N°27 – Semaine du 4 janvier 2021
VŒUX 2021 : ANNÉE CHARNIÈRE POUR L’AGRICULTURE FRANCAISE
À l’occasion des traditionnels vœux de la nouvelle année, la FNSEA tient à adresser aux agriculteurs et à l’ensemble des Français ses meilleurs vœux pour l’année 2021. Après une année 2020 compliquée pour de nombreux secteurs et filières lourdement impactés par la crise sanitaire et économique liée au coronavirus, celle-ci n’en demeure pas moins une année charnière qui a révélé aux yeux de tous la nécessité de sécuriser un système agricole et alimentaire résilient et souverain. 2021, s’annonce donc comme une année de « rebond » pour l’agriculture française. Un rebond placé sous le signe de la reconquête de notre souveraineté alimentaire, d’un accès à l’alimentation saine, sure et durable pour tous et de la poursuite de la modernisation et de la recherche de résilience des exploitations agricoles dans le cadre du plan de relance. Retrouvez les vœux de Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA ICI.
GRIPPE AVIAIRE : UN BESOIN D’AIDE URGENT DES POUVOIRS PUBLICS
La Confédération de l’Aviculture Française (CFA), dans un communiqué du 5 janvier 2021, a tenu à rappeler tout son soutien aux éleveurs de volailles impactés par l’influenza aviaire hautement pathogène (H5N8). Face à cette nouvelle crise sanitaire, elle demande « à l’Etat d’agir au plus vite pour les indemniser et prendre en charge les pertes économiques de non-production ». Saluant le travail déjà réalisé par la filière sur le terrain, Jean-Michel Schaeffer, Président de cette association spécialisée de la FNSEA, rappelle que « nous devons à tout prix éviter le scénario traumatisant de l’hiver 2016/2017 où un dépeuplement massif avait dû être mis en œuvre dans le Sud-Ouest » et que « tout doit être mis en œuvre pour endiguer la diffusion du virus ». La CFA lance aussi un appel aux pouvoirs publics pour agir vite afin d’indemniser les pertes économiques. Ainsi, selon le ministère de l’Agriculture, ce sont déjà plus de 60 élevages qui ont été contaminés par le H5N8 entraînant l’abattage de milliers de volailles, impactant psychologiquement et économiquement les éleveurs.
MOINS D’INSTALLATIONS, MAIS PLUS DE PÉRÉNITÉ POUR LES EXPLOITATIONS AGRICOLES SELON UNE ÉTUDE DE LA MSA
Fin décembre, la Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole (CCMSA) a rendu publique une étude relative aux installations agricoles. Elle indique que « malgré un nombre d’installations de chefs d’exploitation agricole en diminution, on constate un fort taux de maintien dans l’activité agricole dans les six ans suivant l’installation ». Effectivement, 8 exploitations sur 10 existent toujours six ans après l’installation. On note cependant des différences selon la population d’installés et le type d’activité. Les installés de moins de 40 ans parviennent à se maintenir à presque 90%, preuve que le parcours d’installation tel qu’il existe aujourd’hui est assez performant. Aussi, ce sont les élevages qui se maintiennent le mieux : élevages porcins (95,3%), bovins-viande (94,5%), bovins-mixtes (93,3%) et bovins-laits (92,2%, très bons scores devant la polyculture-élevage), arboriculture (91,1%), grandes cultures (90,7%), viticulture (90,3%), élevages ovins/caprins (88%), « autres cultures spécialisées » (80,5%) et élevages de volailles et de lapins (79,8%). L’étude révèle également un taux de féminisation stable, des installations qui s’effectuent toujours majoritairement sous forme sociétaire et note une diminution de la superficie moyenne par jeune installé. La CCMSA indique par ailleurs que « le taux de renouvellement – ratio entre le nombre total de nouveaux installés (jeunes et tardifs hors transfert entre époux) et le nombre de chefs d’exploitation déjà en exercice – atteint 3,1% en 2019, sans changement par rapport à 2018 ».
AFFICHAGE ENVIRONNEMENTAL : LE RISQUE D’UN AFFICHAGE BIAISÉ POUR L’ELEVAGE RUMINANT NATIONAL ?
Le 14 décembre dernier, le Président de la République s’est engagé devant la Convention citoyenne pour le climat à encourager le développement d’un « score carbone » pour orienter le choix des consommateurs vers des produits « respectueux de l’environnement ». Si l’intention est louable, la filière ruminante nationale redoute toutefois la mise en place d’un affichage environnemental biaisé et trompeur si les méthodes de calculs actuels n’évoluent pas. Actuellement, l’impact environnemental d’un produit consiste à additionner et à rapporter ensuite au kilogramme les différents impacts environnementaux tout au long de la chaîne de production, de l’agriculture à la consommation, en passant par la transformation et la logistique. Cette méthode du cycle de vie, seule à être reconnue à ce jour, pénalise très fortement les productions issues de l’élevage herbager (majoritaire dans la filière ruminant en France), car cette méthode favorise les cycles de production plus courts, donc plus « intensifs ». Un autre biais majeur de cette méthode est qu’elle ne comptabilise pas l’ensemble des services rendus par l’élevage des herbivores, comme le stockage du carbone dans le sol, par les 13 millions d’hectares de prairies françaises et le développement de la biodiversité. Ainsi, il est à craindre qu’en l’état actuel des méthodes de calcul « une viande issue des feedlots américains affiche un score environnemental meilleur qu’une viande issue de bovins qui pâturent sur de grandes surfaces de prairies qui stockent le carbone et protègent la biodiversité ». Face à ces incohérences, au manque de consensus scientifique et aux risques de tromper les consommateurs, les éleveurs, par la voie de l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes (Interbev), demande la suspension de la base de données Agribalyse et souhaite des indicateurs complémentaires sur la biodiversité, le stockage du carbone, le maintien des prairies et un affichage social.
