N°44 – Semaine du 03 mai 2021
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ACTUALITÉS AGRICOLES
PROJET DE LOI CLIMAT ET RÉSILIENCE : DES AVANCÉES, MAIS DE VIVES INQUIÉTUDES QUI DEMEURENT POUR L’AGRICULTURE FRANÇAISE
À l’occasion de l’adoption en première lecture, par l’Assemblée nationale, du projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, la FNSEA se félicite du début de reconnaissance du rôle de l’agriculture française comme source de solutions face au changement climatique (captation de carbone dans les sols, production de biomasse pour les matériaux biosourcés, production d’énergies renouvelables…). A ce titre, le projet de loi comporte des avancées attendues depuis de nombreuses années par la profession agricole notamment des mesures concrètes en faveur de la lutte contre l’artificialisation des sols, des adaptations essentielles de la commande publique sur les produits agricoles et des dispositions facilitant le développement des énergies renouvelables dans les territoires. Cependant, la FNSEA tient à alerter des vies inquiétudes soulevées par un certain nombre de dispositions créant des contraintes supplémentaires et distorsives pour la production alimentaire nationale, sans réels effets sur le changement climatique. C’est notamment le cas des articles relatifs à la ressource en eau (articles 19, 19 bis et suivants) qui entraîneront immanquablement une remise en en question les fondements du droit de l’eau et l’avenir de projets nouveaux (irrigation, retenues d’eau), mais aussi des travaux agricoles « traditionnels » comme le drainage des parcelles agricoles par exemple. Aussi, la création potentielle d’une redevance sur les émissions liées aux engrais azotés (article 62) est également une menace économique majeure pour les agriculteurs français si son inscription ne s’ancrait pas prioritairement dans le cadre d’une harmonisation européenne, au risque de créer de nouvelles distorsions pénalisant les agriculteurs français, tout en ouvrant la porte à des importations de produits ne respectant pas les règles imposées en France. Ainsi, la FNSEA reste totalement mobilisée, dans le cadre de l’examen prochain du projet de loi au Sénat, afin de faire valoir la vision d’une production alimentaire souveraine et performante, tant sur le plan environnemental que sur le plan socio-économique. L’un n’allant pas sans l’autre !
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
LES EUROPÉENS PRÊTS À AVANCER SUR LES NOUVELLES TECHNOLOGIES GÉNOMIQUES (NTG) AFIN DE RATTRAPER LE RETARD DÉJÀ PRIS
La Commission européenne a laissé entrevoir un nécessaire commencement européen pour les Nouvelles Techniques Génomiques (NTG) ou en anglais New Breeding Techniques (NBT), dans un communiqué publié le 29 avril. En effet, elle souhaite l’ouverture d’un débat publics sur ces nouvelles technologies, car ces recherches peuvent contribuer à une agriculture plus durable. L’étude publiée par le Commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire, conclut que les NBT peuvent promouvoir la durabilité de la production agricole, tout en gardant la sécurité des consommateurs et de l’environnement. Les NBT qui sont des techniques d’amélioration d’un organisme par modification du génome (sans être des OGM), elles peuvent ainsi donner des plantes résistantes aux maladies, aux conditions environnementales et au changement climatique ou présenter des qualités nutritionnelles supérieures. Cependant, les NBT sont soumises au régime juridique des OGM, vieux de 20 ans, depuis la décision par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 25 juillet 2018. Pendant ces deux décennies les recherches ont évolué et la Chine et les États-Unis ont pris de l’avance en mettant sur le marché des nouvelles variétés à partir de ces techniques. La législation actuelle sur les OGM, qui date de 2001, n’est alors pas adaptée à certaines NBT et il apparaît nécessaire de l’adapter au progrès scientifique et technologique. Le rapport de la Commission a fait appel à des partenaires et experts du monde agricole, de la médecine, des biotechnologies et de l’environnement et sera examiné avec les ministres des États membres lors du prochain Conseil « Agriculture et Pêche » du mois de mai puis sera présentée au Parlement européen.
