La situation de sécheresse doublée de canicules qui frappe de manière exceptionnelle la France depuis plusieurs mois engendre des conséquences extrêmement graves sur l’agriculture, qui ne manqueront pas d’avoir des répercussions sur l’alimentation des Français.
Globalement, les récoltes de céréales produites semblent moins impactées qu’on a pu le craindre, cependant il existe de fortes disparités d’un département à l’autre, en fonction de la pluviométrie et des passages orageux. La pousse de l’herbe est totalement anéantie, ce qui contraint de nombreux éleveurs à entamer prématurément les stocks de fourrages prévus pour l’hiver. Le bilan des cultures d’automne s’annonce tout aussi hypothéqué : les maïs qui grillent sur pied, les betteraves desséchées et les pommes de terre rachitiques alors même que leur rendement se détermine à ce stade. Le constat est tout aussi alarmant pour les fruits et les légumes, avec des produits sous-calibrés arrivant trop tôt en saison, pour la vigne, avec des vendanges anticipées mais aussi des maturations bloquées. Bref, toutes les productions subissent un stress hydrique d’une intensité exceptionnelle.
Pour de nombreuses productions, la baisse de rendement et de qualité est une réalité. Ainsi dans l’élevage herbivore, où beaucoup de producteurs n’ont d’autre choix que de vendre quelques animaux par exemple. La baisse de production qui en résulte mécaniquement aura inévitablement des conséquences sur la production de lait et de viande et également dans les élevages en bâtiment (porc, volailles…) qui sont en surchauffe.
La FNSEA salue l’annonce ce matin par la Première ministre d’une cellule interministérielle de crise, et les premières annonces des ministres de l’agriculture et de la transition écologique. Face à cette situation historique aux conséquences dramatiques qui touchent, en premier lieu, les agriculteurs, nous en appelons à une mobilisation accrue de tous les interlocuteurs pour permettre à ces derniers de passer le mieux possible ce nouveau cap périlleux.
Nous demandons un accompagnement immédiat des agriculteurs par des mesures de soutien en matière de trésorerie : banques, assureurs, caisses de MSA, fournisseurs, administration fiscale… doivent répondre présents face à cette situation d’urgence. Il est également nécessaire que tous les services administratifs prennent immédiatement acte du caractère de force majeur de la situation. Qu’il s’agisse de la gestion de l’usage de l’eau, dont les priorités doivent être orientées clairement vers les productions alimentaires ; qu’il s’agisse des dérogations à l’implantation des SIE (surface d’intérêt écologique), qui ne pourront lever faute d’eau, une approche pragmatique et solidaire doit s’imposer !
De plus, il est urgent de donner aux agriculteurs les moyens de gérer le risque climatique grâce à un dispositif d’assurance récolte dont les derniers paramètres doivent être arbitrés au plus vite, afin qu’il soit opérationnel au 1er janvier 2023, et porté à connaissance de tous les agriculteurs.
Les agriculteurs ont déjà engagé des adaptations de leurs pratiques[i] mais devront les amplifier dès la prochaine campagne. Au-delà d’adaptations nécessaires de certaines pratiques agricoles, il est essentiel et déterminant de bénéficier des fruits de la recherche agronomique et variétale (plantes moins exigeantes en eau par exemple) ou de mieux gérer l’irrigation et l’accès à l’eau : les conclusions du Varenne de l’eau et du changement climatique doivent véritablement lever les freins à la constitution de réserves d’eau : c’est la première assurance récolte !
D’ores et déjà, les pratiques agricoles adaptées au climat et permettant notamment de réduire ou piéger les gaz à effet de serre doivent être davantage encouragées.
Loin d’être une fatalité, l’adaptation au changement climatique est une bataille dont les agriculteurs peuvent être les combattants de première ligne, à condition de disposer des armes nécessaires.
[i] *Retrouvez notre rapport d’orientation 2020 en cliquant ici.