INITIATIVES AGRICOLES
SOLIDARITÉ : LA FNSEA AVANCE SON PROJET DE CHÈQUES ALIMENTAIRES
Dans un courrier, daté du 10 février, et adressé au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, la Présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, presse le gouvernement d’activer la mise en place d’un chèque alimentaire. « Il n’est pas concevable que des personnes en situation de vulnérabilité économique ou sociale ne puissent pas manger à leur faim », explique-t-elle, alors que la profession agricole via l’association SOLAAL, qui facilite le lien entre les donateurs des filières agricole et alimentaire et les associations d’aide alimentaire, redouble d’effort pour faire face à la demande grandissante des associations caritatives. L’objectif de ces chèques pour la FNSEA est de redonner de la dignité à tous dans le choix alimentaire tout en défendant une alimentation de qualité d’origine France. Définissant les produits et circuits éligibles, en particulier ceux de la bannière « Plus près de vous et de vos goûts » du ministère de l’Agriculture (qui n’exclut ni produits carnés et ni produits laitiers frais), la FNSEA propose « la mise en place (distribution ou envoi) d’un chèque ou d’une carte alimentaire prépayée individuel(le) ». Elle servirait à « l’achat d’une sélection de produits alimentaires d’origine France, et dont la gestion pourrait être confiée aux services décentralisés de l’État, et la distribution des chèques et l’accompagnement social aux acteurs sociaux des territoires ». Cette aide alimentaire ciblerait, « dans sa phase de démarrage » les « jeunes familles et les personnes âgées sous conditions de ressources » et les « étudiants boursiers ».
LA FILIÈRE ÉLEVAGE-VIANDE PLEINEMENT IMPLIQUÉE DANS SON « PACTE SOCIÉTAL »
L’interprofession bovine et ovine (Interbev) a lancé dès 2017, un « pacte pour un engagement sociétal » afin d’ouvrir des perspectives durables à la production de viande française. Le premier bilan qui vient d’être publié apparaît comme satisfaisant et invite à continuer la démarche, qui concerne quatre principaux domaines : l’environnement, le bien-être animal, la rémunération des acteurs de la filière et la nutrition. Le déploiement du diagnostic environnemental CAP’2ER dans plus de 4 300 élevages bovins a par exemple permis de réduire l’impact carbone des élevages. Ce programme va ainsi se déployer dans la production de veaux, mais aussi dans la filière ovine avec son diagnostic : « Life Green Sheep ». Reconnu par les ONG, l’interprofession compte également faire valoir, le rôle favorable du pâturage à l’herbe sur le stockage du carbone, sur la qualité des sols et de l’eau ou sur la biodiversité, pour ainsi l’intégrer de façon quantitative dans le score environnemental des produits. Concernant le bien-être animal, le déploiement de l’outil d’évaluation « Boviwell » a pour objectif un diagnostic de 100% des exploitations avant 2025. Cela inspire également les filières veaux et ovins, qui lancent des outils similaires, tout comme les centres de rassemblement et les abattoirs, en cours de déploiement. Le troisième pilier du pacte social souhaite améliorer la juste rémunération des acteurs de la filière et de l’attractivité des métiers. L’interprofession développe la contractualisation et a pour objectif d’atteindre 30% de transactions sous contrat d’ici 2023 et 100% de contrats homologués entre éleveurs et intégrateurs dans la filière veau à court terme. Enfin, pour la nutrition, les professionnels ont convenu de proposer des repères simples et adaptés sur une consommation raisonnée de viande, sous le slogan « Aimez la viande, mangez-en mieux ».
