INITIATIVES AGRICOLES
SAISONNIERS AGRICOLES : LA FNSEA APPELLE À LA MOBILISATION GÉNÉRALE
La FNSEA a rencontré le 28 janvier dernier le Premier Ministre, Jean Castex à l’Hôtel de Matignon. En plus des sujets conjoncturels, les discussions ont porté sur le volet social agricole. La FNSEA a appelé le Gouvernement à la « mobilisation générale pour la cueillette des fruits et légumes qui va débuter très prochainement ». En plus des 235 000 salariés permanents que compte l’agriculture, il faut ajouter environ un million de saisonniers qui, chaque année, viennent prêter main-forte aux agriculteurs. La principale crainte du syndicat est la fermeture des frontières et donc l’impossibilité de recruter des travailleurs étrangers spécialisés. Une réalité parfois incomprise mais qui souligne la difficulté récurrente de recrutement dans le secteur agricole. D’après les enquêtes internes de la FNSEA, près de 60% des employeurs ont rencontré des difficultés à pourvoir les postes, ce qui se traduit par un recours accru à la prestation de service et au travail détaché. Si la FNSEA milite pour une « relocalisation » de la main-d’œuvre agricole, elle craint que les signaux faibles actuels deviennent catastrophiques pour un certain nombre d’entreprises, si elles ne pouvaient, demain, faire appel à de la main-d’œuvre nécessaire pour les récoltes à venir. Si 80% du recrutement s’effectue par bouche-à-oreille, la majorité des saisonniers agricoles manquent toujours à l’appel. Les échanges avec le Gouvernement et les organisations professionnelles doivent se poursuivre très prochainement pour évaluer toutes les pistes permettant d’assurer, dans l’urgence, la bonne mise en œuvre des chantiers de récolte à venir.
ACTUALITÉS AGRICOLES
PARTS DE SOCIÉTÉS : FRONT AGRICOLE UNI AUTOUR DE LA PRISE DE CONSCIENCE DES PARLEMENTAIRES SUR LA RÉGULATION DU FONCIER
La FNSEA, les Chambres d’agriculture France, la FNSafer et Jeunes Agriculteurs ont déclaré, le 3 février dans un communiqué de presse, « saluer la prise de conscience des parlementaires sur la régulation du foncier ». Les quatre organisations « appellent à un large consensus autour de la proposition de loi » du député Jean-Bernard Sempastous (LREM-Hautes-Pyrénées) « portant mesures d’urgence pour la régulation de l’accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires ». En effet, faute de loi foncière de nombreuses sociétés réalisent des montages juridiques et financiers pour racheter des exploitations, empêchant ainsi des jeunes agriculteurs de s’installer. « Ces comportements vont à l’encontre de l’impératif de renouvellement des générations », se désolent les quatre organisations agricoles. Il y a effectivement urgence à agir car 130 000 exploitants ont aujourd’hui plus de 55 ans et vont partir à la retraite sous peu. Ils représentent environ un quart d’une surface agricole utilisée (SAU) qui fera l’objet de convoitises dans les prochaines années. De plus, le contrôle des structures a été mis en place dans les années 60, période à laquelle le régime sociétaire était quasiment inexistant. Les organisations agricoles souhaitent maintenant qu’un « consensus politique permette l’inscription et l’adoption de la proposition de loi », en attendant, toujours avec impatience, une loi foncière plus globale promise par le chef de l’État, reportée sine die en raison de la crise de la Covid-19 et d’un calendrier parlementaire particulièrement chargé.
NÉGOCIATIONS COMMERCIALES : À UN MOIS DE LA CLÔTURE, DES DEMANDES DE BAISSES DE TARIFS INACCEPTABLES !
