N°39 – Semaine du 29 mars 2021
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ACTUALITÉS AGRICOLES
DIALOGUE SOCIAL : LA FNSEA RECONDUITE COMME ORGANISATION PATRONALE REPRÉSENTATIVE
Les arrêtés ont été publiés dans le Journal officiel du 28 mars. La FNSEA est reconnue représentative d’une part, en tant qu’unique organisation représentative des employeurs de la branche de la production agricole et des CUMA, et d’autre part, en tant qu’organisation nationale multi-professionnelle. Ces reconnaissances sont le fruit de nombreuses années d’investissement et d’engagement de la FNSEA et de son Réseau, territorial et associations spécialisées, pour la défense de l’emploi en agriculture, un dialogue social agricole efficace et la promotion des métiers agricoles. La FNSEA qui fête cette année ses 75 ans d’existence, entend poursuivre ses actions de représentation de l’agriculture au sein de toutes les instances institutionnelles mais aussi à animer le dialogue social national et territorial, et à porter la voix des entreprises agricoles afin de défendre leur compétitivité, leur permettre de recruter et de fidéliser leurs salariés.
RAPPORT PAPIN : POUR LA PROFESSION AGRICOLE, IL EST URGENT DE FAIRE ÉVOLUER LE CADRE DES RELATIONS COMMERCIALES !
Jeunes Agriculteurs et la FNSEA saluent ce rapport sur les relations commerciales remis par Serge Papin, ancien Président de Système U, au ministre de l’Agriculture, qui a su mettre en lumière les limites que la profession agricole pointait depuis toujours dans le dispositif initial et qui propose des solutions pour assurer une rémunération plus juste aux producteurs. Les deux syndicats agricoles accueillent avec intérêt la mesure relative au renforcement de la contractualisation. Mais pour réellement avoir un impact sur le revenu des agriculteurs, il est indispensable de rendre plus contraignantes l’élaboration et la prise en compte des indicateurs de coût de production dans les contrats, insistent la FNSEA et JA. Il faut maintenant aller vite, la profession a trop longtemps attendu que la valeur revienne dans les cours de ferme et cela met en péril un trop grand nombre d’exploitations. Enfin, pour les deux organisations agricoles, cette rémunération plus juste doit permettre d’encourager les jeunes à faire le choix de l’agriculture.
IRRIGATION : PLUS D’UN MILLIER D’AGRICULTEURS MANIFESTENT DANS LE SUD-OUEST
Ils étaient plus de 1 200, le 30 mars dernier, à manifester à Mont-de-Marsan, devant la préfecture des Landes pour dénoncer une baisse des autorisations de prélèvement d’eau. Les agriculteurs, avec une centaine de tracteurs, sont venus du Gers, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées à l’appel des syndicats agricoles, FNSEA et Jeunes Agriculteurs. « Pas d’eau, pas de paysans », « Pas d’eau, pas d’avenir » ; « Pas d’eau = importations massives » ou encore « Nous ne voulons pas d’un désert », indiquaient notamment les pancartes qu’ils arboraient. Les agriculteurs irrigants qui ont été rejoints par quelques élus locaux dénoncent un jugement du tribunal administratif de Pau de février dernier qui entraîne des baisses significatives des volumes prélevés dès cette saison 2021, avec des baisses pouvant aller de 30% à 50%. Surtout, le tribunal qui a décidé une période transitoire avec des prélèvements plafonnés prévoit une annulation définitive des prélèvements d’eau dès le 31 mai 2022. Or cette réduction d’irrigation pourrait entraîner un grave préjudice pour le secteur du bassin de l’Adour, avec un risque majeur de délocalisation des activités agro-industrielles. Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA, a fait le déplacement pour apporter son soutien. « Aujourd’hui, s’attaquer à l’eau, c’est s’attaquer à l’acte de production. Nous ne comprenons pas que certains mouvements trop idéologiques nient cette réalité », a-t-elle lancé. Défendre l’eau, c’est défendre la vie des agriculteurs et les nombreux emplois ainsi que les productions à valeur ajoutée, les traditions gastronomiques. En signe de protestation, les manifestants ont arrosé d’eau la cour de la préfecture. A quand la réaction des pouvoirs publics ?
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
PAC : ACCORD EN VUE A BRUXELLES ?
[COMPTE RENDU] – Le 26 mars, le trilogue qui a réuni la présidente du Conseil des ministres européens de l’Agriculture, les représentants du Parlement européen et le Commissaire européen à l’Agriculture a permis de rapprocher les points de vue sur la réforme de la PAC qui doit entrer en vigueur en janvier 2023. « Nous avons progressé dans les négociations, nous sommes parvenus à de bons accords de principe et nous nous sommes rapprochés de l’objectif d’achever cette réforme de la PAC avant la fin du semestre », a déclaré Maria do Céu Antunes, la ministre de l’Agriculture portugaise qui préside le Conseil des ministres européens de l’Agriculture, à l’issue du trilogue (Conseil des ministres, Parlement, Commission européenne), sur la réforme de la PAC, le 26 mars. Anne Sander, Députée européenne, négociatrice du groupe PPE au sein du Parlement européen, s’est montrée tout aussi positive : « Le super-trilogue a permis d’avancer de manière constructive dans la négociation de la réforme de la PAC pour la période 2023-2027. Nous avons franchi un pas décisif en vue d’un accord global d’ici la fin du printemps ».
