L’agriculture est éligible au plan de relance à hauteur de 1,2 milliard d’euros sur les 100 milliards annoncés par le Premier ministre le jeudi 3 septembre 2020. Le plan de relance sera principalement affecté à la conversion vers une agriculture plus écologique et au développement des circuits courts ainsi qu’au plan protéines et à la forêt.
C’est une première satisfaction pour la FNSEA qui avait fortement porté l’intégration de l’agriculture lors de sa première rencontre avec le Premier Ministre. La deuxième satisfaction concerne les moyens fléchés vers les exploitations agricoles, leur amont et leur aval. Un milliard d’euros sont dédiés à l’agriculture et il faut y ajouter les mesures transversales du plan de relance qui vont impacter très directement le secteur : relocalisation des industries agro-alimentaires dans les territoires, investissements dans les technologies d’avenir, investissements dans les énergies décarbonées, plan de soutien à l’export, lutte contre l’artificialisation des sols… Difficile de donner un chiffre définitif et global, mais les attentes affichées figurent bien dans le plan, à une hauteur autorisant l’ambition.
La souveraineté alimentaire : « le fil rouge »
Sur le premier volet, l’indépendance et la souveraineté alimentaire qui « sera le fil rouge » de son action, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a évoqué le plan protéines, attendu depuis longtemps et qui sera doté de 100 millions d’euros. Objectif principal : réduire les importations de soja en doublant notamment la superficie en légumineuses d’ici 2030. La filière bénéficiera également du Plan d’investissements d’avenir (PIA) recherche et développement, a précisé le ministre. Sur ce volet, 250 millions d’euros seront affectés à la biosécurité et au bien-être animal.
Accélération de la transition écologique
En introduction du document adopté en Conseil des ministres, le président de la République donne le ton sur le contenu agricole de ce plan : « la France de 2030 devra être plus verte, plus respectueuse du climat. C’est pourquoi France Relance vise à accélérer la conversion écologique de notre économie et de notre système productif. La transformation de nos exploitations agricoles vers le bio et la qualité, l’investissement dans les énergies de demain comme l’hydrogène sont aussi à l’ordre du jour […] La France devra être plus indépendante, plus compétitive, plus attractive. Il s’agit de ne pas dépendre des autres pour les biens essentiels, de ne pas risquer des ruptures d’approvisionnement critiques. France Relance a été conçu comme un accélérateur de souveraineté », notamment dans la santé et l’agro-alimentaire.
Pour le gouvernement, l’accélération de la transition écologique, deuxième volet du plan pour l’agriculture, passe surtout par le bio et l’agriculture à haute valeur environnementale (HVE). Le fonds bio sera doté de quelques dizaines de millions d’euros supplémentaires et les agriculteurs engagés dans la HVE seront éligibles à un crédit d’impôt.
50 millions d’arbres
Quant au troisième volet, la lutte contre les effets du changement climatique, il vise à accorder une aide aux investissements, aux arboriculteurs et aux viticulteurs pour se protéger contre les aléas tels que des filets anti-grêle. 100 millions d’euros y sont consacrés. A cela s’ajoutent 200 millions d’euros pour le renouvellement et la plantation de 50 millions d’arbres sur une superficie de 45 000 hectares.
Les mesures du plan de relance constituent donc, non pas un aboutissement, mais une étape pour tendre vers l’objectif de souveraineté. Il s’agit de flécher les investissements pour moderniser les outils de production, pour accompagner les agriculteurs dans la transition agro- écologique, pour les accompagner dans l’adaptation et l’atténuation dans la lutte contre le changement climatique, pour relocaliser la production, pour créer des emplois dans les territoires et créer de nouvelles opportunités économiques.
Mais nous serons extrêmement vigilants à la traduction du Plan de relance dans les faits et à son accompagnement par des politiques fiscales, sociales et européennes qui oriente l’agriculture vers la triple performance environnementale, sociale et économique. Une agriculture compétitive au sens large du terme, car sans compétitivité, il n’y aura pas de souveraineté. Pour cela, nous rappelons que doivent faire partie des priorités : l’agriculture de précision et les outils du numérique, le développement des énergies renouvelables issues de la biomasse, la recherche et l’innovation dont le développement de produits de biocontrôles et autres alternatives nécessaires à la transition agroécologique de la Ferme France.
La voie de la souveraineté est maintenant tracée, mais, il faut que l’intendance suive. La FNSEA y prendra, comme à l’accoutumée, sa part pour faire de l’agriculture un accélérateur de croissance.
Le plan de relance agricole