La Commission des Comptes de l’Agriculture de la Nation (CCAN) vient de publier le résultat prévisionnel de la branche Agricole pour 2018. Derrière une progression du résultat de la branche estimée à 9,4% se cache une réalité très différente, où le rattrapage de certains vient masquer les autres variations, avec des filières qui sont particulièrement affectées.
Plus problématique encore, ces comptes montrent que la valeur ajoutée de la branche agricole est structurellement en baisse en termes réels, c’est à dire déduction faite de l’inflation. Malgré les efforts des agriculteurs pour améliorer la qualité des productions et répondre aux attentes du marché, on constate que de la valeur est détruite depuis 15 ans. Cette pression sur les producteurs agricoles n’est plus acceptable. C’est tout l’enjeu de la concrétisation des États Généraux de l’Alimentation avec la construction du prix payé au producteur « en marche avant».
La CCAN publie également les résultats des comptes par OTEX 2017. Avec un an de décalage, ces comptes confirment le constat fait en décembre dernier : le rattrapage après l’année 2016 très détériorée n’est pas suffisant.
Le Résultat Courant Avant Impôt, (et avant cotisations sociales), est en effet insuffisant pour la pérennité de notre activité. Le RCAI reste négatif pour 14% des exploitations agricoles. Au regard du « restant disponible » pour les agriculteurs, ordonner une augmentation supplémentaire de charges est tout simplement inconcevable. Par exemple, sur une exploitation céréalière moyenne, la hausse de la redevance pour pollution diffuse (RDP) prévue dans le PLF 2019 viendra à elle seule amputer le résultat moyen de plus de 1500€, affectant de façon très nette la capacité pour les exploitants d’investir pour réaliser leur transition écologique, et ce, alors même que l’investissement est en retrait pour la 5ème année consécutive.
Or, l’agriculture fait vivre la ruralité. Une agriculture qui n’investit plus, c’est un monde rural qui s’éteint. À l’heure où la fracture sociale n’a jamais été aussi marquée, et où les agriculteurs sont victimes d’un « agri-bashing » permanent voire d’agressions quotidiennes, il est majeur de redonner des perspectives et des signaux positifs.