Consensus sur le modèle de mise en œuvre
En effet, la grande majorité des propositions présentées par la présidence portugaise, pour rapprocher les positions du Parlement, ont été confirmées. Des consensus se seraient dégagés sur le nouveau modèle de mise en œuvre, les contrôles de la conditionnalité et la transparence dans l’utilisation des fonds. Les négociateurs du Parlement européen et du Conseil des ministres se seraient notamment mis d’accord sur un examen tous les deux ans des performances, sur les niveaux de tolérances accordés aux Etats membres par rapport aux objectifs affichés ainsi que sur les indicateurs qui seraient définis au niveau communautaire et non sur la base de critères nationaux. Des avancées saluées par Anne Sander dans un communiqué : « face aux risques de renationalisation présents dans le nouveau modèle de mise en œuvre, nous avons réussi à obtenir des garanties essentielles pour maintenir le caractère commun de la future politique agricole commune et assurer une égalité de traitement entre agriculteurs ».
Une définition de l’agriculteur actif obligatoire
Concernant le ciblage des aides, les négociateurs ont eu des discussions sur les définitions des agriculteurs, des nouveaux agriculteurs, des petits agriculteurs et des jeunes agriculteurs. Ont été abordées également, les questions concernant le plafonnement, la dégressivité, le paiement redistributif sur lesquelles les positions du Parlement et du Conseil des ministres divergent sur leur caractère obligatoire ou facultatif. A l’ordre du jour également, le niveau de convergence des aides où les positions des uns et des autres ne se sont pas complètement rapprochées. Néanmoins un accord de principe aurait été trouvé sur certaines notions comme la définition obligatoire des « agriculteurs actifs », mais les discussions doivent encore se poursuivre pour finaliser le compromis.
Accord sur le vin
Dans le champ de l’OCM unique et concernant le secteur vitivinicole plus spécifiquement, le régime d’autorisation de plantation de vigne jusqu’en 2045 serait entériné. De même que les règles de désalcoolisation et l’étiquetage. Accord également sur la possibilité d’étendre la gestion de l’offre à tous les produits sous AOP et IGP. Mais sur la gestion du marché et les mesures exceptionnelles en cas de crise, les négociations n’ont pas encore abouties. Jusqu’à présent, le Parlement européen s’est montré plus interventionniste dans la gestion du marché et des crises, alors que la Commission européenne et le Conseil des ministres insistent davantage sur la nécessité de maintenir l’orientation vers le marché, le respect des règles de l’OMC et l’impact budgétaire des mesures de gestion.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
BON DÉBUT DE CAMPAGNE POUR L’ASPERGE
La campagne d’asperges dont la récolte a démarré mi-février dans les Landes et en Gironde s’engage sous de bons auspices. La production nationale devrait avoisiner environ 20 000 tonnes (t), soit un peu moins de 10% de la production européenne, estimée à environ 260 000 t. Avec un volume qui devrait dépasser les 6 000 t cette année, Asperges de France (AOP) représente environ le tiers de la production française. La consommation française représente quant à elle entre 28 000 et 30 000 t, composée pour un tiers d’importation. Les premiers prix s’établissent aux alentours de 13 € le kg et devraient chuter dans les prochaines semaines compte tenu de l’arrivée d’autres bassins de production sur le marché comme l’Occitanie et le Centre-Val de Loire. Chaque année, près de 8 millions de tonnes (Mt) d’asperges sont produites dans le monde. La Chine est le premier producteur d’asperges dans le monde. Suivent ensuite le Chili et l’Allemagne. En Europe, l’Allemagne est donc le premier producteur d’asperges devant l’Espagne et l’Italie.
CAMPAGNE PÊCHES ET ABRICOTS : UNE STABILITÉ ATTENDUE
L’Association d’Organisation de Producteurs (AOP) Pêches et Abricots de France a fait le point sur la campagne à venir. L’AOP représente 80% de la production nationale de pêches-nectarines, et près de 70% en abricots. La surface de production de nectarines s’est stabilisée, à près de 6 200 hectares, pour 300 exploitations. Les plantations 2019/2020 ont été importantes (500 hectares), soit un taux de renouvellement fort (9%). Ce qui conduit naturellement à penser que le potentiel de production devrait être en augmentation dans les trois prochaines années. « La domination des nectarines s’accroîtra, les pêches jaunes montrent un recul marqué des plantations », indique l’AOP. Les segments des plates et sanguines progresse, avec +85% en 3 ans. En abricots, la surface de production de l’AOP décroît légèrement avec 4 700 ha (-3%) pour 650 producteurs. Les plantations 2019/2020 ont été les plus faibles des vingt dernières années. Le potentiel de production restera stable à court terme, compte tenu de l’âge du verger. Avec les pommes et les poires, la filière pêches-nectarines et abricots est engagée dans la démarche Vergers écoresponsable. Fin 2020, 231 exploitations étaient certifiées HVE. Ainsi, 77% des vergers de pêches-nectarines et 63% des vergers d’abricotiers ont désormais la certification Haute valeur environnementale. En volume, cela représente 150 000 t de pêches-nectarines et 75 000 t d’abricots. Pour la campagne à venir, grâce aux bonnes conditions hivernales et à une floraison correcte, le niveau de productions des pêches-nectarines et abricots devrait être satisfaisant, une estimation à relativiser toutefois en raison des risques de gel dans les prochaines semaines. Les prévisions de récoltes d’abricots seront présentées le 4 mai, celles de pêches-nectarines le 25, dans le cadre des Mardis de medFEL. Par ailleurs, l’AOP Pêches et Abricots de France présentera, avec l’Association Nationale Pommes Poires, la nouvelle campagne de communication le 18 mai.
