Je gère deux exploitations. Une SCEA avec 140-150 hectares de prairies, principalement naturelles, et un peu de prairies temporaires. J’y élève une centaine de vaches et environ 140 brebis et agnelles par an. En plus, j’ai une petite structure avec une soixantaine d’hectares de céréales. Alors oui, revenons à nos moutons et surtout, faisons attention à ceux qui les élèvent, parce qu’ils ne seront peut-être plus là longtemps. Dans notre secteur, il y avait des brebis partout et de beaux troupeaux. Aujourd’hui, je suis presque une exception. Ce que je dis, c’est qu’il nous faut un revenu décent pour le travail accompli, une vie sociale et familiale, et la possibilité de prendre des vacances comme tout le monde.
On ne demande pas à être plus riches ou meilleurs que les autres. On veut simplement être au même niveau. Quant au renouvellement des générations, c’est un vrai défi. Tant qu’on ne pourra pas garantir aux jeunes un revenu décent pour un temps de travail donné, avec une vie familiale et sociale normale, on n’y arrivera pas. Oui, il y aura toujours quelques têtus, c’est vrai, mais ce sera une minorité, et malheureusement, cela ne suffira pas. Travailler de manière saine, comme on le fait généralement, ça a un coût.
Et puis, le produit qu’on ne veut pas sur le marché, on ne le met pas. C’est aussi simple que ça. On ne risque pas de l’acheter, de toute façon. Mais voir de la viande produite d’une façon qu’on ne tolérerait pas en France, ce n’est pas normal. Aujourd’hui, on ne s’y retrouve plus. Si le produit n’est pas payé à son juste prix, on disparaîtra, tout simplement. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Alors on achètera ailleurs, on verra bien. Mais comme disaient les anciens, quand on ne coupe pas son plat soi-même, on en mange moins. On verra bien.