N°64 – Semaine du 17 janvier 2022
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ACTUALITÉS AGRICOLES
LE SALON INTERNATIONAL DE L’AGRICULTURE 2022 MAINTENU
Le Salon International de l’Agriculture (SIA), qui se tiendra au Parc des Expositions, Porte de Versailles, à Paris du 26 février au 6 mars sera bien maintenu. Il s’agit d’un temps fort très attendu, non seulement de la part de la grande famille agricole, mais aussi des citoyens, de nos responsables politiques et des médias. L’ensemble des acteurs professionnels, à l’instant de la FNSEA, affichent leur volonté de faire de ce 58ème SIA, le salon des retrouvailles. Concernant le contexte sanitaire, les principaux axes de travail sont : le port du masque et passe-vaccinal obligatoires, la ventilation optimisée des pavillons, et l’organisation des conditions nécessaires à des consommations et dégustations selon la réglementation actuelle en vigueur. A ce stade, aucune jauge n’est requise.
EGALIM 2 : APPLICATION TOTALE… OU SANCTION !
« La FNSEA et JA dénoncent des comportements de certains distributeurs qui vont à l’encontre des principes mêmes de la loi Egalim 2 », ont indiqué les deux organisations syndicales le 20 janvier dans un communiqué commun. En effet, dans le cadre des négociations commerciales qui se déroulent en ce moment et qui se termineront, le 28 février au soir, en plein salon de l’agriculture, les deux syndicats agricoles reprochent aux grandes enseignes « de regarder ailleurs ». Elles ne tiennent pas compte des indicateurs de coûts de production des agriculteurs et des indicateurs de marché, ni de la hausse des charges « qui atteint des sommets historiques ». Le « prix agricole, fixé à l’amont, dans un contrat commercial ou coopératif, ne peut subir aucune négociation de la part de la grande distribution », martèlent la FNSEA et JA. Rappelant que la « survie des agriculteurs et celle des industries agroalimentaires est en jeu », les deux syndicats en appelle au gouvernement pour faire respecter la loi : « application totale… ou sanction ! », menacent-ils.
LE REVENU BRUT (EBE) AGRICOLE SUPERIEUR AUX AUTRES INDEPENDANTS : QUE CACHE CETTE REALITE ?
C’est le principal enseignement retenu de la dernière enquête Agreste (service statistique du ministère de l’Agriculture) ; en 2018, les exploitants agricoles auraient dégagé un revenu brut de 41 550 € en moyenne (35% supérieur) contre 30 700 € pour les autres indépendants (métiers de bouche, restauration, artisanat industriel etc.). Cette statistique reste néanmoins à nuancer fortement pour de multiples facteurs. En effet, les écarts de revenu brut agricole inter-filières (élevage, viticulture) des agriculteurs sont plus importants que les écarts de revenu brut de l’ensemble des indépendants. Aussi, sans subventions agricoles, le revenu brut moyen des agriculteurs serait 1,5 fois inférieur à la moyenne des autres secteurs d’activités. Il serait même le plus faible d’entre eux. Ces chiffres masquent en réalité une répartition très différente de la valeur ajoutée créée par les entreprises individuelles. Les exploitants agricoles ont un revenu brut plus élevé malgré un chiffre d’affaires plus faible. Leurs charges salariales (18 % hors prélèvements privés) sont aussi proportionnellement moins élevées (57 % dans les autres secteurs). Alors que les charges d’amortissements et de provisions amputent de 53 % leurs revenus bruts contre 22 % pour les autres indépendants. En fait, l’agriculture est le secteur d’activité le plus intensif en capital. Pour produire 10 000 € de valeur ajoutée agricole annuelle, l’exploitant a besoin de 55 640 € d’actif là où il ne faut que 13 650 € pour un charcutier ou un boulanger. En conséquence, les exploitations agricoles sont plus endettées (138 020 € de dettes en 2018) que l’ensemble des structures individuelles (moyenne de 97 260 €). Pour autant, les agriculteurs sont de bons gestionnaires avec un taux d’endettement n’excédant pas 47 % du passif contre 56 % de l’ensemble des indépendants.
