La Commission des comptes de l’agriculture de la nation annonce un retour du résultat brut de la branche agricole à un niveau similaire à 2015 avec une augmentation de 10,3 % par rapport à 2017, succédant à une augmentation du même ordre entre 2017 et 2016.
Pourtant, peut-on parler de véritable rattrapage dans un contexte où la valeur ajoutée créée par la branche agricole s’érode depuis des années ? Alors qu’elle était proche des 40 milliards d’euros dans les années 2000, la remontée de 2018 ne lui permet d’atteindre que le modeste niveau de 33 milliards d’euros.
Peut-on parler de rattrapage quand la production porcine a subi de plein fouet une chute des prix en 2018 ? Quand la valeur de la production des oléagineux baissait fortement (-10,9%) tout comme celle des betteraves industrielles (-24,3 %) ? Quand l’investissement en bétail chutait de près de 80 % entre 2017 et 2018, reflet des crises à répétition que subit l’élevage bovin depuis des années.
Alors que les accords sont signés avec le CETA et annoncés avec le Mercosur, comment la courbe de la valeur ajoutée agricole va-t-elle opérer un véritable redressement ?
Nul doute en effet que ces accords, s’ils étaient ratifiés par les Etats Membres, conduiraient à l’arrivée massive de produits agricoles ultra-compétitifs, issus de modes de productions interdits en France. Ces importations anéantiraient les possibilités de valoriser les productions françaises à leur juste prix, et conduiraient des filières vers des difficultés irréversibles. La « montée en gamme », leitmotiv du Gouvernement, se transformerait alors en marché de dupes !