N°60 – Semaine du 29 novembre 2021
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ACTUALITÉS AGRICOLES
PROJET DE LOI GESTION DES RISQUES : URGENCE À CONCRÉTISER L’ASSURANCE RÉCOLTE
Issu du « Varenne de l’eau », le projet de loi portant réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture a été présenté en Conseil des ministres ce mercredi. Fruit d’un important travail de concertation avec la profession agricole, et après de années de travail, ce projet de loi formalise l’expression de la solidarité nationale dans le système assurantiel. Effectivement, le système actuel d’indemnisation des pertes de récolte est relativement inefficace et inéquitable compte tenu des dommages croissants provoqués par les aléas climatiques. Il s’agit alors de créer un nouveau régime universel d’indemnisation avec un partage équitable du risque entre l’État, les agriculteurs et les assureurs. C’est un dispositif à 3 étages : pour les risques de faible intensité, une absorption des risques par l’agriculteur ; pour les risques d’intensité moyenne, une mutualisation des risques entre territoires et filières via l’assurance multirisque et pour les risques dits catastrophiques, une garantie directe par l’État. Cela doit s’articuler autour de principes, d’incitation renforcée à la souscription à une assurance multirisques climatiques, de garantie minimale ouverte à tous les agriculteurs et d’un guichet unique muni d’une gouvernance équilibrée. Avec un examen du texte dès janvier 2022 et application prévue au 1er janvier 2023, le calendrier s’annonce très serré. La FNSEA et les JA appellent donc les parlementaires à contribuer pleinement à cette réforme, dont l’objectif des futurs débats doit être clair : visibilité réglementaire et affichage clair de l’Etat sur l’ambition budgétaire du dispositif.
RÉGULATION DU MARCHÉ FONCIER : UN NOUVEL OUTIL LÉGISLATIF AU SERVICE DE L’INSTALLATION ET DU RENOUVELLEMENT DES GÉNÉRATIONS
La Commission Mixte Paritaire (CMP) sur la proposition de loi portant mesures d’urgence pour assurer la régulation de l’accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires, a trouvé un consensus ce mercredi. La profession agricole, fortement engagée sur ce sujet, s’en félicite et remercie les parlementaires pour leur esprit constructif, pour compléter une législation qui se heurtait à des angles morts dans la régulation. Entre 1988 et 2013, la surface moyenne d’une exploitation a en effet doublé et la concentration excessive et l’accaparement des terres impactent notre modèle agricole et l’installation des jeunes. C’est un nouvel outil concret et complémentaire au contrôle des structures. Elle permet de contrôler les mutations de parts de sociétés conduisant aux agrandissements excessifs, avec un seuil de déclenchement compris entre 1,5 et 3 fois la Surface Agricole Utilisée (SAU) moyenne régionale, afin de s’adapter aux spécificités locales. Elle permet également une mise en œuvre effective des mesures de compensation, qui devra cependant être suffisamment encadrée, et complète les possibilités de refus dans le cadre du régime d’autorisation, allongeant de 8 mois les délais de mise en concurrence pour permettre à un éventuel jeune de se présenter comme candidat concurrent. Ce dispositif devrait ainsi répondre de manière efficace aux dérives, mais il faut être conscients que cette loi d’urgence ne suffira pas et que le foncier appelle à une plus large réflexion sur le devenir de sa gestion.