2020 : RECUL DES INSTALLATIONS EN AGRICULTURE OU L’URGENCE D’ASSURER L’ATTRACTIVITÉ DU MÉTIER ET LE RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATIONS
Une étude de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA), montre que le nombre d’installations a reculé en France en 2020, venant corroborer les tendances des dernières années. En 2020, 12 508 chefs d’exploitation se sont installés, 898 de moins qu’en 2019, soit une baisse de 6,7 %. Cette chute fait suite à une baisse de 3,7 % en 2019. La grande majorité des nouveaux installés a moins de 40 ans, pour 8 838 personnes, représentant ainsi 70,6 % des nouvelles installations. Dans le détail, toutes les régions de France connaissent une chute plus ou moins affirmée des installations, à l’exceptions de la région Grand Est (+11,6 %) et de la Corse (+4,7 %). La Nouvelle-Aquitaine (-14,0 %) et l’Ile-de-France (-13,8 %) connaissent le plus grand recul. Rapportés au plan départemental les Yvelines (+39,5 %), la Marne (+38,9 %), l’Allier (+27,7 %) et le Bas-Rhin (+23,9 %) sont les meilleurs élèves. Alors que les Landes (-31,8 %), l’Essonne (-31,3 %), la Nièvre (-30,9 %) et la Seine-et-Marne (-28,9 %) arrivent en queue de peloton. On note aussi que la superficie moyenne du jeune installé a légèrement diminué en 2020 avec 34,1 hectares, contre 35,0 ha en 2019. Aussi, les jeunes privilégient la forme sociétaire pour s’installer, délaissant l’exploitation individuelle. Autre constat : la profession se féminise petit à petit, et a ainsi franchi le cap des 32 % de femmes en 2020. Une autre caractéristique est l’augmentation du taux de pluriactivité des installés : 35,8 % en 2020 contre 34,9 % en 2019. Dernier enseignement de l’étude : les installations sont solides, puisque parmi les chefs d’exploitation installés en 2014, 79,8 % le sont encore en 2020.
EN PARTENARIAT AVEC LA FNSEA, ONISEP PUBLIE UN LIVRET SUR LES MÉTIERS DE L’AGRICULTURE
L’Office National d’Information Sur les Enseignements et les Professions (ONISEP), publie un « zoom métier » sur les métiers de l’agriculture en partenariat avec la FNSEA, afin de présenter et détailler un secteur méconnu, qui recrute et se transforme. En s’appuyant sur la réalité du terrain, il s’inscrit dans le parcours Avenir qui accompagne les élèves de la 6ème à la terminale dans leur exploration du monde économique et professionnel. Dans ce numéro, ce sont 20 jeunes professionnels qui évoquent leur quotidien, leurs compétences, leurs qualités pour exercer ce métier passion. Téléchargez le livret ICI
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
MENACE DE FAMINE DANS LA CORNE DE L’AFRIQUE
Pour éviter une crise alimentaire, il faut aider d’urgence les agriculteurs et les pasteurs touchés par la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, a annoncé l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). La FAO réclame une aide de 138 millions de dollars américains (M$) de fonds d’urgence pour aider 1,5 million de personnes vulnérables. L’objectif est de fournir de l’eau, des semences, des aliments au bétail. Effectivement, en plus de la crise du Covid, c’est une troisième année consécutive de sécheresse que cette région subit, avec de surcroît, des invasions de criquets. S’il est entièrement financé, ce plan permettra de produire jusqu’à 90 millions de litres de lait et jusqu’à 44 000 tonnes de cultures de base au cours du premier semestre 2022, ce qui mettra en sécurité pendant au moins 6 mois plus d’un million de personnes en situation de grande insécurité alimentaire.
2021 : LA CINQUIÈME ANNÉE LA PLUS CHAUDE DANS LE MONDE
Selon le service européen Copernicus sur le changement climatique, l’année 2021 a été la cinquième année la plus chaude jamais enregistrée avec une température moyenne annuelle qui a dépassé de 1,1 à 1,2 °C le niveau préindustriel de 1850-1900. Les 7 dernières années ont été de loin les plus chaudes jamais enregistrées à l’échelle mondiale. Cependant, Copernicus confirme qu’en France, l’année 2021 a été plus fraîche que les précédentes à l’inverse du reste de l’Europe qui a connu l’été le plus chaud jamais enregistré, avec de puissantes vagues de chaleur en Méditerranée et des inondations en Europe centrale. Le service européen s’est aussi penché sur le bilan carbone mondial, avec des niveaux globaux de CO2 qui ont atteint en 2021 un record annuel avec en moyenne 414 ppm (parties par million de molécules d’air), alimentés notamment par les incendies (dont ceux en Sibérie) qui ont rejeté 1 850 mégatonnes de carbone. Il en est de même pour les concentrations de méthane (CH4) qui ont elles aussi battu le record annuel d’environ 1 876 ppb (parties par milliard).