ACTUALITÉS AGRICOLES
RAPPORT DE LA FONDATION NICOLAS HULOT SUR LES PESTICIDES : LA FNSEA POINTE DES CHIFFRES CARICATURAUX
Dans un rapport publié le 9 février dernier, la Fondation Nicolas Hulot (FNH) dénonce une explosion de l’usage des pesticides de 25% en dix ans sur notre territoire. Si l’effet médiatique est réussi, ces chiffres caricaturent cependant une réalité bien plus complexe qui ne peut s’accommoder d’une série d’affirmations à charge qui stigmatisent à nouveau la profession agricole. Premièrement, le chiffre de 25% d’augmentation de l’utilisation des pesticides en 10 ans avancé par la FNH se base sur les données de 2018 où la consommation de pesticides a, cette année-là, connu une forte hausse à 62 984 tonnes, en augmentation de 19% par rapport à l’année précédente afin d’anticiper une hausse drastique (au 1er janvier 2019) de la redevance pour pollution diffuse (RPD). De plus le rapport de la Fondation Nicolas Hulot (FNH) occulte totalement les efforts fournis par les agriculteurs au cours des dix dernières années : En 10 ans, de 2009 à 2019, la quantité totale de substances actives de produits conventionnels a baissé de 36%. Depuis 1990, 75% des substances actives ont été retirées du marché, les ventes de produits de biocontrôle ont presque doublé (+85%) en moyenne triennale, entre 2009-2011 et 2016-2018. Mieux, depuis 2017, pas moins de 44 organisations agricoles et de la recherche se sont organisées dans le cadre du Contrat de solutions pour identifier des alternatives à l’utilisation des produits phytosanitaires. Alors que la FNH s’apprête à publier à la mi-mars un rapport sur le thème « Mondialisation : comment cesser l’importation de denrées issues de substances et pratiques interdites en Europe », la FNSEA indique avoir des éléments à leur fournir et appelle au dialogue pragmatique avec cette association.
FILIÈRE GRANIVORE : CARREFOUR, CASINO ET ALDI EN MAUVAIS ÉLÈVES DES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES
Le lundi 8 février, la Confédération française de l’aviculture (CFA), association spécialisée de la FNSEA, a dénoncé l’indifférence de certaines enseignes qui refusent encore de prendre en compte la flambée de la nourriture des volailles. Les producteurs de poulet, d’œufs ou de foie gras sont pris en étau, entre une forte hausse du prix de la nourriture pour leurs animaux (plus de 19% par rapport à janvier 2020), et le refus de la part des certains distributeurs de faire évoluer leurs prix d’achat. Citant les cas de Carrefour, Casino et Aldi, les éleveurs tiennent à dénoncer ceux qui refusent toujours de faire des efforts. Il faut aussi noter que l’ensemble des filières « granivores » sont concernées par cette hausse de prix des matières premières agricoles, notamment la filière porcine, comme le rappelle l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB). Ce problème est d’autant plus préoccupant que tous les indicateurs sont au rouge concernant l’évolution du prix des matières premières, céréales et protéagineux, au niveau mondial. Si certaines enseignes ont clairement entendu les messages et les enjeux, il reste encore beaucoup à faire afin de respecter enfin la Loi EGalim qui devait pleinement améliorer les équilibres commerciaux… La FNSEA et Jeunes Agriculteurs prévoient de nouveau une mobilisation syndicale nationale dans les prochains jours à ce sujet afin de dénoncer l’ensemble des comportements abusifs constatés lors des négociations commerciales en cours.
DES PLUIES RECORDS POUR L’HIVER 2020/2021 : À QUAND UNE POLITIQUE DE STOCKAGE DE L’EAU PRAGMATIQUE ?
