Je suis exploitant sur une ferme de polyculture et d’élevage, avec 20 à 25 blondes d’Aquitaine en système naissant-engraissant, et je cultive des céréales sur 160 hectares. J’ai repris l’exploitation de mon grand-père et de mon père. C’était un choix délibéré. J’ai fait des études d’ingénieur, travaillé comme enseignant et au sein d’une coopérative, mais j’ai pris la décision personnelle de revenir à l’exploitation. On ne devient pas agriculteur par hasard. Sans passion, ça ne fonctionne pas, parce que les contraintes de temps de travail sont importantes. Il faut être prêt à travailler le week-end, à répondre aux besoins sans relâche. Sans passion, c’est impossible.
Il y a des périodes où l’on doit être présent tous les jours dans les champs, vérifier qu’il n’y a pas de ravageurs ou que les intempéries n’ont pas nui aux cultures. Cette passion est parfois freinée par les nombreuses contraintes administratives qui s’ajoutent au quotidien. Il faut sans cesse rester informé des nouvelles règles pour éviter des pénalités. Par exemple, on peut être sanctionné pour avoir semé à couvert trop tard ou broyé trop tôt, sans tenir compte des aléas météorologiques que l’administration ne comprend pas toujours.
« Avoir du pain sur la planche », cela veut dire avoir beaucoup de travail, mais cela signifie aussi qu’on a du pain à manger, qu’on nourrit les gens. C’est notre objectif premier. Chaque production a une destination : nourrir les autres. Quand je cultive du blé dur, c’est pour faire des pâtes. Quand je cultive du tournesol, c’est pour produire de l’huile. Quand je cultive du blé tendre, c’est pour la farine, destinée à faire du pain pour tout le monde.