N°2
29 – Semaine du 18 janvier 2021
PHOTOVOLTAÏQUE : UNE CHARTE POUR UN DEVELOPPEMENT MAÎTRISÉ
Le 19 janvier, la FNSEA, l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA) et EDF Renouvelables ont signé une charte visant à assurer un développement raisonné de l’énergie photovoltaïque au sol en France. Les deux organisations professionnelles agricoles et l’entreprise publique entendent répondre en partie aux enjeux posés par le changement climatique, notamment à travers la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui prévoit de porter les capacités de l’énergie solaire photovoltaïque de 10 gigawatts (GW) aujourd’hui à environ 40 GW à l’horizon 2028-2030… « mais pas n’importe comment. Développement oui, mais encadré », a dit en substance Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA. Elle entend, comme Sébastien Windsor, Président de l’APCA, « préserver le foncier afin d’assurer notre souveraineté alimentaire ». Si à ce jour, ce sont les friches industrielles, les délaissés d’autoroute, les anciennes décharges et les bâtiments industriels et agricoles qui sont privilégiés pour développer l’énergie photovoltaïque, il reste en effet environ 15 000 ha de panneaux photovoltaïques à intégrer à notre mix énergétique pour atteindre les objectifs fixés par la PPE. Dans ce contexte, la pression sur le foncier agricole s’accroît et les projets se multiplient sans réel contrôle, d’où l’importance de fixer une feuille de route claire et partagée par les acteurs. La charte signée prévoit ainsi un certain nombre d’obligations environnementales et consacre la Commission départementale de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers comme lieu de validation des projets. Elle entend ainsi privilégier la mise en place de services environnementaux dans le cas de mesures compensatoires environnementales à mettre en place sur du foncier agricole. Une mention indique une durée d’exploitation de la centrale ne pouvant excéder trente-cinq ans. De même, elle note la réversibilité totale de l’installation avec l’utilisation d’ancrages sans béton ou l’engagement de l’opérateur d’enlever les ancrages béton en fin d’exploitation. Elle oblige également l’opérateur à la remise en état des terrains après démantèlement de l’installation et oblige à recycler l’ensemble des matériaux recyclables par le biais de filières dédiées. Affirmant que « cette charte constitue une réelle avancée », Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA, a rappelé que le monde agricole sera « très attentif à ce que cette diversification des revenus des agriculteurs n’empiète pas sur la production alimentaire. Cette charte est une nouvelle démonstration du rôle majeur que jouent les agriculteurs dans la lutte contre le changement climatique, en faisant d’eux des climacteurs. »
FNSEA + JA : MOBILISATION POUR UNE JUSTE RÉMUNÉRATION DES AGRICULTEURS !
Le mercredi 20 janvier, partout en France, Jeunes Agriculteurs (JA) et la FNSEA se sont mobilisés pour défendre une juste rémunération des agriculteurs en allant à la rencontre des acteurs de la grande distribution et des transformateurs pour leur rappeler l’impératif de prise en compte des coûts de production dans les négociations commerciales qui ont lieu en ce moment et ce jusqu’au 1er mars 2021. Cet appel fait écho aux négociations commerciales sur les produits alimentaires particulièrement tendues cette année, alors que la grande distribution a connu en 2020 des résultats exceptionnels, avec un chiffre d’affaires en progression de 1,8%. Par cette action nationale, le syndicalisme agricole souhaite alerter le grand public de l’attitude de certains acteurs de la distribution, peu réceptifs aux tarifs proposés par les fournisseurs et qui poussent à la déflation, en ne prenant pas en compte la hausse des coûts de production à l’amont. Pour le monde agricole, il est primordial que la part de contrats prenant en compte les indicateurs de coûts de production, augmente massivement, conformément aux engagements pris lors des Etats généraux de l’alimentation (EGalim). Cette mobilisation nationale est aussi l’occasion de rappeler la nécessité d’appliquer fermement l’ensemble des autres dispositifs de la loi EGalim (indicateurs de coûts de production, seuil de revente à perte, encadrement des promotions…) pour un juste retour de la valeur dans les cours de ferme.
