupeaux n’est plus assuré. En mars dernier, ce sont 136 400 bovins qui ont été exportés, soit +14,6% sur un an, dont 107 399 broutards représentant +18,7% sur un an. Mais depuis le début de l’année, les ventes de bovins (378 755 têtes) se sont repliées de 0,4%. Concernant le porc, les cours français s’établissaient à 1,71 €/kg, soit +11 cts d’€/kg sur quatre semaines et sont dorénavant supérieurs à ceux de l’année passée, mais là aussi les coûts de l’alimentation ont augmenté de 9,1%. En avril dernier, 1 809 milliers de porcs ont été abattus en France, soit -16 000 animaux sur un an. À l’export, la filière porcine française profite d’une conjoncture internationale dynamique, puisque les ventes de viande ont augmenté de 9,2% en mars, vers les pays tiers, +50,5% sur un an, et notamment vers la Chine +111%, où la peste porcine est loin d’être éradiquée. Enfin, le marché de la viande ovine bénéficie d’un calendrier festif favorable, établissant le cours moyen de la viande d’agneau à 7,53 €/kg carcasse en avril dernier. Par rapport à leurs niveaux moyens de 2016-2020, le cours moyen est supérieur d’au moins 1,5 €/kg de carcasse et la production a nettement progressé au début de l’année avec 1 221 millions de têtes, soit +13,7%. Au mois de mars dernier, les exportations d’animaux vivants ont progressé de 22,4% sur un an pour 33 000 têtes et celles de viande de 486%.
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