Le plus gros méthaniseur d’Europe a ouvert dans le Maine-et-Loire en 2017. Cette unité, voulue et financée par 44 agriculteurs, permet de valoriser les fumiers et de fixer les exploitations sur leur territoire tout en produisant 1,2 mégaWatt d’électricité pour l’ensemble de la commune de Vihiers.
L’idée a germé en 2009. « Et si nous valorisions nos fumiers en créant une unité de méthanisation ? », ont lancé cinq éleveurs du Maine-et-Loire. « Nous avons alors tenté d’identifier tous les agriculteurs potentiellement intéressés dans un rayon de 10 km », se souvient l’un d’eux, Michel Brossier, éleveur bovin (naisseur-engraisseur de 75 charolaises). La chambre d’agriculture s’engage à leur côté en les aidant à réaliser une pré-étude de faisabilité.
Le projet semble porteur : 80 agriculteurs sont intéressés. Ils sont répartis autour de deux pôles distants de 5 km : Vihiers et Montilliers. « Nous avons donc décidé de créer deux unités de méthanisation », explique Michel Brossier. Conception, recherche de maître d’œuvre, montage du financement, appels d’offres des constructeurs, etc. : il s’écoulera huit ans entre l’idée et la mise en activité du premier méthaniseur en 2017 à Vihiers.
Les exploitants ont investi 8,5 M€ dans cette unité qui produit aujourd’hui 1,2 mégaWatt d’électricité et alimente une boucle d’eau (financée par la commune) destinée à chauffer de nombreux équipements collectifs : collège, piscine, salle de sport, hôpital, pôle santé, maison de l’enfance…
« En été, la chaleur ainsi produite sert à sécher les résidus de la méthanisation et fabriquer un digestat solide, qui revient sur nos exploitations », explique Michel Brossier en insistant sur les volumes pris en charge : « L’unité de Vihiers traite quotidiennement 150 tonnes de fumiers et 80 m3 de lisier, 7 jours sur 7. Nous avons fait le choix d’avoir une unité très automatisée : les matières sont défibrées, mélangées et traitées mécaniquement. »
Les deux unités de méthanisation sont autonomes, mais elles ont mis leur logistique et leurs équipes en commun : une dizaine de salariés, essentiellement chargés de gérer la collecte et le transport des fumiers. « Cela permet à chaque exploitation d’économiser l’équivalent d’une dizaine de journées de travail », commente Michel Brossier. Ce bénéfice sera intégré au calcul du retour sur investissement : « Il est encore difficile à évaluer. Mais au-delà des gains financiers et écologiques, je suis convaincu que ce type d’équipement permet de fixer les exploitants sur leur territoire. »