N°57 – Semaine du 17 octobre 2021
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ACTUALITÉS AGRICOLES
REVENUS AGRICOLES : LA MAJORITÉ DES AGRICULTEURS TOUJOURS À LA PEINE
Alors que la loi pour protéger la rémunération des agriculteurs, dite Égalim 2, vient d’être promulguée au Journal officiel du 19 octobre, un panorama de l’agriculture français, publié en octobre 2021 par l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (Insee) pointe des agriculteurs toujours en difficultés. En effet, le niveau de vie annuel médian des ménages agricoles est inférieur pour 50 % d’entre eux, à 22 200 euros par an, quand le revenu moyen Français était fixé à 29 088 euros par an. L’étude précise aussi que 18 % des agriculteurs vivent, en 2018, sous le seuil de pauvreté qui est fixé à 13 000 euros par an par personne. C’est en particulier le cas pour les éleveurs de bovins viande dont le niveau de vie médian avoisine 18 500 euros, avec de fortes disparités puisque 10 % dégagent un revenu moyen égal à 8 570 euros quand le revenu moyen des 10 % les plus aisés grimpe à 32 800 euros. Il est souligné que ces ménages sont en outre plus exposés à la pauvreté : 1 personne sur 4 vit sous le seuil de pauvreté. D’une manière globale, c’est en Ile-de-France que le niveau de vie des ménages agricoles est légèrement plus élevé, alors que les agriculteurs de la Lozère, Creuse, Ariège, Ardèche et plus encore Martinique et Réunion se situent en bas de tableau des revenus. Un autre enseignement important de cette étude est que seulement un tiers du revenu disponible est tiré du revenu agricole.
RECONVERSION : L’AGRICULTURE ACCUEILLE D’ANCIENS MILITAIRES
L’Association Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture (ANEFA) et la FNSEA ont signé, le 14 octobre dans la Marne, un accord de partenariat avec l’agence de reconversion de la Défense mobilité. L’objectif est de faciliter non seulement l’accès à l’emploi dans la filière agricole des ressortissants du ministère des Armées et de leurs conjoints mais aussi la mise en adéquation des offres d’emploi recensées par l’ANEFA avec les candidatures proposées par Défense mobilité. En simplifiant les procédures, les exploitations et entreprises agricoles pourront recruter selon leurs besoins, ce qui facilitera l’accès à une deuxième carrière pour le personnel du ministère. Chaque année, ce sont environ 200 anciens militaires et conjoints de militaires qui rejoignent le secteur agricole. Le retour à l’emploi civil est un axe essentiel de la politique des ressources humaines du ministère, un enjeu majeur et un engagement moral fort, en particulier pour l’aide au retour à l’emploi des militaires blessés.
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
VOTE DE LA STRATÉGIE EUROPÉENNE « FARM TO FORK » : UNE AMBITION FORTE, QUI NÉCESSITE DE LA VIGILANCE ET DES OUTILS, POUR ÉVITER DES EFFETS PERVERS SUR LA PRODUCTION ET LA HAUSSE DES IMPORTATIONS
Mercredi 19 octobre, le Parlement européen a voté la stratégie « de la ferme à la fourchette » dite « farm to fork », qui vise à l’horizon 2030 de réduire de moitié l’usage de pesticides, de 20 % celui d’antibiotiques pour l’élevage ou encore de consacrer 25 % des terres cultivées à l’agriculture biologique. Le Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l’Union européenne (COPA) et les acteurs de la chaîne alimentaire, reconnaissent le signal envoyé, mais regrettent le climat dans lequel le vote a eu lieu. Effectivement, plusieurs études ont souligné les potentiels effets pervers de cette stratégie, estimant des pertes de production agricoles entre 7 et 50 %. Aussi, de nombreux sujets ont été abordés, à l’exception des moyens et solutions concrètes pour remédier aux multiples angles morts de cette stratégie. La question de l’énergie, les effets des fuites de carbone, l’autonomie stratégique européenne, ou les prix à la consommation sont des questions essentielles auxquelles la Commission devra répondre. Si les acteurs restent déterminés à jouer un rôle dans la transition vers un système alimentaire plus durable, ils demandent de nouveaux outils et une feuille de route plus claire. L’échéance de 2030 approche et ces changements majeurs ne peuvent être assimilés du jour au lendemain. C’est pourquoi le Parlement européen qui a renforcé la stratégie, a également demandé dans sa résolution du 20 octobre des efforts supplémentaires de la part de la Commission, notamment sur le moyen de renforcer la position des agriculteurs dans la chaîne d’approvisionnement et sur la nécessité de réaliser une évaluation dès mi-2023, en se penchant sur l’impact cumulé des actions de manière globale et systémique, en abordant les dimensions environnementales, économiques ou sociales.
