ACTUALITÉS AGRICOLES
PROPOSITION DE LOI SUR LA RÉMUNERATION DES AGRICULTEURS : LES DÉPUTÉS AU RENDEZ-VOUS, MAIS ENCORE DU CHEMIN A PARCOURIR
Fortement attendue par le monde agricole pour corriger la loi EGAlim, la proposition de loi du Député Grégory Besson-Moreau (Aube, LREM) vient d’être adoptée à l’Assemblée nationale et le résultat est globalement positif. La FNSEA et Jeunes Agriculteurs considèrent que le texte à la sortie de l’Assemblée nationale répond aux principales attentes du monde agricole, en attendant le passage au Sénat. Après l’échec des dernières négociations commerciales qui se sont conclues sur une déflation tarifaire, il était indispensable de renforcer le dispositif législatif pour permettre ce rééquilibrage du rapport de force nécessaire pour l’amont. La FNSEA et JA avaient clairement affiché les priorités sur ce texte, depuis plusieurs semaines : une prise en compte des indicateurs de coût de production plus claire dans les contrats comme point de départ de la négociation, une diffusion obligatoire de ces indicateurs et une sécurisation du prix agricole jusqu’au maillon du consommateur. Les députés ont entendu le message puisque des avancées sont notables sur chacun de ces points. La voie est donc tracée pour un texte précis qui vient encadrer les règles sur la contractualisation et les relations commerciales dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Bien évidemment, la FNSEA et JA sont lucides : il faudra que les opérateurs se saisissent des outils et les respectent dans un esprit de dialogue et de confiance renouvelés pour que la valeur revienne dans les cours de ferme. La partie est loin d’être finie, l’examen au Sénat devra être dans la continuité du travail des députés, en conservant les éléments principaux du texte, tout en l’améliorant encore de sorte à garantir que les règles posées soient bien respectées. De même, il faut tout faire pour que la proposition de loi soit applicable dès les prochaines négociations commerciales : notre exigence est totale en la matière, ce sera l’un de nos messages forts à destination des sénateurs. L’objectif de rentabilité économique des exploitations est indissociable de la capacité des agriculteurs à réussir le virage de la transition écologique. Il est aussi indissociable de l’objectif de souveraineté alimentaire : les EGA ont remis la notion de coût de production au cœur de la construction du prix, cette proposition de loi doit la consacrer, pour qu’en lien avec le marché, les agriculteurs puissent vivre dignement.
REVALORISATION DES PETITES RETRAITES AGRICOLES : UN GRAND PAS POUR LA RECONNAISSANCE DU TRAVAIL DES CONJOINTS
Le 17 juin dernier, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une revalorisation à 700 € par mois du minimum de retraite des conjoints et des aides familiaux à carrière complète. La retraite minimale des membres de la famille à carrière complète, déjà retraités et futurs retraités, passerait ainsi de 555,50 € à 699,07 € par mois (montants 2021). Le plafond d’écrêtement toutes retraites confondues de la revalorisation serait augmenté à hauteur du Minimum vieillesse (ASPA) passant de 874,76 € par mois à 906,81 € par mois. L’ensemble de ces mesures proposées par le Député André Chassaigne (PCF, Puy-de-Dôme) à qui les retraités agricoles doivent déjà la loi accordant 85 % du Smic aux chefs d’exploitation, concernerait 210 000 personnes, essentiellement des femmes. La FNSEA salue un grand pas pour la reconnaissance du travail des conjointes et souhaite que le travail parlementaire se poursuive pour que la revalorisation des retraites des membres de la famille à carrière complète s’établissent à hauteur de 75 % du Smic (913 € par mois). La profession agricole espère maintenant un examen rapide de la proposition de loi au Sénat.
RECUL DE L’EMPLOI SALARIÉ EN AGRICULTURE EN 2020
Selon la dernière étude de l’observatoire de l’emploi de la FNSEA, il existait, en 2020, 130 002 établissements employeurs de main d’œuvre agricole, soit 1 383 de plus en un an (+1 %). En revanche, le nombre de contrats en cours dans l’année a diminué (-2 %). Ceci est à mettre en lien avec le contexte sanitaire et économique aussi bien en CDD qu’en CDI. Le nombre de CDD s’est établi à 1,05 million, soit 23 500 de moins (-2 %) qu’en 2019. Celui des CDI 2020 a également diminué à 200 493, soit 1 350 de moins qu’en 2019 (-1%). Quant au nombre de salariés en équivalent temps plein il s’est établi à 268 661 en 2020 en baisse de 2 % par rapport à 2019. La masse salariale a aussi reculé (-0,6 %) pour la première fois l’an dernier, pour atteindre 6,7 milliards d’euros. Celle-ci a toutefois progressé de 11 % en 5 ans. Quant au profil des salariés, quelques tendances peuvent être observées : la part de femmes augmente (38 %, +1 pt) et l’âge moyen (37 ans, – 1 an) des salariés recule. Le nombre de cadres progresse également : 16 696 cadres en 2020, soit 626 de plus qu’en 2019. Celui-ci a augmenté de 20 % en 5 ans.