Une nouvelle réunion du Comité de suivi des relations commerciales organisée par Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et Agnès Pannier-Runacher, Ministre déléguée à l’Industrie s’est tenue le 29 janvier dernier. Une semaine après la mobilisation syndicale du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) sur le thème de la rémunération des producteurs, les deux organisations déplorent à nouveau l’attitude irresponsable de la grande distribution. En raison de la fermeture de la restauration hors domicile et du report d’achat, les panélistes (Iri, Nielsen) publient des hausses très importantes de chiffre d’affaires de la grande distribution (+6,3%) pour l’année 2020, qui ont nécessairement engendré une évolution positive de masses de marges, d’autant que l’Insee, pour sa part, chiffre la hausse des prix alimentaires à +2%. Au global ce sont des sommes considérables captées par les enseignes depuis 2019. En parallèle, la profession agricole déplore des demandes de déflation de la part de ces mêmes enseignes, alors que les cours de certaines matières premières augmentent (+20% pour les céréales, +25% sur le soja) et renchérissent considérablement le coût de l’alimentation animale pour tous les éleveurs. Il est indispensable que ces hausses de coût de production soient répercutées dans les CGV (conditions générales de vente), c’est l’esprit même de la construction des prix en marche avant sur la base des indicateurs de coûts de production, qui est la pierre angulaire de la Loi Alimentation. La hausse de tarifs demandée dans les CGV par les producteurs et les industriels aux distributeurs est pleinement justifiée et ne doit pas être balayée d’un revers de la main par les distributeurs. Les producteurs, à travers la FNSEA et Jeunes Agriculteurs, ont jusqu’à présent salué les outils de la Loi EGAlim et mis tout en œuvre pour leur bonne application. C’est désormais à l’Etat de prendre sa part en sanctionnant très fermement les dérives qui mettent en danger l’agriculture française et par conséquent la souveraineté alimentaire que le gouvernement appelle de ses vœux !
DÉLIT D’ENTRAVE : VERS UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DES INTRUSIONS DANS LES EXPLOITATIONS AGRICOLES ?
La mission d’information parlementaire sur les « entraves à l’exercice d’activités légales » a rendu ses conclusions le 27 janvier 2021. Elle propose de créer un nouveau délit qui pourrait sanctionner les auteurs d’intrusions dans les exploitations agricoles. Ce délit viserait « l’introduction sans droit dans un lieu où sont exercées, de façon licite, des activités commerciales, industrielles, artisanales, agricoles ou de loisir, dans le but de troubler la tranquillité ou le déroulement normal de l’activité ». Dans leur rapport, les députés, Martine Leguille-Balloy (LREM-Vendée), Alain Péréa (LREM-Aude) et Xavier Breton (LR-Ain) suggèrent des peines « d’un an d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende », assorties de circonstances aggravantes en cas de « risque sanitaire pour l’homme ou les animaux », ou quand le but de l’intrusion est de manipuler les images et nuire à l’ensemble de l’activité agricole. Pour la FNSEA, ces conclusions vont dans le sens des demandes formulées depuis des mois par la profession agricole au regard d’une réponse pénale trop faible face à la recrudescence des intrusions antispécistes dans les élevages. Le syndicat agricole appelle à ce que certaines de ces conclusions fassent rapidement l’objet d’une initiative législative.
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
L’AGRICULTURE ALLEMANDE POURSUIT SA RESTRUCTURATION
Entre 2010 et 2020 le visage de l’agriculture allemande a changé. Entre 2010, date du précédent recensement agricole, et 2020, date du dernier recensement réalisé, le nombre d’exploitations a diminué de -12% à 263 500 unités. La surface agricole utile (SAU) est restée quasi constante avec une diminution de -1% à 16,6 millions d’hectares (Mha). La moyenne de surface par exploitation est de 63 ha soit 13% de plus par rapport à il y a dix ans quand cette moyenne était de 56 ha. Dans l’Est allemand cependant, 86% des fermes exploitent plus de 100 ha. 14% des exploitations travaillent 62% de la SAU. Le nombre total d’exploitations de plus de 100 ha a augmenté de 4 500 depuis 2010 pour atteindre 38 100. Mais la restructuration