Météo-France annonce d’ores et déjà l’hiver 2020/2021 comme l’un des plus pluvieux jamais enregistrés en France. Si des villes comme Biarritz et Dax notent des records de précipitations, pratiquement le double des normales, le département des Landes note l’écart plus impressionnant, avec un excédent de presque 160% par rapport à la normale. Plus largement que le seul Sud-Ouest, c’est tout le pays qui est touché par cette saison très pluvieuse, de Paris à Lyon ou de Brest à Strasbourg, toutes les stations constatent un cumul de précipitations très élevé. Seules exceptions pour le Languedoc et le Roussillon plutôt épargnés, connaissant jusqu’à maintenant un hiver sec et pour la côte orientale de la Corse, qui à l’inverse de son versant ouest, constate 50% du cumul moyen sur la période. Ces épisodes semblent devenir de plus en plus la norme, dans un contexte de changement climatique. Il convient alors de relancer la création d’infrastructures de stockage d’eau, pour capter ces excès hivernaux et réduire les déficits estivaux. Comme rappelé dans son Rapport d’Orientation 2020, « Faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture », la FNSEA s’inscrit dans cet enjeu essentiel de stockage de l’eau. Rappelant le retard pris par la France, ne stockant que 4,7% de l’eau disponible contre 48% en Espagne, la FNSEA appelle à un véritable soutien des pouvoirs publics dans ces solutions réalistes et efficaces de stockage de l’eau.
JAUNISSE DE LA BETTERAVE : INDEMNISATION ET BESOIN D’INNOVATION
Le 5 février 2021, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie a réuni les représentants de la filière betterave-sucre pour aborder le dispositif d’indemnisation promis par le ministre et l’usage des néonicotinoïdes pour la campagne 2021. Prévoyant un déclenchement d’indemnisation du virus de la jaunisse, pour des pertes supérieures à 30% du rendement historique pour les exploitations bénéficiant d’une assurance climatique et à 35% pour les exploitations non assurées, la Confédération Générale des planteurs de betteraves (CGB) salue cette mesure. La CGB, association spécialisée de la FNSEA, reste cependant vigilante concernant l’arrêté dérogatoire d’urgence de semences de betteraves traitées avec des néonicotinoïdes qui comporte de fortes restrictions sur les cultures (dont le maïs et le colza) et qui pourront être implantées les trois années suivant une betterave traitée avec des néonicotinoïdes. Rappelant, que ces restrictions trop contraignantes découlent « d’un avis de l’ANSES scientifiquement insuffisamment étayé », la CGB alerte sur de telles limitations qui risquent « de conduire à un appauvrissement de la rotation des cultures de nature à impacter les équilibres de plusieurs filières dont la nôtre ». Il convient alors d’accélérer les travaux de recherche pour trouver des alternatives et des innovations, afin d’aider la filière sucrière, qui concerne en France, 46 000 emplois dont 25 000 agriculteurs et 21 sucreries.
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
NÉGOCIATIONS EUROPE/ÉTATS-UNIS : LES AGRICULTEURS TOUJOURS DANS L’ATTENTE
Lors d’un séminaire organisé le 4 février par le Bureau du Parlement européen à Marseille, Christopher Crawford, Consul des États-Unis à Lyon, a indiqué que la nouvelle administration américaine n’est pas encore prête à aborder le sujet des taxes qui frappent les vins, champagne, cognac et autres fromages. Ce dossier qui oppose l’Union européenne aux Etats-Unis, concernant le conflit sur les aides à Airbus et Boeing, est aujourd’hui entre les mains du ministre du Commerce américain, qui attend les décisions de l’USTR (United States Trade Representative). Nombreux sont les agriculteurs français impactés par ces taxes collatérales sur leurs productions et attendent alors beaucoup de l’arrivée de Joe Biden qui souhaite entretenir une relation privilégiée avec l’Europe et renforcer sa politique multilatéraliste. Les producteurs européens touchés par ces taxes doivent alors encore faire preuve de patience, et sans doute attendre la visite en Europe des dirigeants américains, comme John Kerry, pour le climat ou Antony Blinken pour les relations diplomatiques. Il convient alors que les pouvoirs publics s’engagent dans des négociations positives, pour que l’agriculture française et européenne ne soit plus un outil supplémentaire d’une guerre commerciale qui ne la concerne pas.
