ACTUALITÉS AGRICOLES
NEGOCIATIONS COMMERCIALES : LES PRODUCTEURS POURRONT ILS CONTINUER A ASSURER LES APPROVISONNEMENTS ALIMENTAIRES ?
Après le dernier comité de suivi des relations commerciales du 7 avril, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) se sont déclarés « abasourdis et en colère devant le comportement de certains distributeurs, qui une semaine après la signature d’une charte (de revalorisation des prix), sont prêts à bafouer son contenu sans aucun scrupule », indiquent-ils dans un communiqué commun. Certains grands distributeurs refusent en effet de répercuter l’augmentation des nombreuses charges que les agriculteurs subissent en amont. La hausse de l’alimentation animale, tirée par la hausse des cours des céréales et des oléoprotéagineux, atteint + 45% (sur un an). Les autres composantes des coûts de production agricoles augmentent très fortement aussi : engrais (+ 82 % sur un an), solutions azotées (+ 260 % sur un an), GNR (+ 83 % sur un an), électricité (+ 300 % sur un an), gaz (+ 80 % sur un an) etc… Les hausses ne vont pas s’arrêter de sitôt : le retournement des marchés n’est pas à l’ordre du jour. Dans ce contexte les deux syndicats tiennent à rappeler que l’inflation alimentaire en France est deux fois inférieure à celle constatée dans le reste de l’Europe. Dans certains pays, elle atteint même 10 à 12 %, là où la répercussion des hausses de charges est plus réactive. En France, pendant très longtemps, nous avons assisté à des baisses de prix systématiques en magasins : selon l’institut IRI, entre 2013 et 2021, la baisse des prix alimentaires a été de 8 % (soit -1 % par an). Deux phénomènes changent littéralement la donne : la reprise économique post-Covid et depuis le 24 février la guerre en Ukraine. Le nouveau contexte économique créé par la guerre en Ukraine impose une renégociation immédiate si « l’on veut assurer la continuité des approvisionnements alimentaires », dans la droite ligne de la loi EGalim 2 qui impose que « toutes les hausses de coûts de production agricole sont sécurisées dans le prix jusqu’au bout de la chaîne ». La FNSEA et JA alertent avec solennité, pouvoirs publics et consommateurs, sur la gravité de la situation : « il en va de la pérennité de nos productions agricoles ».
« TVA EQUINE » : LES ORGANISATIONS AGRICOLES PRENNENT ACTE
Après que les ministres européens de l’Économie ont adopté le 5 avril un taux réduit de TVA « aux équidés vivants et à la fourniture de services liés aux équidés vivants », la FNSEA, JA, la Fédération nationale du cheval (FNC) et le Groupement hippique national (GHN) ont salué cette décision « fruit de longues années de négociations ». Selon ces quatre organisations, cette nouvelle TVA permettra « aux entreprises de la filière de rebondir malgré un contexte toujours difficile », ont-elles indiqué dans un communiqué commun. Elles demandent au futur gouvernement de « faire de la mise en œuvre de cette mesure l’une des priorités des 100 premiers jours qui suivront l’élection du Président de la République, en l’inscrivant dans une loi de finances qui devra être portée rapidement devant le Parlement. »
EQUARRISSAGE : LES CRAINTES DE LA FNSEA
« Il est fondamental de ne pas mettre en difficulté les outils créés par la profession agricole, surtout dans une période particulièrement compliquée pour le monde de l’élevage », a indiqué le 12 avril la FNSEA dans un communiqué de presse. Elle s’inquiète de la fragilité du maillage territorial des entreprises d’équarrissage qui peinent à absorber les volailles victimes de la grippe aviaire. En effet, certaines usines sont aujourd’hui saturées quand d’autres se voient retirer leur principal marché de collecte. La FNSEA cite à ce titre le cas de SOPA, créée dans le Cantal il y a plus de 40 ans par la profession agricole. Le retrait de son principal fournisseur « met en danger l’avenir de l’entreprise, des 40 emplois associés et des dizaines d’emplois indirects chez les sous-traitants et les laboratoires d’analyse », alerte la FNSEA. Le syndicat agricole « appelle, au maintien d’entreprises d’équarrissage réparties sur l’ensemble des territoires, qu’ils soient à forte densité comme à faible densité, en plaine ou en zone de montagne ».
ACTUALITÉS INTERNATIONALES ET EUROPEENNES
SECURITE ALIMENTAIRE : L’AFRIQUE EN PREMIERE LIGNE
Selon la Banque mondiale, la flambée des prix du pétrole, du gaz et des denrées alimentaires devrait affecter une grande partie du continent africain en commençant par les populations pauvres des zones urbaines, a-t-elle indiqué le 13 avril. « La montée des cours mondiaux des matières premières, qui s’est accélérée depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, vient s’ajouter aux autres défis économiques de la région » que sont notamment le Covid-19, l’inflation globale, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et les chocs climatiques, a ajouté l’institution. La Banque mondiale n’exclut pas que des « troubles civils » puissent éclater, en lien avec l’inflation des prix alimentaires. De son côté, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Qu Dongyu qui a ouvert le Conférence régionale pour l’Afrique en Guinée équatoriale, s’est inquiété que près de 50 millions d’Africains de plus qu’en 2019 n’aient pas assez à manger. Près de 300 millions d’Africains, soit un cinquième de la population souffrent actuellement de malnutrition.
YEMEN : LA FAMINE S’AJOUTE A LA GUERRE
Plusieurs organisations internationales s’alarment de la situation au Yémen où, à une guerre qui sévit depuis 2014 vient se greffer une famine désormais pandémique. Selon l’Unicef, depuis le début du conflit, près de 20 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et les enfants de ce pays « sont au bord du gouffre ». Pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), une part croissante de la population est confrontée à des niveaux d’urgence de la faim. Toujours selon l’Unicef plus de 2,4 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë. Parmi eux, 500 000 sont atteints de malnutrition aiguë sévère. Le Yémen dépend presque entièrement des importations alimentaires, 30 % de ses importations de blé provenant d’Ukraine.