ralentit, car entre 2016 et 2020, le nombre d’exploitations a reculé de 3 000 et l’augmentation de surface par exploitation n’a été que de 0,6 ha, contre une diminution de 4 000 en nombre entre 2010 et 2016, et une augmentation moyenne de 0,8 ha par exploitation. En élevage, les statistiques mettent l’accent sur une diminution des cheptels totaux, mais surtout un recul plus important du nombre d’exploitations d’élevage, ce qui se traduit par une augmentation moyenne des troupeaux par exploitation. Le nombre d’élevages de porcs s’est effondré de -47% en une décennie alors que le cheptel total n’a reculé que de -4%. En revanche, la moyenne de porcs par élevage a presque doublé : elle est passée de 459 en 2010 à 827 têtes en 2020. La spécialisation s’est aussi accrue : 14 200 élevages exclusivement de porcs détiennent 72% du cheptel total. Même tendance observée en volaille, 10 000 élevages détiennent 70% du cheptel total. Pour les bovins, les stabulations libres ont continué à s’étendre et à représenter désormais 85% des élevages contre 75%, il y a une décennie, l’essentiel du solde étant constitué d’élevages entravés. En 2020, il y avait 26 400 exploitations en bio, soit 10% du nombre total d’exploitations. Ce nombre a augmenté de +9 900 ou de +60% depuis 2010. Les bios exploitent 1,6 millions d’hectares, surface qui est passée de 5,6% de la SAU à 9,6% sur la période. Le nombre d’élevages bio a augmenté en 10 ans de +43% à 17 500, soit 10% du nombre d’élevages (8% en bovins, 5% en volailles et un peu moins de 1% en porcs). Côté emploi, l’Allemagne comptait, au terme du recensement 2020, 973 900 actifs en agriculture soit une diminution de -13% par rapport à 2010. 463 100 personnes étaient des actifs familiaux auxquels il faut ajouter 239 300 salariés permanents et 271 500 saisonniers.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
PRÉVISIONS : CÉRÉALES, LA HAUSSE DES COURS MONDIAUX JUSQU’EN 2022 ?
La Chine, les États-Unis et la Russie sont les trois piliers sur lesquels repose l’essor des échanges commerciaux mondiaux de céréales au cours des deux prochaines années et au-delà. Malgré la pandémie de la Covid, jamais autant de céréales et de soja n’ont été exportées dans le monde (406 millions de tonnes/Mt, +25 Mt sur un an). Compte tenu du niveau des stocks de report aux États-Unis, Dan Basse, économiste à AgResource (États-Unis), est persuadé que les prix agricoles resteront élevés au moins deux ans. L’expert participait à la nouvelle édition du Paris Grain Day. Vu des États-Unis, le moteur de la hausse des cours des commodités est le niveau très faible des stocks de report étasuniens et mondiaux de maïs et de soja. Selon le spécialiste, plus ils sont faibles, plus les prix de campagne sont élevés. Aussi, la tonne de maïs ou de blé vaudra au moins, sur le marché américain, 180 € (1 $ = 1,2 €) et celle de soja 410 €. Au printemps prochain, la conjoncture économique incitera les farmers à produire, à la fois, plus de maïs (+500 000 hectares) et surtout plus de soja (+3 Mha) car la culture de la protéagineuse est plus rentable. Quoi qu’il en soit, les capacités de croissance de la production agricole américaine sont limitées. Par ailleurs, la priorité reste l’approvisionnement du marché intérieur et autant que possible la reconstitution des stocks de report et non pas l’export. La Chine reconstitue son cheptel porcin à une vitesse foudroyante. A la fin de l’année, on pourrait dénombrer 45 millions de truies, soit 20 millions plus qu’actuellement. Et comme les modes de production reposent de plus en plus sur des standards européens, la Chine importe massivement des céréales et du soja. Les accords commerciaux passés avec les Etats-Unis privilégieront l’origine américaine. En 2021, l’empire du milieu pourrait au moins doubler ses échanges commerciaux agricoles avec la Chine en important 36 milliards d’euros (Md€) de commodités des Etats-Unis, selon Rosa Wang, analyste des marchés qui participait aussi au Paris Grain Day. Toutefois, la production chinoise de maïs sera davantage destinée à la fabrication d’aliments au détriment de la filière éthanol. Par ailleurs, l’empire du milieu escompte vulgariser la culture de variétés de maïs OGM plus productives pour récolter entre 20 Mt à 40 Mt de plus de grains par an. Il vise des rendements supérieurs à 7 tonnes par ha contre moins de 6 tonnes actuellement.