UN FRANÇAIS ÉLU NOUVEAU PRÉSIDENT DES JEUNES AGRICULTEURS EUROPÉENS
Le Français Samuel Masse a été élu président du Conseil européen des jeunes agriculteurs (CEJA/ECYF – European Council of Young Farmers) le 19 janvier. Il remplace à ce poste le Belge Jannes Maes, éleveur laitier en Flandres. Vigneron indépendant sur 20 ha de vignes (bio) en « AOP Languedoc » et « IGP Pays d’Oc”, Samuel Masse, qui était Vice-président du CEJA depuis 2019, est associé depuis 2018 avec son frère sur le Domaine de Favas dans l’Hérault. Samuel Masse a auparavant été Secrétaire général puis Président de Jeunes Agriculteurs (JA) de l’Hérault. Il était, également, jusqu’à fin 2020, membre du Conseil d’administration national de JA en charge des questions européennes et internationales, de la chaîne alimentaire et des labels de qualité. « Je veux poursuivre sur la lancée des mois passés et atteindre les objectifs définis en juin 2019 lors de l’entrée en fonction du Conseil d’administration de la CEJA », a-t-il expliqué. « Nous suivrons l’agenda politique et poursuivrons nos efforts pour faire entendre la voix des jeunes agriculteurs dans l’arène européenne », mentionnant qu’ »un accent particulier sera mis dans les prochaines semaines sur le plan de relance de l’UE et les plans stratégiques nationaux de la PAC », a-t-il indiqué.
UN NOUVEAU PORTAIL INTERNET POUR L’AGROÉCOLOGIE
Afin de répertorier les quelques 1 500 collectifs agroécologiques (GIEE, groupes 30 000 et DEPHY Fermes) existants et les plus de 25 000 agriculteurs accompagnés dans le cadre de ces groupes, l’APCA a lancé le site web collectifs-agroecologie.fr. Grâce à un outil de cartographie, il sera possible, au niveau national et régional, de localiser un collectif et d’accéder à sa carte d’identité et à ses livrables de capitalisation. Cette plateforme web est le résultat d’un travail en partenariat entre l’APCA, les Chambres régionales d’agriculture, les DRAAF et la DGPE, et d’une concertation avec toutes les autres structures de développement. Pour en savoir plus : https://collectifs-agroecologie.fr/
OUZBÉKISTAN / RUSSIE : QUAND L’AGRICULTURE RESTE UN MOYEN DE PRESSION GÉOSTRATÉGIQUE
La Russie et l’Ouzbékistan se sont livrés à la fin de l’année 2020 à un conflit alimentaire sur fond de relations diplomatiques, nous rappelant ainsi le caractère stratégique de l’agriculture. En effet, durant les mois de novembre et de décembre 2020, le Service fédéral de la surveillance vétérinaire et phytosanitaire de Russie (Rosselkhoznadzor) a affirmé la présence de parasites comme le ToBRFV sur différents produits alimentaires et agricoles en provenance d’Ouzbékistan. Progressivement, la Russie a alors imposé plusieurs interdictions sur l’importation. D’abord sur les tomates et poivrons, puis sur les fruits secs, pour enfin interdire totalement tous les produits agricoles provenant de région de Fergana. Les autorités ouzbèkes ont alors commandé des enquêtes de vérifications et ont contestés les accusations de présence des parasites dans leurs produits agricoles. Il faut alors voir derrière ces mesures sanitaires, des mesures plus politiques et diplomatiques, puisque les produits alimentaires et agricoles représentent une part considérable des exportations de l’Ouzbékistan vers la Russie (28%), qui est son principal partenaire commercial. Cette pression inamicale semblerait être un moyen pour Moscou de lancer un avertissement à Tachkent (capitale de l’Ouzbékistan), qui a récemment rejoint l’Union économique eurasienne (UEEA) en tant qu’observateur, après avoir longtemps tergiversé à conclure un accord sur l’achat d’un million de doses de vaccin russe pour les travailleurs frontaliers locaux allant travailler en Russie. Ainsi, l’interdiction des importations ouzbèkes par le Rosselkhoznadzor peut être considérée comme une première guerre alimentaire (limitée) entre la Russie et l’Ouzbékistan, preuve de l’importance stratégique de l’agriculture dans les relations internationales.
