ACTUALITÉS
CARBURANT : DES REQUISITIONS POUR L’AGRICULTURE ?
En visite dans une exploitation à Saulges (Mayenne) le 13 octobre, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, Marc Fesneau a évoqué la possibilité de réquisitionner du carburant afin de fournir les exploitations agricoles. « Si la situation dure, des réquisitions pourraient être ordonnées par les préfets pour permettre aux agriculteurs de travailler », a-t-il indiqué. Les préfets « ont en charge de regarder dans chaque département quelles sont les priorités qu’on peut effectuer pour ne pas laisser les situations se dégrader », a-t-il ajouté. Plusieurs FDSEA à travers la France ont déjà alerté les pouvoirs publics sur la pénurie de Gasoil Non Routier (GNR). Les cuves se vident et l’inquiétude grandit. D’autant plus que le GNR a augmenté de 20 centimes le litre ces derniers jours et que les livraisons se font au compte-goutte. Dans l’Oise, près de 300 agriculteurs seraient déjà sans carburant.
LES AVICULTEURS CRAIGNENT DES RUPTURES DE PRODUCTION
Lors de leur assemblée générale à Paris le 12 octobre, les éleveurs de la Confédération française de l’aviculture (CFA) ont exprimé leurs inquiétudes sur l’avenir de leur profession. « On se prend de plein fouet la hausse de l’aliment, celle des assurances, celle de l’énergie et celle de main d’œuvre, sans compter la grippe aviaire », se désole Jean-Pierre Nallet, éleveur de poules pondeuses en Isère. « Sans réaction rapide des pouvoirs publics, on ira dans le mur », ajoute-t-il, regrettant que tous ces surcoûts ne se répercutent en bout de chaîne. « L’inflation alimentaire atteint +14,7 % sur la volaille et sur un an entre juillet 2021 et juillet 2022 », assure d’ailleurs Simon Fourdin, directeur du pôle Économie de l’Institut technique avicole. Le son de cloche est d’ailleurs identique au sein de la Fédération des industries avicoles qui aimeraient que les matières premières industrielles soient aussi prises en compte dans le prix du produit vendu au consommateur. « La situation devient instable et intenable », souffle son président Paul Lopez, inquiet de voir le coût de l’énergie « dépasser celui de la main d’œuvre ». Tant et si bien qu’ « on a un risque réel cet hiver que des éleveurs arrêtent de produire », avertit Jean-Michel Schaeffer, président de la CFA.
« BIEN MANGER DEMAIN » AU PROGRAMME DES ENTRETIENS DE RUNGIS
A l’occasion des Entretiens de Rungis, qui se sont tenus début octobre sur le Marché international, la présidente de la FNSEA est intervenue sur le thème « Le bien manger, une affaire de tous ». « La France est le pays où l’alimentation est la moins chère », a expliqué Christiane Lambert. « Le taux d’inflation alimentaire (6 %) est le plus bas d’Europe ». Mais ajoute-t-elle, « à force de tirer les prix vers le bas, nous perdons des agriculteurs ». Récemment, l’année 2021 a connu une hausse des prix (« grâce à Egalim » rappelle Christiane Lambert) après dix années de baisse. Il faut donc « trouver une équation pour que tout le monde s’y retrouve. La guerre des prix a faussé les choses. On a fait croire que l’on pouvait manger mieux et moins cher ». Résultat : le budget de l’alimentation a été relégué en quatrième position dans le budget des ménages. Des solutions existent pour mieux rémunérer les agriculteurs. C’est ce que tentent de faire des organisations comme Bleu-Blanc-Cœur (BBC) qui « œuvre pour améliorer la biodiversité dans nos paysages et ramener de la qualité nutritionnelle et environnementale jusque dans nos assiettes ! » explique l’organisation. «
ACTUALITÉS INTERNATIONALES ET EUROPEENNES
L’ELEVAGE A L’EPREUVE DES POLITIQUES EUROPEENNES
L’élevage et l’élevage laitier en particulier sera de plus en plus soumis à des mesures issues d’autres politiques européennes que de la politique agricole. Alors que la nouvelle PAC se met en place, l’élevage laitier est en effet confronté à de nouveaux défis sur le plan européen. Lancé par la Commission européenne, alors que les négociations de la nouvelle PAC n’étaient pas encore bouclées, le Green Deal et la stratégie agricole « de la ferme à la fourchette » ne seront pas sans impact sur l’élevage laitier dans les années qui viennent. La réduction des intrants qu’il programme s’imposera à toute l’agriculture et à l’élevage en particulier. « Ce qu’il faut savoir, c’est que la logique du Green Deal est une logique réglementaire pour pousser au changement et à la transition écologique », a observé Luc Vernet, directeur de Farm Europe, un think tank européen, à l’occasion de la journée européenne du lait, organisée par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) à Paris, le 12 octobre. « La PAC sera l’instrument de la mise en œuvre de cette transition et de règles venues d’ailleurs », a-t-il ajouté. Ainsi les réformes successives la PAC et les différentes dispositions qu’elle impose aux agriculteurs ne seront désormais plus les seules à décider de l’avenir de l’agriculture européenne.