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
RÉCOLTE EUROPENNE DE MIEL 2021 CATASTROPHIQUE ET LA NÉCESSITÉ D’UNE RÉVISION DE LA DIRECTIVE MIEL À LA HAUTEUR DES ENJEUX ET DES MENACES
Le Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l’Union européenne (COPA), alerte sur une nouvelle année 2021 catastrophique pour le secteur du miel européen, avec une perte de production estimée à 10/15 % par rapport à 2020, une année qui avait pourtant déjà été particulièrement mauvaise. Les événements climatiques ont fortement réduit les périodes de floraison et vol des abeilles, car la plupart des pays européens ont été confrontés à des événements climatiques extrêmes, avec un long printemps froid et humide, mais aussi des sécheresses, des inondations et incendies. Entre temps, les importations continuent d’augmenter et les consommateurs européens ne s’en rendent pas compte, du fait d’un système d’étiquetage de l’origine qui demeure structurellement défaillant. Les importations ont ainsi atteint 174 885 tonnes en 2020, soit +4,7 % par rapport à 2019, provenant principalement d’Ukraine et de Chine. C’est pourquoi le COPA salue l’annonce de la Commission visant à réviser la directive miel et demande des changements rapides pour permettre davantage de transparence sur le marché. Il est absolument crucial de renforcer les règlements et de garantir de meilleures conditions de concurrence aux apiculteurs européens, mais surtout de fournir des informations adéquates aux consommateurs.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
EUROPE : LA BALANCE COMMERCIALE RÉSISTE (SEULEMENT) GRÂCE AUX VINS ET SPIRITUEUX…
L’Europe vient de publier les échanges agroalimentaires durant la période allant de janvier à août 2021. Ceux-ci ont atteint les 210,5 milliards d’euros (Md€) de chiffre d’affaires, exportations et importations incluses, soit une hausse de +5,1 % sur la même période de 2020. Dans le détail, les exportations ont ainsi progressé de +7 % à 127,5 Md€, tandis que les importations ont crû de seulement +2,3 % pour atteindre les 85 Md€. Ce sont les exportations vers les États-Unis qui ont augmenté de 2 Md€ grâce aux performances positives du vin, des spiritueux et des liqueurs. De bons résultats ont aussi été obtenus vers la Chine, avec +812 millions d’euros (M€), la Suisse, avec +531 M€, la Corée du Sud, avec +464 M€, la Norvège, avec +393 M€ et Israël, avec +288 M€. Mais des baisses à l’export sont enregistrées vers l’Arabie Saoudite, avec -16 % sur un an, tout comme vers Hong Kong ou le Koweït. Alors que les vins (+31 %), les spiritueux et les liqueurs (+32 %) progressent, les exportations de blé et d’aliments bébé ont reculé respectivement de 892 M€ et 736 M€. Plus grave pour notre souveraineté alimentaire, les augmentations d’importation sont à noter sur le tourteau de soja (+1,1 Md€), les fèves de soja (+1,1 Md€), les acides gras et les cires (+500 M€), l’huile de palme et d’amande (+479 M€), les fèves de cacao (+291 M€). En revanche, les fruits tropicaux, les fruits à coque et les épices régressent de 669 M€. Les jus de fruits (-194 M€), les agrumes (-159 M€), le tabac brut (-158 M€) et le riz (-140 M€) ont connu les plus fortes régressions.
CAMPAGNE 2021-2022 : RETOUR À LA NORMALE POUR LES BETTERAVES
La Confédération Générale des planteurs de Betteraves (CGB), association spécialisée de la FNSEA, a dressé le bilan de la campagne annuelle. Alors que la campagne 2020-2021 avait été catastrophique avec des rendements historiquement bas, celle qui s’achève (2021-2022), semble plus positive pour les producteurs de betteraves à sucre qui sans crier à l’embellie voient le bout du tunnel. Malgré une diminution des surfaces, de 421 000 ha en 2020 à 403 000 ha cette année, soit -18 000 ha, le rendement moyen retrouve des couleurs avec 87 tonnes à 16°/ha. La production bondit de 27,7 % pour atteindre 35 Mt. Mais les chiffres auraient pu être meilleurs si le gel d’avril 2021 n’avait pas obligé les planteurs à ressemer 55 000 ha, soit 14 % de la surface betteravière, mais sans l’enrobage néonicotinoïde. Ce qui a, comme en 2020, profité à la croissance des pucerons à l’origine de la jaunisse de la betterave. De même, le développement fulgurant du charançon et du rhizopus qui peuvent faire perdre jusqu’à 50 % des récoltes et l’application de deux produits désherbants non conformes ont réduit le volume des productions et les rendements. La CGB aurait d’ailleurs aimé que le Plan national de recherche et innovation (PNRI) bénéficie d’au moins 5 ans de dérogation pour trouver des solutions opérationnelles contre la jaunisse. Malgré tout, les betteraviers paraissent satisfaits de cette année moyenne qui leur permettra de valoriser la tonne de betterave entre 26 et 29 €, selon les coopératives et les industriels, permettant après 3 ans, de revenir à un chiffre d’affaires rémunérateur.
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