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
ŒUFS : UNE FILIERE AU BORD DE LA RUPTURE
« Les producteurs d’œufs sont au bord du gouffre. Une revalorisation urgente des prix de vente est indispensable ! », s’alarme la Confédération française de l’aviculture (CFA, association spécialisée de la FNSEA), dans un communiqué de presse du 20 janvier. En effet, les aviculteurs sont confrontés à une forte augmentation des coûts de production, en particulier l’alimentation qui représente les 2/3 du prix de revient de l’œuf. « Ce poste a subi une augmentation de 32 % sur les quinze derniers mois », précise la CFA. Or les prix payés aux producteurs sont restés stables. C’est pourquoi la CFA réclame 2 centimes d’euro de revalorisation par œuf (conventionnel, plein air…) et 4 centimes pour le bio. Mais les centrales d’achat des grandes surfaces font la sourde oreille. « C’est avec Auchan, Carrefour, Casino et Aldi que cette situation inquiétante pour les éleveurs est la plus difficile. Cette attitude est irresponsable et inacceptable ! », dénonce la CFA qui s’inquiète que les agriculteurs soient « pris à la gorge ». En 2020, la France a produit 15,7 milliards d’œufs, une production en hausse de +4,9 % par rapport à 2019 . Elle est le premier pays producteur d’œufs dans l’Union européenne (environ 14 % de la production en 2020), suivie de l’Allemagne (13 %) et de l’Espagne (13 %).
LA LUZERNE A L’HEURE DE LA DECARBONATION
Après une année de sécheresse en 2020, les producteurs de luzerne ont connu quelques sueurs froides en 2021 avec un cycle climatique peu favorable : le gel de printemps a retardé les semis d’une dizaine de jours, voire de quinze jours dans certains départements. Les pluies estivales, abondantes, ont perturbé la croissance et la récolte. Cependant « l’année 2021 reste satisfaisante », a noté Eric Masset, président de La Coopération agricole-Luzerne lors d’une conférence de presse le 18 janvier. Les 69 000 hectares emblavés ont fourni 760 000 tonnes de produits soit une hausse de + 15 % par rapport à 2020. « Nous revenons peu ou prou dans la moyenne quinquennale », a-t-il ajouté. Le fait marquant de cette campagne reste tout de même la mise à l’arrêt pendant deux semaines d’usines de déshydratation autour du 14 juillet. Au plan européen, la France se place en troisième position avec 23 % de la production communautaire, derrière l’Italie (24 %) qui a également souffert des intempéries et l’Espagne (42 %) qui, elle, a connu de bonnes conditions climatiques et qui « reste agressive sur la conquête des parts de marché », a précisé Pierre Begoc, directeur de Desialis, premier opérateur européen de produits déshydratés. Il n’en reste pas moins que l’Europe constitue le premier marché de la luzerne française avec 95 % des ventes. Seuls 5 % partent dans les pays tiers (Japon, Corée du Sud, Afrique du Nord…). Mais « le vrai souci c’est le coût de l’énergie » a ajouté Yann Martinet directeur général de La Coopération agricole-Luzerne. Le prix du baril a presque doublé en un an (+85 %), passant à New York de 46 $ à 85 $ le baril. « Certains experts estiment qu’il pourrait 150 $ en 2023 », s’est-il inquiété parlant d’une hausse « hors-norme ». Il est tout aussi alarmé de l’augmentation du prix du gaz qui grève les coûts de déshydratation. C’est pourquoi la filière a lancé en mars 2021 sa stratégie Luzerne 2026. Objectif : que toute la filière contribue à la lutte contre le changement climatique : « d’ici 2026 nous avons l’ambition de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de 90 % par rapport à l’année 2005. », grâce à la technique du préfanage à plat mais aussi à l’incorporation de biomasse dans les instruments de séchage. C’est ainsi que de nombreuses usines utilisent aujourd’hui des plaquettes de bois forestiers qui ne sont pas valorisables, autrement qu’en bois de chauffage et qui remplacent le charbon. « Notre mix énergétique nous permet d’être plus efficace. Quand nous émettions 0,760 tonnes de CO2 pour sécher une tonne de luzerne en 2005, nous n’émettons plus que 0,078 t de CO2 en 2025, soit presque dix fois moins », a souligné Yann Martinet.
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