BILL GATES, LE PLUS GRAND PROPRIÉTAIRE AGRICOLE DES USA… QUESTIONNE LA FRANCE
Selon le magazine The Land Report, Bill Gates possède environ 100 000 ha de terres agricoles, ce qui en fait le plus grand propriétaire des USA. Les terres ont été achetées et sont gérées par Cascade Investments, la société appartenant à Gates. Les fermes sont réparties dans tous les États américains de la Californie au Wisconsin. Les prix payés par Cascade Investment sont très élevés. Elle a payé par exemple 29 000 $/ha (23 780 €) dans l’État de Washington pour une acquisition de 5 870 ha, un prix bien plus élevé que les prix courants dans l’État. Bill Gates fait donc aussi augmenter les prix comme tous les autres investisseurs extérieurs venant en agriculture et évince des farmers de ce marché. Sa fortune foncière agricole s’étend dans les États suivants : la Louisiane (27 952 ha), l’Arkansas (19 395 ha), l’Arizona (10 420 ha), le Nebraska (8ol331 ha), l’État de Washington (6 514 ha), ainsi que la Californie, l’Idaho, le Wyoming, le Colorado, le Nouveau-Mexique, l’Iowa, le Wisconsin, l’Illinois, le Michigan, l’Indiana, l’Ohio, la Caroline du Nord, la Floride et Mississippi. Ce qui est incroyable, c’est qu’on ignore tout sur les objectifs précis du magnat concernant ses terres aux USA. Sont-elles en production agricole, ou pour partie réservées à la protection de la nature ? Cascade Investments n’a jamais répondu à cette question pourtant posée et répétée par divers magazines américains. Face à cet accaparement financier de terres outre-Atlantique, la FNSEA poursuit un travail actif afin d’alerter les pouvoirs publics du risque encouru par la financiarisation à outrance du foncier agricole, phénomène aussi en développement constant sur notre territoire national.
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales.
AVICULTURE : BAISSE DES ABATTAGES EN NOVEMBRE 2020… AVANT LA CRISE DE L’INFLUENZA AVIAIRE
Le service statistique Agreste du Ministère de l’Agriculture, publie les chiffres du mois concernant l’aviculture. Ainsi, en novembre, avant la nouvelle crise d’Influenza aviaire, Agreste note une baisse des abattages de volailles festives en poids par rapport à 2019. Habituellement, en regain à cette période, on constate une timide progression pour les filières canards gras et pintades, alors que les abattages de dindes et de canards à rôtir fléchissent. Les mois précédant, de septembre et d’octobre 2020, note le redressement de la mise en place de canetons dans les élevages. Concernant la production d’œufs, le prix en novembre 2020 est inférieur de 35% au prix moyen des cinq dernières années. On note cependant, une progression de la production d’œufs en décembre 2020, de 8,2% sur l’année et continuerait de croître sur les trois prochains mois. Depuis le 5 décembre, une nouvelle crise sanitaire impacte la production de volailles, notamment de palmipèdes. Il sera intéressant de surveiller l’impact sur les productions.