ORAGES : DES DÉGATS CONTRASTÉS
Quel a été l’impact des orages qui se sont abattus ces derniers jours sur notre pays ? Selon plusieurs sources, les dégâts seraient très localisés et parfois de grande ampleur. Beaucoup de recensements sont en cours aussi bien par les organisations agricoles (Chambres, syndicats…) que par les directions départementales des territoires. Le Nord de la France (Hauts-de-France et Ile-de-France) ont connu de forts épisodes pluvieux qui ont inondé et fortement abimés des champs. Lin et orge d’hiver ont versé et la grêle a détruit des parcelles. En Bourgogne – Franche Comté, la grêle a détruit, dans des zones limitées, des bâtiments agricoles, des cultures, parfois à 100 %. Des dégâts sur vigne sont à signaler en Savoie, en Saône-et-Loire, dans l’Allier, dans l’Ardèche et en Indre-et-Loire, notamment.
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
L’ALIMENTAIRE AU CŒUR DES ÉCHANGES INTERNATIONAUX
1 720 milliards de dollars (Md$) : telle est la facture des importations alimentaires mondiales à laquelle la FAO s’attend pour l’année 2021, en hausse de +12 % par rapport à celle de 2020 (1 530 Md$). Selon elle, cette hausse se traduira aussi bien en volumes qu’en prix. En effet, le prix des matières premières alimentaires, à destination humaine et animale, n’a jamais été aussi importante depuis des années, en raison d’une demande plus forte sur les marchés, ce qui est le cas pour les céréales. « L’utilisation mondiale de céréales en 2021/2022 devrait augmenter de 1,7 %, pour atteindre un nouveau sommet de 2 826 millions de tonnes (Mt). La consommation totale de céréales alimentaires devrait augmenter parallèlement à la population mondiale, pour atteindre un niveau annuel stable de 150 kg par habitant », explique la FAO. C’est ce qui explique en partie pourquoi l’indice du prix des céréales qui avait grimpé de 96 en 2019 à 103 en 2020 a déjà atteint 125 pour la période de janvier-mai 2021, souligne l’étude de la FAO. La courbe du prix du blé suit la même tendance : l’indice qui était de 95 en 2019 est passé à 101 en 2020 pour bondir à 119 (janvier-mai 2021). En termes de valeur, ce sont les fruits et légumes qui concentrent le montant le plus élevé (321 Md$).) devant les céréales (248 Md$).), la viande (177 Md$).), les produits piscicoles (174 Md$).) et les oléagineux (140 Md$). Les tensions sont tellement importantes sur les marchés que l’augmentation du volume des productions ne vient pas atténuer la hausse des prix. « L’essentiel de la croissance prévue cette année concerne le maïs, dont la production devrait augmenter de 3,7 % par rapport à 2020. La production mondiale de blé devrait également augmenter, de 1,4 % en glissement annuel, tandis que la production de riz devrait progresser de 1 % », prévoit la FAO qui table sur une production totale de 2 821 Mt. C’est sur les oléagineux que l’année 2021 s’annonce d’ores et déjà tendue. En effet, la croissance de la production devrait être insuffisante pour satisfaire la demande. Il devrait s’ensuivre une hausse des prix qui se traduit déjà dans les faits : les indices de prix ont littéralement bondi depuis 2019 : les oléagineux sont passés d’un indice 88 en 2019 à 97 en 2020 puis 140 au début de l’année. La tendance est identique pour les tourteaux (soja, colza, tournesol…) qui ont gagné 50 % en deux ans : indice 80 en 2019 à 121 pour janvier-mai 2021. Quant aux huiles végétales, elles ont pris presque +88 % en deux ans : indice 83 en 2019 contre indice 156 en 2021. La FAO explique ce phénomène par un effet Covid. « Les stocks mondiaux d’huiles devraient tomber à leur niveau le plus bas depuis 11 ans », précise la FAO qui souligne que c’est une fois de plus la Chine qui tire la croissance agricole mondiale.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
INTRANTS AGRICOLES : HAUSSE DE 7 % DES PRIX SUR UN AN
Rattrapage ou décrochage ? Les prix des intrants ont progressé de 0,5 % en avril dernier par rapport au mois précédent. Depuis le mois de janvier dernier, ils ont augmenté de 4 % et sur un an de 7 %. Les prix à la production agricole n’ont progressé quant à eux de 3,3 % sur un an. Le mois passé, les prix de l’énergie ont marqué une pause après des mois de hausse tandis que ceux des aliments poursuivent leur ascension. Depuis quatre mois, ces derniers ont crû de 8,3 % alors que l’indice du prix du lait stagne. Au mois d’avril, les prix de l’énergie ont augmenté de 4 % depuis le début de l’année et de 20,9 % en glissement annuel. Ils retrouvent leur niveau en vigueur d’avant la crise sanitaire. Les prix des engrais ont aussi fortement progressé, tirés par les prix de l’énergie : + 5,7 % sur quatre mois, + 10,7 % en glissement annuel. En conséquence, l’ensemble des coûts de production des éleveurs d’herbivores et hors sol a crû respectivement de 4,6 % et de 5,9 % entre les mois de janvier et d’avril 2021. En glissement annuel, les hausses sont de 7,2 % et de 8 %. En cause, la flambée des cours des céréales et des oléo-protéagineux. Seuls les prix des semences (- 1%) et des produits de protection des plantes (-0,4 %) se sont repliés au cours des quatre premiers mois de 2021.
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