Le 25 juin 2019, le Premier ministre a reçu le premier rapport du Haut Conseil pour le Climat. Cette instance d’expertise indépendante avait été mise en place par le président de la République et le Premier ministre le 27 novembre dernier.
Alors que l’agriculture est souvent perçue comme une activité très fortement émettrice de gaz à effet de serre, le Haut Conseil pour le Climat indique que les émissions du secteur de l’agriculture ont diminué de 8% entre 1990 et 2018 avec une stabilité sur la période 2015-2018 (-0,1% par an). Les évolutions constantes des techniques agricoles ont, pour beaucoup, contribué à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre du secteur. La taille des cheptels bovins à diminuées, les épandages d’engrais azotés ont été rationalisés, les émissions de CO2 liées à la consommation d’énergie ont quant à elles diminué du fait de l’incorporation d’une part croissante d’agrocarburants.
Le rapport préconise notamment de renforcer le niveau et le contrôle des exigences environnementales liées à la Politique Agricole Commune (PAC) afin d’induire des changements de pratiques agricoles plus substantiels et de mobiliser le puits de carbone des sols agricoles. Les investissements concernant l’agriculture, 0,4 milliard d’euro, sont quant à eux nettement inférieur aux autres secteurs : bâtiments (20,7 milliards d’euro), les transports (12,7 milliards d’euro), la transformation d’énergie (6,7 milliards d’euro), et l’industrie (1,0 milliard d’euro).
L’agriculture européenne, moins émettrice que l’industrie ou les transports, est en réalité le principal levier à actionner pour lutter contre le réchauffement climatique par sa capacité à capter du carbone dans les sols agricoles et à produire des énergies et matériaux en substitutions aux énergies et produits fossiles. Pour la France, sa contribution, directe et indirecte, a déjà été chiffrée à 20% de la production nationale d’énergie renouvelable.
Dans le cadre des défis ambitieux de transition énergétique que la France se fixe, l’agriculture représente un acteur essentiel pour relever ce défi au travers de ses sols, de sa biomasse (biogaz issu de la méthanisation, biocarburants), du photovoltaïque et de l’éolien. Il est donc essentiel d’intégrer dans les réflexions générales du projet de loi relatif à l’énergie et au climat un certain nombre d’outils permettant à l’agriculture de participer pleinement à cette révolution climatique et énergétique.
Crédit photo : Cécile Muzard