BAISSE DU PRIX DU LAIT DE VACHE
Pénalisée par les mauvaises conditions météorologiques et par une qualité médiocre des ensilages de maïs, la collecte de lait de vache a baissé de 0,4% sur un an, constatait Agreste, le service statistique du Ministère de l’Agriculture, en novembre 2020. Durant cette période, le prix du lait standard conventionnel (hors Bio et AOP/IGP) est en retrait de 1,7% par rapport à 2019, étant estimé à 328 C/1 000 litres. Plus largement, ce sont tous les types de lait qui sont en baisse, le prix standard est en retrait de 1,3%, s’établissant en moyenne à 347 C/1 000 litres en novembre 2020. Concernant le prix à, teneurs réelles, il est estimé à 381 C/1 000 litres, lui aussi en recul de 2,1%. En revanche, l’évolution sur un an des fabrications des produits laitiers est hétérogène. Ainsi, les fabrications de laits liquides, de yaourts et le séchage des poudres de lait progressent, alors que la plupart des fabrications de fromages sont en retrait, hormis celles des fromages frais et des fromages à pâte molle qui progressent sur un an.
PROGRESSION DE LA COLLECTE DU LAIT DE CHÈVRE
Durant les 10 premiers mois de l’année 2020, ce sont 439 millions de litres de lait de chèvre qui ont été collectés, ce qui représente 18,1 millions de litres en plus par rapport à 2019, soit +4,3%. Même si l’on constate que pendant le confinement les Français ont mangé plus de fromage de chèvre qu’à l’ordinaire, depuis l’été dernier on note que la consommation se tarit. Ainsi, les stocks de produits à base de lait de chèvre se reconstituent semaine après semaine, pour atteindre 5 300 tonnes fin octobre 2020. L’Institut de l’élevage, analyse que « ces stocks sont supérieurs de 26% à leurs niveaux de 2019 – une année marquée par l’approvisionnement tendu de l’industrie – mais ils restent inférieurs de 16% à la moyenne observée entre 2015 et 2018 ». Malgré une hausse des fabrications de produits laitiers au lait de chèvre en novembre 2020, la production fromagère restent en retrait sur un an, sur 10 mois elle reste identique à celle de l’année passée, soit 83 200 tonnes. La nouvelle campagne débutera avec des stocks de report qui n’ont pas été résorbés à la fin de l’année passée.
FILIÈRE OVINE : LE COURS DE L’AGNEAU EN HAUSSE
Les éleveurs d’ovins bénéficient d’une conjoncture concurrentielle très favorable alors que les Français consomment toujours moins de viande de mouton. A 7,26 €/kg de carcasse en semaine 53, le marché ovin clôt l’année 2020 à un niveau historiquement élevé : +0,98 € par rapport à 2018. Les abattages d’agneaux sont restés stables sur un an alors que la consommation de viande a globalement baissé de 6%. Mais la préférence des Français se porte davantage sur la viande d’origine française. La conjoncture très favorable des prix pousse naturellement les éleveurs à conserver une année de plus leurs brebis pour la reproduction : les abattages de réformes ont baissé de 6% sur un an. Le Brexit et la crise sanitaire de la Covid désorganisent la filière ovine britannique. Les abattages et les expéditions sont en forte baisse : -263 000 tonnes équivalent carcasse (téc), en recul de 9% par rapport à 2019. En Australie, 42% des éleveurs reconstituent leur troupeau après deux années de sécheresse. A l’export, l’Australie est donc toujours limitée par sa production temporairement restreinte. 16% d’ovins en moins ont été commercialisés depuis le début de l’année 2020. Toutefois, la crise de la Covid et les différends diplomatiques qui opposent l’Australie à la Chine l’empêchent d’exporter des animaux. L’empire du milieu privilégie les importations de viande en provenance de Nouvelle-Zélande. En onze mois, l’île-continent a accru ses exportations vers la Chine de 8% mais ses ventes vers l’UE ont baissé de 6%. Cumulées sur 11 mois, les ventes d’agneaux néo-zélandais restent cependant stables d’une année sur l’autre (398 000 téc). Mais la sécheresse survenue au début de 2020 en Nouvelle-Zélande a incité ses producteurs à se défaire d’une partie de leur cheptel reproducteur (+12% d’abattages des réformes).