COVID, CONFLITS, OURAGANS : LES CRISES ALIMENTAIRES ONT EMPIRÉ EN 2020 ET MENACENT 2021
Un rapport publié mercredi par Réseau mondial, qui réunit notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Union européenne (UE) et le Programme alimentaire mondial (PAM), souligne que l’insécurité alimentaire aiguë a progressé en 2020 et s’attend à une année 2021 « difficile ». En effet, sous l’effet des conflits, des crises économiques, de la pandémie de la Covid-19 et des évènements climatiques, l’an dernier, ce sont 155 millions de personnes dans 55 pays qui se trouvaient dans une situation de « crise », c’est-à-dire en phase 3 sur l’échelle internationale de la sécurité alimentaire. Cela représente 20 millions de personnes en plus par rapport à 2019. Ce sont également près de 28 millions de personnes dans 38 pays qui étaient plongées dans une situation « d’urgence alimentaire », c’est-à-dire en phase 4 et plus et près de 133 000 personnes dans une situation de « catastrophe/famine », soit en phase la plus élevée, en phase 5. Concernant les causes, pour 100 millions de personnes confrontées à une crise alimentaire, cela est lié aux conflits et à l’insécurité, contre 77 millions en 2019 ; pour 40 millions de personnes il s’agit des crises économiques, contre 24 millions en 2019 et pour 15 millions de personnes, ce sont les chocs climatiques qui ont été la cause principale de leur insécurité alimentaire, soit nettement moins qu’en 2019 où il s’agissait de 34 millions.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
HUILES, TOURTEAUX, BIOCRABURANTS : LES COURS DU COLZA ET DU SOJA FLAMBENT
Partout dans le monde, les prix du colza et soja flambent. À Chicago, par exemple, le soja s’échange à 545 $ la tonne, un record, également à Winnipeg au Canada pour le canola qui a atteint le 21 avril le niveau jamais atteint de 685 $US pour la récolte 2020. En France aussi, sur le marché physique FOB Moselle, la tonne de colza récolte 2020, s’échange à 552 €, et la prochaine récolte 2021, qui s’annonce très faible en volume, affiche déjà 500 €. En effet, les entreprises mondiales de la trituration se livrent à une bataille féroce pour obtenir les précieuses matières premières, au point que le Canada, gros producteur avec 20 millions de tonnes, dont les stocks sont épuisés, vient de procéder pour la première fois à des achats de colza en Ukraine, selon le cabinet Agritel. Le facteur principal, c’est le prix des huiles, puisqu’à Rotterdam, l’huile de colza atteint 1 200 $ la tonne, l’huile de soja près de 1 400 $, et l’huile de tournesol 1 600 $/t. Il y a tout juste un an, l’huile de colza était à 775 $/t et l’huile de soja à 675 $/t. Du fait d’une guerre diplomatique et commerciale entre la Chine et le Canada, la Chine réduit ses achats de canola canadiens, officiellement pour des raisons de non-conformité des produits, et importe massivement les huiles européennes, faisant importer en Europe 5,3 Mt de colza canadien et australien. Plus globalement, l’équilibre entre l’offre et la demande mondiale inquiète. Le Conseil International des Céréales, note alors des stocks de début de campagne 2021 pour le soja au niveau mondial en baisse de 12,5% à 45 Mt.
VIN : DES CHANGEMENTS DE CONSOMMATION SOULIGNÉS PAR LA FERMETURE DES RESTAURANTS
Dévoilé lors du dernier Conseil spécialisé viticole, le bilan réalisé par Kantar pour FranceAgriMer et les interprofessions françaises (CNIV) souligne une hausse de la consommation à domicile en 2020, mais qui ne compense pas les pertes liées à la fermeture des restaurants. En effet, les achats de vins tranquilles, ont progressé l’année dernière de 4,6% par rapport à 2019, les ménages ont ainsi acheté en moyenne 43,7 cols (équivalent à une bouteille de 75 cl), en moyenne pour des volumes plus importants. Cependant, ce rebond est à relativiser, puisque la hausse des achats de produits de grande consommation (PGC) a été générale en 2020 en raison de la situation sanitaire, étant d’ailleurs en moyenne plus élevée (+6,9%) que celle des vins. De plus, cette croissance des achats a été essentiellement mécanique selon les experts, la croissance des achats étant liée à la fermeture partielle de la restauration hors domicile. La note relève d’ailleurs que la croissance des vins est sensiblement moins forte que celle d’autres boissons alcoolisées, en particulier la bière. Enfin, l’analyse des ventes hors domicile de vins tranquilles révèle une autre « rupture de tendance » préoccupante pour les vignerons français, car les Français ont été plus nombreux en 2020 à se tourner vers des vins meilleur marché, notamment à moins de 3 €. Alors que la tendance allait vers une consommation de vins moins importante en volume mais sur des catégories mieux valorisées, ce phénomène s’explique par le succès des fontaines à vin ou « bag-in-box ». Les IGP sans mention de cépage et les vins de France ont ainsi gagné des parts de marché en volume, les AOP étant stables.
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