CONJONCTURE : LE MARCHÉ DU VIN TENTE DE RÉSISTER À LA CRISE
En dépit d’un marché alourdi par la fermeture des bars et restaurants et par les difficultés à l’export, les volumes échangés en vrac à la production ont progressé lors des premiers mois de la campagne de commercialisation 2020/2021 (d’août à décembre dernier pour les vins de France et IGP et d’août à novembre pour les AOP). Les échanges en vins de France (SIG) se situent à un niveau supérieur de 6% par rapport à la campagne précédente, ceux des vins IGP de 19%, et ceux des AOC/AOP sont également en hausse, selon la note de conjoncture de FranceAgriMer diffusée à l’issue du Conseil spécialisé du 20 janvier. Au niveau des prix, les vins IGP sont orientés à la baisse (de 3% en moyenne) tout comme les AOC/AOP rouges. Les prix des vins de France et ceux des AOC/AOP blancs, en revanche, opposent une certaine résistance. Ces évolutions, plus contrastées qu’attendues, auraient plusieurs explications. La vitalité des transactions résulte principalement des stocks importants accumulés à l’issue d’une fin de campagne 2019/2020 relativement calme en raison de la situation sanitaire, observent d’abord les analystes de FranceAgriMer. Ensuite, les statistiques analysées par l’office agricole concernent exclusivement le marché du vrac, moins impacté par la fermeture des restaurants que le marché de la bouteille et épargné jusqu’à ces dernières semaines par les surtaxes américaines. Enfin, les mesures de distillation mises en œuvre au deuxième semestre 2020 ont sans doute contribué à assainir le marché. Les transactions observées sur le marché des AOP en début de campagne font également apparaître que toutes les catégories et appellations ne sont pas logées à la même enseigne vis-à-vis des conséquences de la crise. La note de conjoncture de FranceAgriMer souligne ainsi que les appellations de vin blanc sont les seules à bénéficier de la hausse des prix parmi les AOP, « la majorité des appellations AOP rouges » reculant en termes de prix moyen. Des contrastes importants apparaissent également d’une région à l’autre. Concernant la hausse des prix des blancs, ce sont les Bourgogne qui tirent les prix vers le haut. D’autres régions, en revanche, sont à la peine. « Les Beaujolais sont les vins AOP qui connaissent la plus forte chute de leur prix sur la période d’août à novembre 2020 par rapport à la même période de 2019 », écrivent les auteurs de la note. La mévente du « Beaujolais Nouveau », sorti en pleine période de reconfinement automnal, n’est sans doute pas étrangère à ces difficultés. Les dernières données relatives à la consommation à domicile confirment enfin que les achats de vins tranquilles en grande distribution n’ont en rien compensé la perte brutale du débouché des bars et restaurants ces derniers mois. Du 6 janvier au 6 décembre 2020, les ventes en hypermarchés et supermarchés ont même baissé de 0,8% en volume et en valeur par rapport à la même période de 2019, selon le panel IRI/FAM/CNIV. Les ventes de vins rouges baissent, tandis que celles de vins blancs et rosés progressent, un phénomène que l’on constate depuis plusieurs années. Enfin dernier signe que la conjoncture viticole reste préoccupante : près de 2 700 vignerons et caves coopératives ont demandé l’aide au stockage privé pour obtenir le retrait provisoire du marché de 6,5 millions d’hectolitres d’excédents de vins. Un volume qui dépasse de près de 50% l’enveloppe prévue (40 M€) pour ce programme. Un afflux qui a conduit le président du Conseil spécialisé Jérôme Despey (SG de la FNSEA) à réclamer une hausse du budget afin que tous les demandeurs puissent être satisfaits. Les déclarations de récolte des viticulteurs français font ressortir un volume de la vendange 2020 s’élevant à 47 millions d’hectolitres (Mhl), dont 45,5 Mhl. Selon les chiffres « encore non-finalisés », les AOP figurent en tête (20,3 Mhl), devant les IGP (13,5 Mhl), le Cognac-Armagnac (10,7 Mhl) et les VSIG (2,5 Mhl). Le Languedoc-Roussillon figure toujours en tête des régions viticoles (12,5 Mhl), devant la zone Cognac, l’Aquitaine (5,8 Mhl) et la Vallée-du-Rhône-Provence (5,4 Mhl). C’est la troisième année en volume sur la dernière décennie, le pic ayant été atteint en 2018 avec 49,5 Mhl.
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