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Le Fil Agricole n°59

26 novembre 2021

N°59 – Semaine du 22 novembre 2021

ACTUALITÉS AGRICOLES

PLAN POLLINISATEURS : LA LOGIQUE DE SURTRANSPOSITION PREVAUT ENCORE, MALGRÉ DES AVANCÉES SUR LE TRAVAIL DE NUIT DES AGRICULTEURS

Alors que depuis l’automne 2020, les travaux engagés par la FNSEA sur le Plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation, visant à concilier protection des pollinisateurs et production agricole, se poursuivaient, c’est finalement la surtransposition des règles communautaires qui a retenu le choix du Gouvernement lors de l’annonce, ce week-end, du dit plan. La FNSEA et Jeunes Agriculteurs dénoncent cette méthode qui conduit à l’instauration d’un nouveau processus franco-français d’évaluation des produits phytosanitaires, en anticipation par rapport au cadre européen, mettant les agriculteurs français en situation de distorsion de concurrence dangereuse pour l’équilibre économique des filières. Aussi, l’insuffisance des moyens financiers pour mettre en œuvre les objectifs ambitieux de ce plan inquiètent, posant la question des nouveaux financements et outils pour favoriser l’implantation par les agriculteurs de couverts mellifères ou pour préserver le bon état de santé des abeilles contre les agresseurs biologiques des colonies. Concernant la question très sensible de l’obligation de traiter la nuit introduite par le plan pollinisateurs, alors même que les agriculteurs travaillent en moyenne 55 heures par semaine, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs se rassurent  a minima de l’ajout, en dernière minute, d’une plage pour traitements de 2h avant le coucher du soleil pour le traitement des cultures attractives aux pollinisateurs. Il faut aussi saluer la possibilité de réaliser des applications sans contrainte horaire si la température est suffisamment basse pour éviter la présence d’abeilles, pendant les 8 prochains mois, afin de permettre aux scientifiques de finaliser leurs travaux sur les mesures apportant des garanties équivalentes en matière de protection des abeilles.

PRÉVENTION DU MAL-ÊTRE AGRICOLE : UN CHANTIER PRIORITAIRE

Le Conseil pour l’Agriculture Française (CAF), réunissant les acteurs du monde agricole (FNSEA, JA, MSA et APCA), salue la feuille de route pour la protection et l’accompagnement de la population agricole en détresse présentée par le Ministre de l’Agriculture, le Ministre de la Santé et le Secrétaire d’Etat chargé des Retraites et de la Santé au travail. Cette feuille de route marque la volonté partagée par la profession et les pouvoirs publics de tout faire pour réduire une surmortalité de 30 % par suicide au sein des populations agricoles. Elle entend créer les passerelles qui manquent entre les initiatives et les structures. L’objectif est de remettre en chantier ce qui ne marchait pas, comme la simplification de l’Aide à la Relance de l’Exploitation Agricole (AREA), ou la possibilité d’accompagnement devant les tribunaux des agriculteurs en procédure individuelle par des représentants associatifs et syndicaux. Le monde agricole salue aussi le renforcement d’Agri’écoute et la pérennisation du financement de l’aide au répit à hauteur de 5 millions d’euros par an. Cependant, il aurait été intéressant que la proposition d’aide relais qui aurait permis aux agriculteurs les plus usés, de pouvoir partir quelques années avant la retraite soit retenue. La fin de carrière étant une période particulièrement à risque, il est important d’accompagner des transmissions sereines à des jeunes. Enfin, il faut rappeler que la bonne santé de la population agricole passera aussi et avant tout par un métier considéré et rémunérateur.

ATTAQUE DE PREDATEURS : POUR UNE VÉRITABLE TRANSPARENCE DANS LE COMPTAGE  

FNSEA, JA, la Fédération Nationale Ovine (FNO), la Fédération Nationale Bovine (FNB) et la Fédération Nationale du Cheval (FNC) ont été récemment entendus par le Groupe National Loup (GNL) et les pouvoirs publics. Des avancées ont été actées sur la révision de la méthode de comptage des loups en associant désormais étroitement les chasseurs et les éleveurs. En effet, les éleveurs observent, au quotidien, que le nombre des attaques par les loups est en constante augmentation, soulignant les difficultés du comptage réalisé par l’Office Français de la Biodiversité (OFB). Les éleveurs restent vigilants et demandent que cette nouvelle méthode de comptage se décline immédiatement, pour tous les prédateurs et soit opérationnelle dès la campagne 2022, pour une véritable régulation. L’expansion des prédateurs (loups, ours, lynx, vautours…) menace les activités économiques, accroît l’abandon des espaces entretenus par les éleveurs et leurs troupeaux, appauvrit la biodiversité et accélère la déprise agricole de nombreuses régions d’élevage.

ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES

RÉFORME DE LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE 2023 : VERS LA MISE EN ŒUVRE DES PLANS STRATÉGIQUES NATIONAUX

En juin dernier, après 3 ans de travail, les négociateurs du Conseil des ministres et du Parlement européen sont parvenus à un accord sur la réforme de la PAC et cette semaine les Parlementaires l’ont voté définitivement. Une course contre la montre est alors engagée, car la date du 1er janvier 2023 est en réalité toute proche : les États doivent achever la préparation de leurs Plans Stratégiques Nationaux (PSN), les soumettre à Bruxelles et obtenir leur approbation par la Commission européenne. Pour la FNSEA, dans le respect des équilibres politiques et de l’accord de juin 2021, il faut que les agriculteurs disposent rapidement de tous les outils et informations nécessaires et que l’administration puisse préparer sa mise en œuvre. Les réformes successives de la PAC, tous les 7 ans environ, entraînent des conséquences majeures pour l’équilibre économique des exploitations. Au fil des réformes, la PAC est devenue plus complexe et cette PAC 2023, malgré l’objectif affiché, n’échappe pas à la règle, avec un cadre budgétaire plus contraint et des règles très exigeantes, particulièrement sur le plan environnemental. Des outils nouveaux et complexes seront à mettre en œuvre, et demanderont des efforts importants, malgré une compétition internationale toujours aussi exacerbée. Cette réforme ne peut pas être résumée à une opération de greenwashing, car ce serait sous-estimer les efforts importants déjà fournis par les agriculteurs et leur engagement pour émarger à l’architecture verte qui conditionne 25 % de leurs soutiens au 1er pilier.

BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES

Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.

PORC, LA SITUATION N’EST PLUS TENABLE : -28 % EN VALEUR EN 24 MOIS

La filière porcine française est dans la tourmente a indiqué Inaporc, l’interprofession porcine, avec des éleveurs qui doivent faire face à une hausse du coût des aliments et à la baisse du prix de vente. En effet, les éleveurs sont pris dans un étau, puisque le coût des aliments, qui représentent 75 % des coûts de production, est en hausse constante depuis 2017 et ont explosé depuis 2020. Pendant ce temps-là, le prix payé au producteur a perdu 28 % de sa valeur en 24 mois, passant de 1,7 euro le kilo en décembre 2019 à 1,23 euro le kilo à la mi-novembre 2021. Plusieurs raisons expliquent cette baisse des cours, notamment la Chine, importante destination à l’exportation pour la France, qui a diminué ses importations, et qui souhaite relocaliser sa production de porcs. Par ailleurs, l’Allemagne, touchée par la fièvre porcine africaine, est contrainte de réduire son grand export, encombrant ainsi le marché de l’Union européenne. Ce que vivent les éleveurs depuis des mois, et qui risque de se poursuivre début 2022 n’est pas tenable, puisque les pertes, pour un élevage moyen pourraient s’élever à 120 000 euros sur 6 mois.

LAIT DE CHÈVRE : INQUIÉTANTE HAUSSE DES COÛTS DE PRODUCTION

L’Association nationale interprofessionnelle caprine (ANICAP) s’alarme de la hausse des coûts de production. S’appuyant sur l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (Ipampa), on constate que ce sont les postes « énergie et aliments » achetés qui pèsent le plus dans cette augmentation : le sous-indice IPAMPA-Aliment acheté a augmenté de 10,4 % en 1 an, celui de l’énergie de 26 %. Celui des emballages plastiques a quant à lui considérablement augmenté ces derniers mois, avec +7 % et +9 % pour l’emballage papier carton. Cette inflation record fragilise alors les producteurs de lait de chèvre et les entreprises de transformation. Les prochaines négociations commerciales seront sans doute décisives. L’ANICAP, comme la FNSEA, demande la prise en compte du prix en marche avant, c’est-à-dire en partant des coûts de production des éleveurs laitiers et souhaite que toutes les parties prenantes de la filière prennent leurs responsabilités en vue de garantir une meilleure prise en compte des coûts de production des agriculteurs.

Contact

Service affaires publiques FNSEAmail : guillaume.lidon@reseaufnsea.frtél : 01 53 83 48 92  

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