UE/USA : LES VINS ET SPIRITUEUX ENCORE TAXÉS
Depuis plus de 16 ans, le dossier Boeing/Airbus entre l’Union européenne et les Etats Unis n’en finit pas d’alimenter un conflit commercial qui impacte de nombreux secteurs économiques, dont l’agriculture. Le 30 décembre 2020, les Etats-Unis ont annoncé une hausse de 25% des droits de douane sur des produits agricoles et agroalimentaires européens, notamment sur les vins non pétillants et les eaux de vie à base de raisin. Pour justifier cette nouvelle rétorsion, Washington défend la « mesure d’ajustement » aux taxes que l’Union européenne avait appliquées, en décembre, sur la base d’une décision de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Rappelant la base légale de cette décision, le Gouvernement comme la FNSEA, ont condamné la décision de l’administration Trump et se sont engagés à accompagner les filières viti-vinicoles impactées. Ce manque à gagner pourrait en effet dépasser le milliard d’euros pour la filière viticole. La profession agricole appelle l’Etat et l’UE à compenser au plus vite les entreprises françaises et européennes qui essuient les dommages collatéraux de ce conflit interminable.
L’AUSTRALIE OUVRE LA VOIE ET SANCTIONNE L’ACTIVISME RADICAL DES MILITANTS ANTISPECISTES
Fin décembre, Canberra a publié de nouvelles règles visant à retirer le statut d’organisation caritative aux organisations radicales des droits des animaux. David Littleproud, le ministre australien de l’Agriculture a indiqué que ces dernières qui « harcèlent, intimident ou espionnent les familles d’agriculteurs, ne pourront plus prétendre à une exonération fiscale pour leurs activités de collecte de fonds ». Dans le détail, le règlement explique que les agréments et les avantages fiscaux seront désormais retirés, lorsqu’il s’agira d’intrusions, de violations de propriété, de dommages aux biens, de vandalisme et de menaces de violence. Se déclarant satisfait, le principal syndicat agricole australien National Farmers’ Federation (NFF) souhaite que les six états de ce pays fédéral (Nouvelles-Galles du Sud, Victoria, Queensland, Australie-Occidentale, Australie-Méridionale et Tasmanie) s’engagent désormais à des sanctions plus sévères, « y compris de lourdes amendes et des peines de prison » pour l’activisme anti-agriculture, comme l’a déclaré son Directeur exécutif, Tony Mahar. Preuve qu’avec de la volonté politique, la lutte contre l’agribashing et les violences qui en découlent est possible.
L’EAU AU CŒUR DE LA PROBLÉMATIQUE AGRICOLE MONDIALE
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rendu public, fin 2020, un rapport intitulé Relever le défi de l’eau dans l’agriculture. Le constat que dresse la FAO est sans appel : « près de la moitié de la population mondiale sur 3,2 milliards de personnes (sur les 7,5 milliards) vivent dans des régions agricoles qui connaissent une rareté de l’eau ou des pénuries d’un degré élevé à très élevé ». Parmi elles, 1,2 milliard de personnes – soit environ un sixième de la population mondiale – vivent dans des régions agricoles gravement touchées par des contraintes hydriques. Du fait de la croissance démographique, « le volume annuel des ressources en eau disponibles par personne a diminué de plus de 20% au cours de ces vingt dernières années », poursuit le rapport de la FAO. Or, cette pénurie d’eau touche majoritairement les populations qui vivent de l’agriculture. La FAO rappelle également que si l’agriculture est le secteur qui est le plus gros consommateur d’eau dans le monde, c’est aussi le secteur qui essuie le plus de difficultés face au manque. Ainsi, selon les relevés de la FAO, 656 millions d’ha (Mha) de pâturages subissent de fréquents épisodes de sécheresse ; 171 Mha de terres irriguées sont soumis à un niveau élevé, voire très élevé de stress hydrique et 128 Mha de terres pluviales connaissent des sécheresses récurrentes. Pour remplir les objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU, la FAO propose de « libérer le potentiel de l’agriculture pluviale » mais à la condition expresse d’« améliorer la gestion de l’eau ». Elle s’appuie sur une étude qui a établi que les pratiques de récupération et de conservation (retenue d’eau, bassines…) pouvaient se traduire par une augmentation de la production des zones pluviales, mesurée en kilocalories, de 24%, et de plus de 40% si on y adjoint une expansion de l’irrigation. « Investir dans l’irrigation pour améliorer la productivité de l’eau sera essentiel pour faire face aux situations de rareté », souligne le rapport de la FAO. Elle entend aussi améliorer la productivité de l’eau dans la production animale, ce qui permettrait ainsi de réduire la pression sur les ressources hydriques. La FAO veut également promouvoir les « approches innovantes » comme le dessalement et le retraitement des eaux usées. Reste à déterminer les sommes que les États concernés et les pouvoirs publics locaux devront engager pour atteindre ces objectifs.