PESTE PORCINE : VERS UN ZONAGE FRANCE/CHINE POUR AIDER LA FILIÈRE
Dans un communiqué du 5 février, le ministère de l’Agriculture a fait part de la volonté partagée de la France et de la Chine, d’aboutir rapidement à un zonage en cas de peste porcine. C’est à la suite d’un échange entre le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie et son homologue chinois, Reijian Tang et le ministre chinois des Douanes, Yuheng Ni, que l’idée d’un zonage semble se concrétiser. Ce dernier pourrait permettre aux zones françaises indemnes de la peste porcine de continuer à exporter des produits issus de viande porcine vers la Chine. C’est alors une véritable opportunité de retour du débouché chinois pour la filière. Les administrations françaises et chinoises espèrent alors aboutir avant le Nouvel An chinois, c’est-à-dire le 12 février à un accord. Ainsi, il faut rappeler comme le ministre de l’Agriculture l’a fait, « les efforts collectifs consentis par la filière porcine » dans le développement de ce dossier, car même si les filières françaises font preuve de résilience, elles ne doivent pas pour autant être laissées sans solutions. Constat pleinement partagé par la FNSEA !
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
AUTOMNE/HIVER : PLUS DE BLÉ ET MOINS DE COLZA
Le service de la statistique du ministère de l’Agriculture, Agreste estime à 6,7 millions d’hectares (Mha) de céréales d’hiver semé depuis l’automne 2020, soit 12,9% de plus que l’année précédente. Dans le détail, on estime la surface de blé tendre d’hiver à 4,9 Mha au début de février 2021, soit 15,2% de plus que l’an dernier et 0,7% au-dessus de la moyenne quinquennale 2016-2020. Concernant, le blé dur d’hiver, la surface atteindrait 0,25 Mha, soit 14,6% de plus par rapport à l’an dernier, mais en net retrait par rapport à sa moyenne quinquennale de 19,3%. Cette dynamique est visible dans toutes les régions de France. En revanche, la surface de colza chute de 9,8%, avec des semis de colza d’hiver estimés à 1 Mha, soit 26% en dessous de sa moyenne quinquennale, étant à son plus bas niveau depuis 1997. Même si la surface de céréales d’hiver en France est en retrait de 1,9% par rapport à sa moyenne quinquennale, on note une progression dans d’autres productions, comme la sole d’orge d’hiver +3,1%, la sole d’avoine +21,4%, le triticale +21,5% et le seigle +7,4%, comparée à l’année précédente.
HAUSSE DES COURS MONDIAUX DES DENRÉES ALIMENTAIRES
L’Agence des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a constaté au mois de janvier 2021 une nette hausse des cours mondiaux des denrées alimentaires de base. Cette hausse, au plus haut niveau depuis juillet 2014, pèse lourdement sur les coûts de production, notamment concernant l’alimentation animale. S’ajoutant à une baisse des fabrications, cette évolution constitue une préoccupation majeure des fabricants d’aliment du bétail. Dans une récente note conjoncture, la Coopération Agricole constate que l’indice des prix des matières premières entrant dans la composition des aliments du bétail (IPAA, calculé par La Dépêche) a atteint en janvier 2021, la cote de 199.8, soit 29% de plus qu’en janvier 2020 ; le prix du blé ayant progressé de 22,3%, le maïs de 19,2%, l’orge de 29,4%, les tourteaux de soja de 40,4% et le colza de 38,7%. Cependant, le prix de l’aliment sorti d’usine (IPAMPA), calculé par l’INSEE, n’aurait progressé que de 5,3%, grâce à la capacité des fabricants d’amortir en partie les fluctuations excessives par une politique d’achat (marchés à terme) et de substitution de matières premières en fonction de leurs cours. Mais les éleveurs peinent à faire reconnaître cette hausse des matières premières dans les négociations commerciales qui vont se clore à la fin du mois de février. Cette hausse qui pèse sur les coûts de production des agriculteurs doit alors être mieux pris en compte par les autres acteurs de la chaîne agroalimentaire.
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