Sécheresse et canicule historiques ébranlent l’agriculture française et européenne : toutes les productions sont dans une situation critique et les agriculteurs paient au prix fort le cumul des effets d’un hiver historiquement sec, d’un printemps historiquement chaud et d’un été historiquement caniculaire.
Le chiffrage des pertes subies ne prend pas en compte la détresse morale des agriculteurs, leur inquiétude pour l’avenir à court terme de leurs exploitations et de leurs cheptels. Le manque de production fourragère notamment, en quantité et en qualité, se fait sentir dès maintenant, et aura des conséquences sur l’alimentation humaine et animale…
Les agriculteurs français ont toujours refusé la fatalité du climat, subissant de plein fouet les aléas mais aguerris à l’adaptation, dans le choix de leurs assolements et l’ajustement des dates de semis, dans l’utilisation raisonnée de l’eau, pour ne citer que ces exemples, aidés en cela par l’avancée des connaissances agronomiques et la diffusion rapide des bonnes pratiques, notamment grâce aux outils d’aide à la décision et de pilotage.
Mais l’accélération de la fréquence des phénomènes extrêmes ne fait que rendre absolument indispensable la mise en œuvre effective des solutions déjà identifiées dans les trois groupes de travail du Varenne Agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique.
La rénovation du système assurantiel en adéquation avec la réalité du climat a été votée par le Parlement en mars et est en cours de finalisation pour être opérationnelle au 1er janvier 2023. Plus que jamais, l’assurance et la solidarité nationale permettront de tenir nos exploitations debout.
La gestion pragmatique de l’accès à la ressource en eau passe par la levée des freins administratifs et idéologiques pour stocker davantage les pluies diluviennes et sécuriser les récoltes au Nord comme au Sud.
Enfin, le développement des outils et technologies optimisés, le choix d’assolements et d’itinéraires adaptés identifiés dans la charte d’engagements des filières lors du Varenne Agricole de l’Eau s’imposent pour la prochaine campagne.
Car il faut craindre que le climat de cette année ne sera pas exceptionnel : tous les observateurs s’accordent désormais à dire que l’inédit aujourd’hui sera demain la règle. Continuons à refuser la fatalité du climat, surtout quand les solutions existent et ne demandent qu’une impulsion politique pour devenir une priorité effective ! Avec les Chambres d’Agriculture, les organisations de conseil technique et économique, anticipons et innovons, car les prévisions des météorologues nous l’imposent.
La FNSEA sera mobilisée pour accompagner les agriculteurs dans cette situation délicate, maintenant et dans toutes ses conséquences en cascade à venir. Nous faisons corps avec chacune et chacun d’entre vous !
Christiane Lambert,
Présidente de la FNSEA et du COPA