CÉRÉALES : LA FRANCE FACE A UNE RUDE CONCURRENCE ÉTRANGÈRE
France Export Céréales, association constituée par l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) et Intercéréales, organisait le 24 mars sa 12ème journée consacrée à l’exportation. L’occasion de tirer le bilan de la dernière campagne et de dresser des perspectives pour les prochaines années. De l’avis des importateurs étrangers, la France a été réactive, fidèle à ses clients et a honoré ses contrats malgré la crise de la Covid-19. « La filière exportation de céréales sort renforcée de cette crise sanitaire », a indiqué Philippe Heuselé, Président de France Export Céréales (F.E.C.) ravi que « tout ait été livré ». Les correspondants locaux de F.E.C au Maroc, Égypte et en Chine ont d’ailleurs souligné la crainte que les importateurs pouvaient nourrir quant au respect des engagements contractuels. Une fois rassurés sur la sécurité des approvisionnements, beaucoup se sont rués sur les céréales françaises. L’Égypte a ainsi acheté « 800 000 t de plus qu’en 2019 », a indiqué Roland Guiragossian, Responsable du bureau F.E.C du Caire. Sur 33,6 Mt de céréales livrées, 60% l’ont été en blé tendre et pour moitié dans les pays tiers, dont 30% en Afrique du Nord et 10% vers la Chine. D’ailleurs, les exportations agroalimentaires en 2020 ont, selon les statistiques des douanes françaises, atteint 60 milliards d’euros (Md€), deux fois plus que l’automobile ou Airbus. Les céréales brutes et transformées représentent 17% des exportations globales soit plus de 10 Md€. Mieux. En ce début d’année, la France a exporté 13,5 Mt dont les deux-tiers dans les pays tiers, parmi lesquels 11% vers l’Afrique du Nord et 25% (3 Mt) vers la Chine. L’engouement pour les céréales françaises, notamment le blé tendre ne se dément pas.
Démarche agressive
Cependant « si le capital confiance est là, il faut l’entretenir en permanence », prévient Yann Lebeau du bureau F.E.C de Marrakech (Maroc). Ce que confirme Roland Guiragossian du Caire à travers les deux faux-pas de 2014 et 2016, années au cours desquels la France avait raté les appels d’offres égyptiens et s’étaient fait damer le pion par les Russes. « Il ne faut pas leur laisser le monopole total », affirme-t-il. Il est vrai que la Russie contrôle déjà près de 80% de l’approvisionnement de l’Égypte. Sur les 13 Mt de blé qu’elle devrait importer sur cette campagne 2020/2021, les Russes en fourniraient plus de 10 Mt. Ils s’attaquent également, avec les Ukrainiens, à d’autres marchés. « On pensait que le Nigéria était une citadelle imprenable tant elle était bien protégée par les Américains mais les Russes viennent d’y faire leur entrée », a ajouté Yann Lebeau qui voit dans cette offensive et cette démarche agressive « une stratégie et une volonté étatiques ».
Manque de blé biscuitier
En Chine, la France commence à se faire concurrencer « par le blé et l’orge venant du Kazakhstan mais aussi par le blé russe », a indiqué Li Zhao Yu, Chef du bureau F.C.E. à Pékin qui parle d’une « nouvelle route de la soie ». La France doit être d’autant plus vigilante que ses clients deviennent plus exigeants. C’est toujours le cas de la Chine, a expliqué dans une vidéo, l’un des dirigeants du grand conglomérat agroalimentaire chinois, Cofco Corporation, appelant les Français à produire des blés de meilleure qualité, à réduire les traces de produits phytosanitaires comme ils l’ont fait pour l’ergot du blé. Les Chinois qui sont friands des produits boulangers et pâtissiers français sont en « manque de blé biscuitier », a assuré Li Zhao Yu, annonçant que les Américains, les Canadiens mais aussi les Australiens s’apprêtaient à répondre à la demande chinoise qui réclame entre 3 et 5 Mt de ce type de blé. Si le blé français reste une valeur refuge pour un certain nombre de pays, la concurrence devient rude sur le plan international. Pour relever ces défis, « il faut que nous conservions notre capacité à produire, sans distorsions de concurrence avec nos compétiteurs », a conclu Philippe Heuselé, Président de F.E.C.
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