Derrière les bonnes intentions et les idées générales de bons sens qui ne peuvent que rassembler tout un chacun, les incohérences des orientations adoptées aujourd’hui par la Commission dans les Stratégies « De la fourche à la fourchette » et « biodiversité », conduiront l’agriculture européenne dans une impasse. C’est à croire que la Commission européenne n’a tiré aucune leçon de la crise du Covid19.
Les enjeux de souveraineté alimentaire de l’Union Européenne, largement déclamés par les dirigeants européens et l’impérieuse nécessité de conserver une activité de production sur le sol européen imposent une vision de croissance durable. Pas une voie de décroissance avec un impact environnemental incertain qui conduira, par contre, de façon certaine à une augmentation des importations de l’alimentation des européens. Importations cumulant, d’ailleurs très souvent, l’usage de produits phytosanitaires interdits dans l’UE ou la déforestation, et engendrant une délégation de notre alimentation à des pays tiers ! Le Président de la république n’a-t-il pas dit, lui-même, que ce serait une folie dans son discours du 12 mars ?
Alors que toutes les agricultures du monde seront nécessaires pour nourrir l’humanité en 2050, la Commission propose notamment de mettre sous cloche, 10% de la SAU (Surface Agricole Utile) en
« surfaces paysagères diversifiées ». Les premières estimations, basées sur des travaux réalistes des instituts techniques, font état d’une réduction d’un tiers de la production en grandes cultures. Largement de quoi faire plonger encore un peu plus notre balance commerciale. Est-ce ainsi que l’on assurera la souveraineté alimentaire de la France et de l’Union européenne ? Est-ce ainsi que l’on permettra aux agriculteurs de vivre dignement de leur métier et d’assurer le dynamisme économique des territoires ruraux ?
Face à ces propositions décalées, la FNSEA appelle de ses vœux un Pacte vert, qui défend une triple performance, économique, sociale et environnementale, et s’appuie sur un plan de relance financé à la hauteur de l’enjeu pour renforcer la souveraineté alimentaire européenne.
Elle appelle à une véritable stratégie de transition environnementale et climatique, qui favorise les investissements innovants, en particulier dans le numérique, et qui est dûment soutenue par une PAC rénovée définissant des orientations européennes et un cadre commun d’exigences et de droits entre les Etats membres. La FNSEA milite pour que dynamisme économique et durabilité environnementale aillent de pair.
C’est ainsi que l’on permettra à l’agriculture de jouer son rôle central dans la lutte contre le changement climatique, le maintien de nombreux emplois et la préservation de la biodiversité.
Ne nous trompons pas de chemin et prenons la voie de la croissance durable et faisons confiance à l’innovation, à l’esprit d’entreprise et de responsabilité des agriculteurs et de leurs partenaires sur le territoire.