N°4 – Semaine du 13 avril 2020
Dans le contexte inédit de l’épidémie de COVID-19, la question de la sécurité et de l’approvisionnement alimentaire revêt une préoccupation importante pour les Français et sollicite la réponse adaptée des pouvoirs publics. Dans sa volonté de poursuivre le dialogue avec ses interlocuteurs institutionnels, la FNSEA a souhaité mettre en place une lettre d’information, « Le fil agricole », vous permettant d’être tenu informé(e), de manière hebdomadaire, des enjeux de la production et de la distribution des produits agricoles. Dans l’espoir que cette publication puisse retenir votre attention et à votre entière disposition pour toutes demandes complémentaires.
Initiatives agricoles
Lancement d’une opération massive d’achat de masques à destination des agriculteurs et de leurs salariés
Sur la base des besoins exprimés par les agriculteurs, la FNSEA a proposé cette semaine une opération conjointe d’achat groupé de masques de protection. Cette démarche a pour but de faciliter la réponse aux exigences de protection nées de la crise sanitaire que nous traversons, tant pour les exploitants que pour les salariés de l’amont agricole. Près de 900 000 masques ont été commandés en l’espace de quelques jours et seront rapidement distribués sur le terrain, via les réseaux professionnels et syndicaux locaux.
Actualites et vie des filières agricoles
PLFR 2020 : la profession agricole propose le déblocage simplifie des sommes épargnées dans le cadre de la déduction pour aléas (dpa)
Depuis une quinzaine d’années, des agriculteurs ont pu épargner dans le cadre de la déduction pour aléas (DPA) qui a été récemment réformée et remplacée par un outil plus efficace : la déduction pour épargne de précaution (DEP). Les sommes ainsi épargnées sont aujourd’hui bloquées sur des comptes bancaires, et ne peuvent être utilisées par les exploitants qu’en présence de cas bien spécifiques (le dispositif fiscal survivant jusqu’à son extinction). Cette épargne est notamment mobilisable en présence d’aléas économiques, mais les conditions et les modalités d’utilisation de ces sommes sont très complexes (mesure de la perte de la valeur ajoutée, limitation du montant débloqué…). Dans le cadre du second PLFR « de crise » examiné dès jeudi 16 avril par le Parlement, la FNSEA propose de débloquer cette épargne (DPA) acquise et non utilisée dans les conditions simples et souples d’utilisation du dispositif actuel de la DEP, sans risquer une remise en cause des sommes rapportées au résultat. L’utilisation de ces sommes par les exploitants présentera l’intérêt évident d’améliorer leur trésorerie dans ce contexte inédit, mais pourra aussi, le cas échéant augmenter leur résultat imposable, source de recettes fiscales précieuses pour l’Etat. Le montant de cette réintégration se régulera donc intrinsèquement, comme c’est le cas pour la DEP.
Rebâtir notre indépendance agricole : une priorité majeure d’après-crise
Alors que le chef de l’Etat, dans son discours du 13 avril, a affiché sa volonté de « rebâtir une indépendance agricole française », la profession agricole, par la voie de la FNSEA, prend acte de cette volonté qui résonne comme une prise de conscience politique
essentielle du rôle de l’agriculture dans la construction d’une nation forte et indépendante. Indéniablement, la crise que nous vivons doit être l’occasion de jeter les bases d’un renouveau agricole français, assumé et conquérant. Une vision également partagée par les Français, qui témoignent pour 93% d’entre eux, dans un récent sondage Odoxa-Comfluence / Les Echos, que l’autonomie agricole de la France doit être la première priorité politique d’après crise. De la parole aux actes, le chemin s’avère toutefois encore incertain. La profession agricole sera aux avant-postes pour défendre sa vision de l’après, plus encore après des années où les alertes sur le décrochage économique du secteur ont été ignorées. C’est dans un esprit résolument constructif, que la FNSEA tend la main aux pouvoirs publics, pour proposer d’écrire cette nouvelle page de notre indépendance agricole, bâtie sur des filières agricoles résilientes, compétitives et durables.
Enjeux européens et internationaux
Crise sur les marchés agricoles, la FNSEA demande une réponse immédiate et européenne
La FNSEA a adressé au Commissaire Wojciechowski, un courrier soulignant l’importance des mesures adoptées ou en cours de préparation au sein de la Direction Générale de l’Agriculture plus particulièrement concernant des flexibilités dans la mise en œuvre de la PAC. Toutefois, si ces mesures sont nécessaires, elles ne sont pas suffisantes au regard des conséquences économiques exceptionnelles auxquelles les filières agricoles françaises doivent faire face. Des déséquilibres sont en train de naître sur les marchés, et la situation va s’aggraver avec la récession économique annoncée au niveau mondial. La réponse doit donc être immédiate et européenne : la profession agricole demande une action adaptée à chaque secteur de production concerné et une attention particulière de l’UE au sujet des contingents d’importations de certains produits, susceptibles d’alourdir les déséquilibres de marchés. La FNSEA a marqué sa disponibilité pour contribuer aux réflexions de la Commission européenne en vue des futures mesures de gestion de marchés.
Face à la pandémie mondiale, l’organisation mondiale des agriculteurs exprime ses priorités
Theo De Jager (Afrique du Sud), Président de l’OMA, Organisation Mondiale des Agriculteurs, s’est récemment exprimé sur la pandémie : « le défi d’aujourd’hui est de lancer une campagne mondiale pour s’assurer qu’aucune famille n’ait faim, ni pendant la bataille contre le virus, ni par la suite ». Pour l’OMA, il importe, tant pour les consommateurs que les producteurs, de « répondre aux besoins des plus petits, des plus faibles et des plus vulnérables ». Il faut veiller à ce que la faim ne n’emporte pas et ainsi « détourne les agendas politiques ». « Pour que la nourriture soit disponible, nous demandons aux gouvernements de veiller à ce que les agriculteurs aient les moyens, les intrants et une chaîne de valeur durable et qui fonctionne, afin de continuer de nourrir le monde comme nous l’avons toujours fait auparavant » demande l’OMA. « Les agriculteurs doivent être soutenus et accompagnés pour produire ». « Ceux qui pensent que cela coûtera trop cher devraient considérer le coût de ne pas le faire ! ». « Le virus a vraiment appuyé sur le bouton de réinitialisation du monde et va sans aucun doute changer de nombreux paradigmes et systèmes, que nous avions considérés immuables. Pourtant, en tant qu’agriculteurs du monde, nous voyons une occasion de changer les systèmes alimentaires pour qu’ils soient plus justes et équitables, et de créer un monde sans faim » conclut l’OMA.
Baromètre hebdomadaire des productions agricoles
Contexte global
Au-delà de perturber le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et les équilibres de marché, la crise du Covid-19 a des conséquences sur le comportement des consommateurs. En effet, plus enclins à consommer au travers les circuits de proximité, notamment via les circuits courts et via les livraisons à domicile ou le drive, il n’en reste pas moins que plus de 2/3 des achats de denrées alimentaires sont réalisés auprès de la grande distribution. Au niveau des prix, il faut noter que leur évolution est largement contenue, ils sont stables sur les produits de grande consommation.