LE ROYAUME-UNI EN PENURIE DANGEREUSE DE MAIN-D’ŒUVRE AGRICOLE
Les secteurs agricole et agroalimentaire britannique manquent de bras. La fin de la libre circulation des personnes européennes consécutive au Brexit a mis fin à l’arrivée massive de main d’œuvre en provenance des pays de l’Est. Cet été, les exploitants comme les industries alimentaires ont eu de grandes difficultés à recruter des saisonniers. Certains ont même laissé pourrir les récoltes dans les champs, faute de cueilleurs voire ont distribué gratuitement leurs productions. Ce phénomène touche aussi les élevages, les abattoirs manquant de personnel. Le secteur de la transformation de viande manque de 14 000 employés sur un total de 95 000 travailleurs, la saison de préparation aux fêtes de Noël s’annonce critique. Selon les syndicats agricoles et agroalimentaires, le taux de vacance d’emploi serait dorénavant de 13 % dans le secteur agricole et agroalimentaire, soit plus de 500 000 postes vacants. La mise en place de visa spécifiques est étudiée, ainsi qu’une réforme des formations professionnelles afin de palier à l’urgence alimentaire qui menace le Royaume Uni.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
QUEL AVENIR POUR LA PRODUCTION DE VOLAILLES FRANÇAISES FACE AUX IMPORTATIONS ?
Les Français consomment de plus en plus de volailles, mais cela ne profite guère aux éleveurs français. Après un rebond des achats de volailles françaises en 2020, les importations sont reparties de plus belle, avec au premier semestre 2021, 1 poulets sur 2 consommés en France importé, contre un quart dans les années 2000. L’Association nationale des volailles de chair (ANVOL), a donc lancé un manifeste pour reconquérir le marché national. L’élevage français reste encore familial, en polyculture, avec en moyenne 40 000 volailles par exploitation, soit 3 fois moins que dans les autres pays européens. Au Brésil ou en Ukraine, les principaux concurrents, les « fermes-usines » rassemblent souvent 1 million de volailles par site. Résultat, le prix de revient sortie abattoir est de 2,20 € le kilo en Ukraine, contre 4,90 € en France pour le poulet standard et 12,30 € pour le poulet Label Rouge. L’Union Européenne est ainsi devenue la première zone d’importation de volailles au monde et en achète près de 100 000 tonnes chaque mois. L’autre particularité de l’élevage français est sa diversité (poulet, dinde, cailles, canard, pintade…) et sa qualité, avec un quart de la production sous signe de qualité. D’où les demandes réitérées d’indiquer l’origine du produit dans la restauration commerciale et les cantines, mais le décret se fait toujours attendre. Si la volaille française ne parvient pas à regagner le marché intérieur elle continuera à perdre chaque année 5 % de ses surfaces de bâtiments.
AGROÉQUIPEMENTS : LA REPRISE ÉCONOMIQUE STIMULE LE MARCHÉ
La demande d’agroéquipements de la part des agriculteurs reste très soutenue depuis le deuxième trimestre 2021, avec la bonne orientation des cours des productions végétales et le plan de relance qui boostent les carnets de commande. En effet, 90 % des industriels et des importateurs de matériels agricoles déclarent avoir un carnet de commandes bon pour la fin de l’année 2021 et le premier semestre 2022, selon l’enquête de conjoncture de l’Union des industries de l’agroéquipements (Axema). Cependant, les fabricants et importateurs de matériel agricole s’attendent à un ralentissement du marché courant du deuxième semestre 2022, avec la fin de « l’effet plan de relance » et la fin d’un cycle haussier d’investissements qui dure depuis mi-2017. Malgré le dynamisme de la demande des agriculteurs, la profession fait face, comme beaucoup d’industriels, à des difficultés d’approvisionnement, notamment concernant l’acier, les matières plastiques, les pneus, les composants électroniques, les pièces détachées… C’est pourquoi de nombreux industriels sont contraints d’interrompre pendant quelques jours leurs chaînes de fabrication, se traduisant par une hausse des prix global de 5 à 10 % cette année et un allongement des délais de livraisons, en moyenne de 8 semaines et pouvant même atteindre 20 semaines.
BONNE CAMPAGNE 2021 POUR LE MAÏS : QUANTITÉ ET PRIX AU RDV
2021 s’annonce comme une moisson record pour le maïs, avec une production française estimée à 14,1 millions de tonnes (Mt) de grains, soit 1,1 Mt de plus que le mois passé, en augmentation de 4,3 % par rapport à 2020 (13,6 Mt). Le rendement moyen par hectare serait de 98 quintaux, cultures sèches et irriguées confondues. La moisson n’est pas encore achevée, mais dans ces conditions, la France pourrait exporter au moins 5 Mt de grains vers ses voisins. Dans l’Union européenne, jusqu’à 69 Mt de grains seraient produites cette année, soit 3,5 Mt de plus que l’an passé et la France serait ainsi en tête des pays de l’UE, devant la Roumanie. Ces productions en plus rendront nos voisins européens moins dépendants des importations onéreuses de grains (15 Mt) d’Ukraine notamment. Sur le marché du maïs, les planètes sont alignées, avec des prix qui n’ont jamais été aussi élevés, pour 241 €/t le 14 octobre 2021 à Bordeaux. Toutes céréales confondues, les producteurs de grains bénéficient d’une conjoncture des marchés très favorable. Cependant, au vu des niveaux élevés des prix des intrants, une partie d’entre eux pourrait renoncer à produire et réduire les surfaces de céréales qu’ils cultivent, faute de rentabilité. On parle en France d’un surcoût d’au moins 200 €/ha.
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